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texto y sociedad en las letras francesas y francófonas

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plus petit comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t d’être, sans le regard de l’autre. Parce qu’il se met tout<br />

<strong>en</strong>tier sous le contrôle complice ou hostile du destinataire dont il att<strong>en</strong>d tout :<br />

décryptage et reconnaissance, le bohème est condamné à la saturation des signes. Il<br />

s’épuise moins dans les difficultés de son exist<strong>en</strong>ce sociale que dans le choix qu’il<br />

a fait de se construire comme une interminable série de métaphores, sans aires de<br />

repos ni intervalles. 5<br />

Le bohème devi<strong>en</strong>t donc le chroniqueur att<strong>en</strong>tif de son groupe et le rédacteur<br />

acharné de lui-même comme le fait Rusiñol qui, dans ses chroniques, nous montre la vie<br />

bohème qu’il mène avec ses compagnons : emploi du temps, habitat, amitiés,<br />

diversions, opinions sur l’art, exc<strong>en</strong>tricités, etc. C’est le témoignage de leur vie sociale à<br />

Paris.<br />

Par contre, selon Margarida Casacuberta, cette conduite de l’artiste différ<strong>en</strong>te du<br />

reste du monde n’a qu’un seul objectif : épater le bourgeois, “<strong>en</strong> un int<strong>en</strong>t clar de<br />

reivindicar el reconeixem<strong>en</strong>t social de la seva funció i de la seva diferència” 6 . Cette<br />

image de la bohème remet aussi au cliché de la jeunesse éternelle et à la condition de<br />

l’artiste rebelle qui refuse avec toutes ses armes de s’intégrer sans conditions à la société<br />

établie. Ainsi donc, outre les raisons artistiques déjà m<strong>en</strong>tionnées, la proposition du<br />

journal La Vanguardia permet à Rusiñol de s’éloigner de la bourgeoisie catalane et<br />

d’avoir l’opportunité de s’initier à la littérature moy<strong>en</strong>nant le journalisme.<br />

La première fois que Rusiñol a visité Paris, c’était pour accompagner le sculpteur<br />

et ami Enric Clarasó, après l’Exposició Universal de Barcelone <strong>en</strong> 1888. Dans son<br />

deuxième voyage <strong>en</strong> 1889, Rusiñol a loué une maison au numéro 14 de la rue Ori<strong>en</strong>t qui<br />

était très pauvre et lugubre mais elle avait du charme car elle était située à la butte de<br />

Montmartre, fief des artistes et poètes. Dans ce premier logis parisi<strong>en</strong>, il habitait avec<br />

ses amis : les peintres Ramon Casas et Miquel Utrillo, le sculpteur Enric Clarasó et le<br />

graveur Ramon Canudas. Il y régnait le désordre bohème mais sans soucis d’arg<strong>en</strong>t car<br />

Rusiñol recevait chaque mois le chèque de sa famille. La maison, située à côté d’un<br />

cimetière abandonné et de l’anci<strong>en</strong> Cabaret des Assassins (aujourd’hui Le lapin agile),<br />

avait un jardin avec quelques arbres secs qu’il a peints pour égayer la vue. Grâce au<br />

succès de leurs tableaux au Salon des Artistes Français, ils ont déménagé à la maison du<br />

Moulin de la Galette. C’était de ce célèbre moulin de Montmartre que Rusiñol a <strong>en</strong>voyé<br />

à La Vanguardia ses lettres Desde el molino.<br />

5 Ibid, p. 131.<br />

6 CASACUBERTA, Margarida (1997), éd. cit. p. 44. Traduction: «dans une idée claire de rev<strong>en</strong>diquer la<br />

reconnaissance sociale de son rôle et de sa différ<strong>en</strong>ce»<br />

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