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texto y sociedad en las letras francesas y francófonas

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Paris, sembl<strong>en</strong>t permettre à St<strong>en</strong>dhal de faire le point sur les étrangers auxquels il a fait<br />

référ<strong>en</strong>ce auparavant. Et cette fois, la comparaison est à l’avantage de ce Français,<br />

somme toute exceptionnel <strong>en</strong> raison de sa capacité à réunir chez lui des personnes hors<br />

de pair et à garantir une harmonie des échanges :<br />

Je trouvai chez M. de l’Étang […] huit ou dix personnes qui parlai<strong>en</strong>t de tout. Je<br />

fus frappé de leur bon s<strong>en</strong>s, de leur esprit et surtout du tact fin du maître de la<br />

maison qui, sans qu’il y parût, dirigeait la discussion de façon à ce qu’on ne parlât<br />

jamais trois à la fois ou que l’on n’arrivât pas à de tristes mom<strong>en</strong>ts de sil<strong>en</strong>ce.<br />

Je ne saurais exprimer trop d’estime pour cette société. Je n’ai même jamais ri<strong>en</strong><br />

r<strong>en</strong>contré, je ne dirai pas de supérieur, mais même de comparable. Je fus frappé le<br />

premier jour et, vingt fois peut-être p<strong>en</strong>dant les trois ou quatre ans qu’elle a duré, je<br />

me suis surpris à faire le même acte d’admiration.<br />

Une telle société n’est possible que dans la patrie de Voltaire, de Molière, de<br />

Courier.<br />

Elle est impossible <strong>en</strong> Angleterre, car chez M. de l’Étang on se serait moqué d’un<br />

duc comme d’un autre, et plus que d’un autre s’il eût été ridicule.<br />

L’Allemagne ne pourrait la fournir : on y est trop accoutumé à croire avec<br />

<strong>en</strong>thousiasme la niaiserie philosophique à la mode (les anges de M. Ancillon).<br />

D’ailleurs, hors de leur <strong>en</strong>thousiasme, les Allemands sont trop bêtes.<br />

Les Itali<strong>en</strong>s aurai<strong>en</strong>t disserté, chacun y eût gardé la parole p<strong>en</strong>dant vingt minutes et<br />

fût resté l’<strong>en</strong>nemi mortel de son antagoniste dans la discussion. À la troisième<br />

séance, on eût fait des sonnets satiriques les uns contre les autres.<br />

Car la discussion y était ferme et franche sur tout et avec tous. On était poli chez<br />

M. de l’Étang, mais à cause de lui. Il était souv<strong>en</strong>t nécessaire qu’il protégeât la<br />

retraite des imprud<strong>en</strong>ts qui, cherchant une idée nouvelle, avai<strong>en</strong>t avancé une<br />

absurdité trop marquante. (SE 520-521)<br />

Souv<strong>en</strong>irs d’égotisme, petit livre écrit « pour employer [s]es loisirs dans cette terre<br />

étrangère... » (SE 429), s’achève donc ainsi sur le seul souv<strong>en</strong>ir agréable de Paris. C’est<br />

que la compagnie des g<strong>en</strong>s d’esprit et des g<strong>en</strong>s de lettres font fâcheusem<strong>en</strong>t défaut à<br />

St<strong>en</strong>dhal à Civita-Vecchia. Il passe ainsi c<strong>en</strong>t pages à critiquer les Français et les<br />

Parisi<strong>en</strong>s, à expliquer sa fuite vers l’Angleterre, à <strong>en</strong>c<strong>en</strong>ser l’Italie, pour finalem<strong>en</strong>t<br />

terminer par la référ<strong>en</strong>ce nostalgique à une académie parisi<strong>en</strong>ne. Misanthrope, St<strong>en</strong>dhal<br />

a besoin des autres, et surtout s’ils sont Français, tant il est vrai qu’on ne peut vraim<strong>en</strong>t<br />

bi<strong>en</strong> communiquer, échanger des idées, avoir de l’humour et faire des mots d’esprit<br />

(tout ce qu’aime St<strong>en</strong>dhal) que dans sa propre langue. L’étranger serait alors le détour<br />

nécessaire pour rev<strong>en</strong>ir à soi. A moins qu’il ne s’agisse que d’un dés<strong>en</strong>chantem<strong>en</strong>t,<br />

d’une solitude, douloureuse contrepartie de la connaissance de soi et des autres :<br />

J’ai trouvé chez tous mes amis <strong>en</strong> Italie moins d’esprit que je ne m’y att<strong>en</strong>dais.<br />

J’étais à leur hauteur il y a quelques années ; il paraît que j’ai fait quelques lieues<br />

sur le fleuve of knowing. (800)<br />

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