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texto y sociedad en las letras francesas y francófonas

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proposait une illusion romanesque, une construction d’un monde parallèle au nôtre,<br />

imité du nôtre, nous faisant vivre le déroulem<strong>en</strong>t de l’histoire et de la vie des<br />

personnages, <strong>en</strong> «temps réel». "Un roman, c’est un miroir que l’on promène le long<br />

d’un chemin" selon la définition de St<strong>en</strong>dhal. Ce roman faisait passer le lecteur d’un<br />

monde à l’autre, l’intéressant profondém<strong>en</strong>t au destin des personnages, qu’il ne cessait<br />

pas cep<strong>en</strong>dant de savoir imaginaires.<br />

Les techniques narratives inv<strong>en</strong>tées, combinées, mises au point au XIX e siècle<br />

(technique du point de vue, du discours indirect libre, etc.) visai<strong>en</strong>t généralem<strong>en</strong>t à<br />

mettre le lecteur le plus directem<strong>en</strong>t possible <strong>en</strong> contact avec le personnage, le narrateur<br />

s’efforçant de se mettre <strong>en</strong> retrait, de se faire oublier.<br />

Le XX e siècle connaît deux t<strong>en</strong>tatives de r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t que, avec recul, on peut<br />

opposer.<br />

La première de ces t<strong>en</strong>tatives va s’efforcer d’employer de nouvelles techniques<br />

narratives pour prolonger celles élaborées au siècle précéd<strong>en</strong>t : technique du cadrage et<br />

du montage transposées du cinéma, bouleversem<strong>en</strong>ts et chevauchem<strong>en</strong>ts chronologiques<br />

exigeant du lecteur qu’il effectue une recomposition chronologique, mobilité des<br />

focalisations, liberté de ne pas répondre à toutes les questions que se pose le lecteur,<br />

monologue intérieur. Tous ces traits de modernité au fond r<strong>en</strong>forc<strong>en</strong>t l’illusion<br />

mimétique.<br />

En revanche, la seconde s’efforce de déconstruire, parfois au bullozer, ce qui<br />

avait été construit. C’est une <strong>en</strong>treprise critique qui remet <strong>en</strong> cause la conception<br />

mimétique du roman : elle se développe sous le saint patronage de Flaubert, lequel<br />

formulait ce vœu : "Ce qui me semble beau, ce que je voudrais faire, c’est un livre sur<br />

ri<strong>en</strong>, un livre sans attache extérieure, qui se ti<strong>en</strong>drait de lui-même par la force interne de<br />

son style, comme la terre sans être sout<strong>en</strong>ue se ti<strong>en</strong>t dans l’air, un livre qui n’aurait pas<br />

de sujet, ou du moins où le sujet serait presque invisible, si cela se peut." Cette formule<br />

va dev<strong>en</strong>ir la charte de tous les efforts de r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t du roman, le style recouvrant<br />

tout ce qui dans le roman n’est pas fiction, c’est-à-dire représ<strong>en</strong>tation parallèle d’une<br />

société donnée.<br />

Les «nouveaux romanciers» oppos<strong>en</strong>t au réalisme mimétique ce que l’on peut<br />

considérer comme une autre forme de réalisme, celui du déroulem<strong>en</strong>t de la consci<strong>en</strong>ce<br />

avec ses opacités, ses ruptures temporelles, son appar<strong>en</strong>te incohér<strong>en</strong>ce.<br />

Leur production romanesque se double de manifestes ou d’analyses théoriques,<br />

dans lesquels ils prét<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>ouveler un g<strong>en</strong>re désuet <strong>en</strong> faisant prédominer ses<br />

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