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texto y sociedad en las letras francesas y francófonas

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l’histoire. Les fondem<strong>en</strong>ts sur lesquels repose la société sont ébranlés. La représ<strong>en</strong>tation<br />

du corps se voit interdite, le corps se scinde, la communication devi<strong>en</strong>t de plus <strong>en</strong> plus<br />

difficile, sinon impossible, car la langue de bois s’installe, le m<strong>en</strong>songe et la peur<br />

règn<strong>en</strong>t.<br />

Mais, dans cet univers de l’absurde, du huis clos, il n’y a pas de place pour le<br />

désespoir grâce à l’instinct de survie des femmes. La flamme de l’espoir, même<br />

vacillante demeure. Elles ont développé des réseaux clandestins où elles se protèg<strong>en</strong>t<br />

utuellem<strong>en</strong>t. Elles ont des lieux privilégiés dans lesquels elles se s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre elles.<br />

Elles apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à de subtils réseaux de résistance où l’écriture a sa place. Comme<br />

lieux privilégiés, il y a les balcons et les terrasses qui communiqu<strong>en</strong>t et font<br />

communiquer les femmes <strong>en</strong>tre elles. Il y a aussi l’univers s<strong>en</strong>suel des hammams où les<br />

corps se libér<strong>en</strong>t, les c<strong>en</strong>tres de santé où elles parl<strong>en</strong>t de leur vie. Il y a aussi des<br />

mom<strong>en</strong>ts privilégiés comme ceux de la danse où les corps se déli<strong>en</strong>t ne harmnonieuses<br />

arabesques. Il y a le rire et la dérision qui leer permet de s’élever par rapport au<br />

quotidi<strong>en</strong> et de faire front commun face au masculin. Il existe <strong>en</strong>tre elles des courants de<br />

solidarité dans des communautés de quartier composés de g<strong>en</strong>s simples. L’immeuble est<br />

une communauté de g<strong>en</strong>s qui se connaiss<strong>en</strong>t et s’<strong>en</strong>traid<strong>en</strong>t. Mais il existe aussi les<br />

autres, ceux qui humili<strong>en</strong>t, batt<strong>en</strong>t et exploit<strong>en</strong>t, comme dans l’histoire d’Aziza, cette<br />

belle femme de tr<strong>en</strong>te ans et six <strong>en</strong>fants qui peut <strong>en</strong>fin surtir quand le mari n’est pas là et<br />

que la voisine fait le guet. La résistance s’exprime aussi par le rêve de vies autres qui<br />

dessin<strong>en</strong>t l’espoir, les livres qui appr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à aimer, les grands espaces que l’on<br />

découvre des balcons et des terrasses qui font germer un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de liberté, la beauté<br />

de la ville d’Alger qui prédispose à la t<strong>en</strong>dresse et à la poésie. Ainsi si le mal s’est<br />

emparé de cette ville, si certains croi<strong>en</strong>t qu’Alger a perdu son âme, si la narratrice<br />

perçoit une l<strong>en</strong>te et irréversible détérioration, elle cherche à se raccrocher à l’histoire<br />

pour une possible résurrection. Les femmes sont les soeurs de Sisyphe. Elles n’ont peut<br />

éter pas beaucoup de prise avec leur destin, mais déjà <strong>en</strong> connaître la dim<strong>en</strong>sion<br />

tragique et s’organiser <strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong>ce est une victoire.<br />

La fondation de la société que prés<strong>en</strong>te Maissa Bey est la cellule familiale, la<br />

maison, autour de laquelle tout s’ordonne, le meilleur mais aussi le pire. Mères, pères,<br />

grand-mères, grand-pères, soeurs, frères li<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre eux des li<strong>en</strong>s affectifs qui souv<strong>en</strong>t<br />

apparaiss<strong>en</strong>t comme des déchirures. Les nouvelles et romans de Maissa Bey sont des<br />

dialogues avec ces géniteurs et leur sont souv<strong>en</strong>t dédiés. Nouvelles d’Algérie, dédiées à<br />

la mère, début<strong>en</strong>t par “Le cri”, vers lequel va converger des fragm<strong>en</strong>ts de vies de<br />

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