06.04.2013 Views

texto y sociedad en las letras francesas y francófonas

texto y sociedad en las letras francesas y francófonas

texto y sociedad en las letras francesas y francófonas

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

femmes et d’hommes. Les mères y sont prés<strong>en</strong>tes par leur odeur, “odeur de coriandre<br />

hachée parfumant la supe, odeur qui les accueille au seuil de la porte chaque jour de<br />

ramadan”, “odeur t<strong>en</strong>ace écoeurante de douceur, odeur de friture et de miel, gâteaux de<br />

jours de fête.” Ces mères sont avant tout des mères nourricières. Le parfum du jasmin<br />

leur est étrange. “Elles sont toutes <strong>en</strong>tières dans ces gestes ancestraux qu’elles n’ont pas<br />

eu besoin d’appr<strong>en</strong>dre.” Elles ne sav<strong>en</strong>t pas aimer autrem<strong>en</strong>t mais aim<strong>en</strong>t à leur<br />

manière, fabriquant l’amour de leurs mains. Leur abs<strong>en</strong>ce est cep<strong>en</strong>dant profondém<strong>en</strong>t<br />

ress<strong>en</strong>tie dans leer soumission face à l’emprise du système patriarchal. L’abondance<br />

qu’elles distribu<strong>en</strong>t se perd dans leurs sil<strong>en</strong>ces. Le tout se transforme <strong>en</strong> un terrible ri<strong>en</strong><br />

car elles r<strong>en</strong>voi<strong>en</strong>t aux jeunes femmes le reflet exact de ce que celles-ci refus<strong>en</strong>t d’etre.<br />

Avec des corps trops f<strong>las</strong>ques, grossis par les maternités successives elles sont des<br />

figures fantomatiques et grotesques, ainsi transformées par la volonté des hommes.<br />

Maissa Bey accuse le système patraiarchal de les avoir maint<strong>en</strong>ues dans cet état servile.<br />

“Personne ne leur a appris, de dire simplem<strong>en</strong>t non, de se révolter ne leur a jamais été<br />

permis. Seule la fatalité existe pour elles.” Leur rôle sera d’appr<strong>en</strong>dre aux filles à obeir<br />

comme elles-memes ont obei, car c’est comme cela que toutes trouveront leur<br />

accomplissem<strong>en</strong>t. Cette mère sera particulièrem<strong>en</strong>t abs<strong>en</strong>te dans Au Comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t<br />

était la mer, terrible récit de la désillusion et de l’écartèlem<strong>en</strong>t autant physique que<br />

moral. Abandonnée par son ami alors qu’elle est <strong>en</strong>ceinte, Nadia, la jeune protagoniste,<br />

est seule avec devant elle comme seules possibilités l’avortem<strong>en</strong>t et le mur des<br />

conv<strong>en</strong>ances familiales. La mère s<strong>en</strong>t, avec un instinct presque animal, le tourm<strong>en</strong>t que<br />

vit sa fille mais elle choisit de s’<strong>en</strong>foncer dans le sil<strong>en</strong>ce que la société att<strong>en</strong>d d’elle.<br />

Elle se fait sourde et aveugle face à toute transgression à un ordre établi, surtout <strong>en</strong><br />

matière sexuelle. Pour elle, tout doit suivre un ordre immuable auquel sa fille doit<br />

impérativem<strong>en</strong>t se conformer. Ces repères lui permett<strong>en</strong>t de réaliser sa vie. Quant à la<br />

mère de Nadia, c’est elle qui, <strong>en</strong> souveraine, met pression sur son fils pour abandonner<br />

la jeune femme et le fils lui obeit sans scrupule pour éviter de transgresser le code<br />

familial. La mère est ainsi assurée du respect de tous. Ainsi, au lieu de trouver des<br />

alliées, les jeunes femmes trouv<strong>en</strong>t plutôt des <strong>en</strong>nemies dans ces mères car ces dernières<br />

cherch<strong>en</strong>t à maint<strong>en</strong>ir un ordre établi où elles sont souveraines. La distance qui existe<br />

<strong>en</strong>tre elles participe au s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de vide exist<strong>en</strong>tiel et de solitude que les jeunes<br />

protagonistes femmes ress<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t.<br />

L’abs<strong>en</strong>ce de la mère, pourtant si prés<strong>en</strong>te physiquem<strong>en</strong>t, est mise <strong>en</strong> parrallèle<br />

avec l’abs<strong>en</strong>ce, elle, physique du père. Dans le cas de la figure paternelle, il existe dans<br />

816

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!