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texto y sociedad en las letras francesas y francófonas

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Voici un extrait de la pièce Les femmes savantes de Molière 1 qui comm<strong>en</strong>ce par<br />

l’interv<strong>en</strong>tion de la servante Martine. Elle se lam<strong>en</strong>te car elle vi<strong>en</strong>t d’être r<strong>en</strong>voyée sans<br />

aucun motif :<br />

MARTINE<br />

Me voilà bi<strong>en</strong> chanceuse ! Hé<strong>las</strong> ! l’an dit bi<strong>en</strong> vrai : Qui veut noyer son chi<strong>en</strong><br />

l’accuse de la rage, Et service d’autrui n’est pas un héritage.<br />

CHRYSALE<br />

Qu'est-ce donc ? Qu’avez-vous, Martine ?<br />

MARTINE<br />

Ce que j’ai ?<br />

CHRYSALE<br />

Oui.<br />

MARTINE<br />

J’ai que l’an me donne aujourd’hui mon congé, Monsieur.»<br />

Molière (1673: 90), Les femmes savantes, Acte II, Scène V, Paris, Magnard.<br />

Martine a été r<strong>en</strong>voyée à cause de son langage peu châtié. La maîtresse ne<br />

supporte pas les incorrections lexicales commises par sa servante raison pour laquelle<br />

elle la r<strong>en</strong>voie.<br />

Martine se plaint parce que la vérité générique dénotée par le proverbe se vérifie<br />

dans son cas particulier. De la même façon que celui qui veut <strong>en</strong> finir avec quelqu’un,<br />

l’accuse d’un mal de façon injustifiée, Madame Philaminte veut se défaire de Martine et<br />

l’accuse de mal parler comme une raison suffisante pour la r<strong>en</strong>voyer. Après l’adverbe<br />

"hé<strong>las</strong>", nous trouvons "l’on dit bi<strong>en</strong> vrai". La servante se plaint de ce que ce qu’on dit<br />

est vrai, c’est-à-dire que la phrase générique que sa communauté linguistique énonce est<br />

vraie ou <strong>en</strong> d’autres mots se vérifie dans sa situation particulière.<br />

Dans de nombreuses occurr<strong>en</strong>ces le sujet du verbe dire correspond au mot<br />

proverbe lui-même. Dans ces cas, la responsabilité du principe attaché au proverbe<br />

r<strong>en</strong>voie égalem<strong>en</strong>t à la communauté linguistique mais d’une façon différ<strong>en</strong>te, <strong>en</strong><br />

personnifiant <strong>en</strong> quelque sorte le terme «proverbe»:<br />

Les peines et les plaisirs se suiv<strong>en</strong>t nécessairem<strong>en</strong>t dans la vie : mais les peines<br />

sont bi<strong>en</strong> plus fréqu<strong>en</strong>tes, comme dit le proverbe : pour un plaisir, mille douleurs.<br />

BUSSY-RABUTIN Roger de /Les Lettres de messire Roger de Rabutin, comte de<br />

Bussy : t. 4 : 1673-1686/1686. Pages 361-362 / 1677 (Frantext)<br />

2.2.2. Abs<strong>en</strong>ce de marqueur médiatif<br />

Nous passons de 46% des occurr<strong>en</strong>ces introduites par le verbe dire à 11% où nous<br />

1 Nous avons analysé cet extrait dans un colloque de parémiologie – Congreso Internacional de<br />

Paremiología y Fraseología – t<strong>en</strong>u à l’Université de Santiago de Compostela <strong>en</strong> septembre 2006.<br />

L’article paraîtra dans les Actes de ce colloque.<br />

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