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texto y sociedad en las letras francesas y francófonas

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Vers une nouvelle francophonie: les écrivains « étrangers » de la<br />

littérature française<br />

Beatriz MANGADA<br />

Chercheuse à l’Université Autónoma de Madrid<br />

P<strong>en</strong>dant vingt ans il n’avait p<strong>en</strong>sé qu’à son retour. Mais une<br />

fois r<strong>en</strong>tré, il comprit, étonné, que sa vie, l’ess<strong>en</strong>ce même de sa<br />

vie, son c<strong>en</strong>tre, son trésor, se trouvait hors d’Ithaque, dans les<br />

vingt ans de son errance. Et ce trésor, il l’avait perdu et<br />

n’aurait pu le retrouver qu’<strong>en</strong> racontant. (Kundera, 2005 : 43)<br />

C’est sous forme de constantes référ<strong>en</strong>ces au poème homérique de L’Odyssée,<br />

comme celle qui fait l’objet de ma première citation, que la thématique de l’exil, à<br />

travers ses multiples manifestations, devi<strong>en</strong>t une dynamique actantielle qui fait avancer<br />

le dernier roman de Milan Kundera intitulé L’ignorance. La projection fictionnelle du<br />

vécu de l’exil n’est pas unique à cet auteur, mais comme nous le verrons à travers les<br />

exemples proposés, elle apparaît comme un paramètre commun à l’écriture de l’errance.<br />

Mon propos de réflexion vise donc la considération de ces autres « francophones par<br />

adoption » qui nous font part <strong>en</strong> français de leur vécu migrant, soit par le biais des<br />

souv<strong>en</strong>irs du pays quitté et évoqué rétrospectivem<strong>en</strong>t, soit à travers le témoignage de<br />

l’expéri<strong>en</strong>ce des années au pays d’accueil ou <strong>en</strong>core <strong>en</strong> réfléchissant au phénomène<br />

migrant <strong>en</strong> tant que tel.<br />

Quelques réflexions s’impos<strong>en</strong>t alors: Étant donné l’inexist<strong>en</strong>ce d’un passé<br />

colonial, devrait-on parler d’écrivains « étrangers », « migrants », « exilés » ou<br />

« autres » ? En rapport avec les manifestations littéraires qui ont la migration comme<br />

élém<strong>en</strong>t <strong>en</strong> commun, Daniel Chartier établit, <strong>en</strong>tre autres les suivantes distinctions : la<br />

littérature de l’exil qui très souv<strong>en</strong>t s’exprime à travers la biographie, l’essai ou le récit<br />

de voyage; la littérature immigrante <strong>en</strong> tant que corpus socioculturel transnational des<br />

écrivains qui ont vécu cette expéri<strong>en</strong>ce traumatisante, mais souv<strong>en</strong>t fertile de<br />

l’immigration; et la littérature migrante qui se définit par « des thèmes liés au<br />

déplacem<strong>en</strong>t et à l’hybridation et par des formes particulières, souv<strong>en</strong>t teintées<br />

d’autobiographie.» (Chartier 305).<br />

Quant aux t<strong>en</strong>tatives non plus taxonomiques mais désignatives, la Directrice du<br />

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