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texto y sociedad en las letras francesas y francófonas

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précisém<strong>en</strong>t le terme de persona 9 .<br />

D’un autre côté, il reconnaît la nécessité impérative du naturel et de la<br />

spontanéité, le naturel qui lui permettra de trouver son véritable tal<strong>en</strong>t d’écrivain ; la<br />

tâche cep<strong>en</strong>dant n’est pas facile, car il s’agit bi<strong>en</strong> de désappr<strong>en</strong>dre le rôle du comédi<strong>en</strong><br />

pour retrouver ce qu’il <strong>en</strong>visage comme quelque chose d’inné qu’il s’agit de<br />

« rappeler » :<br />

Il est très difficile de peindre ce qui a été naturel <strong>en</strong> vous, de mémoire ; on peint<br />

mieux le factice, le joué, parce que l’effort qu’il a fallu faire pour jouer l’a gravé<br />

dans la mémoire. M’exercer à rappeler mes s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts naturels, voilà l’étude qui<br />

peut me donner le tal<strong>en</strong>t de Shakespeare. (267)<br />

Les Français et leurs conv<strong>en</strong>ances : une limite à l’expression du Moi<br />

Or, la société parisi<strong>en</strong>ne – et française <strong>en</strong> général – semble bi<strong>en</strong> constituer<br />

l’obstacle à l’expression de ce naturel et de cette spontanéité, c’est-à-dire de cette<br />

énergie dont il a fait son maître-mot et qui doit pouvoir se manifester dans les relations<br />

avec autrui mais aussi et surtout dans l’écriture :<br />

Je ne dois jamais sacrifier l’énergie de l’expression à je ne sais quel bon ton.<br />

Chaque caractère a un mot pour son idée ; tout autre mot, tout autre tour est un<br />

contres<strong>en</strong>s. (59)<br />

Il accuse ainsi le pédantisme et l’<strong>en</strong>flure (100), les bonnes mœurs, le raide, et<br />

l’<strong>en</strong>nui (826), la gravité des g<strong>en</strong>s qui se pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t au sérieux, leur lourdeur 10 , la « loi<br />

médiocre des conv<strong>en</strong>ances, loi ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>nemie de toute originalité, de tout<br />

génie » (877), l’étroitesse d’esprit et la petitesse de cœur. A Paris comme à Gr<strong>en</strong>oble,<br />

« ce quartier général de la petitesse » (902), où il passe, dit-il, des mom<strong>en</strong>ts « infectés<br />

d’<strong>en</strong>nui et d’<strong>en</strong>vie de vomir morale », la France est l’espace de la répression, où règles,<br />

normes, conv<strong>en</strong>ances oblig<strong>en</strong>t l’individu à élaborer une personnalité sous le masque de<br />

la persona, où le rapport aux autres est donc faussé d’emblée, où St<strong>en</strong>dhal se s<strong>en</strong>t à<br />

l’étroit et où il s’asphyxie : « Je ne vis pas dans la société (je la trouve trop hypocrite et<br />

trop grognonne pour cela) ; je vis dans les <strong>en</strong>virons de la société, dans une demi-<br />

solitude » (J2, 307).<br />

Seule possibilité dès lors pour t<strong>en</strong>ter d’équilibrer ses rapports avec les autres :<br />

9<br />

VIELJEUX J. (1988), « La persona. Étude théorique du concept », in La persona, Cahiers jungi<strong>en</strong>s de<br />

psychanalyse, nº58, 3 ème trimestre 1988, p. 3.<br />

10<br />

« Les écureuils, un jour, r<strong>en</strong>oncèr<strong>en</strong>t à leurs grâces et à folâtrer sur les branches des arbres ; ils<br />

desc<strong>en</strong>dir<strong>en</strong>t à terre et prir<strong>en</strong>t la démarche grave des moutons qu’ils voyai<strong>en</strong>t paître. » (515)<br />

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