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texto y sociedad en las letras francesas y francófonas

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meurtre de sa fille.<br />

Flore écoutera les récits d’Emma p<strong>en</strong>dant très longtemps ; Emma lui montrera<br />

combi<strong>en</strong> elle est dupe de tout le système car, la destinée des « noires », qu’elles ai<strong>en</strong>t la<br />

peau noire ou "placée à l’<strong>en</strong>vers" 5 , est la même. Quand Emma aura tout dit, elle<br />

"repr<strong>en</strong>dra la route des grands bateaux". C’est la seule chose que la traductrice se s<strong>en</strong>t<br />

dire au policier qui l’interroge pour savoir si elle avait pu noter un indice montrant<br />

qu’Emma préparait son suicide : "Il y avait déjà longtemps qu’elle n’était plus là". "Son<br />

âme a rejoint le fleuve pour <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dre le voyage de retour" (pp. 163-164).<br />

Les démarches faites par Flore afin d’arriver à la compréh<strong>en</strong>sion d’Emma<br />

l’avai<strong>en</strong>t mise <strong>en</strong> contact avec Nicko<strong>las</strong>, 6 amant d’Emma et père de l’<strong>en</strong>fant. En plein<br />

désarroi elle se trouve devant la maison de celui-là, après avoir maudit de tout et,<br />

surtout, de cette condition féminine qui ne trouve que la mer pour se noyer. Cette nuit-là<br />

"comme on aime pour guérir l’âme et le corps […] Nicko<strong>las</strong> aima [Flore]” (p. 166).<br />

L’image d’Emma se fit jour au milieu des doutes, des pleurs, de la peur de trahir… Elle<br />

était là, <strong>en</strong>tre les deux, "pour m<strong>en</strong>er à travers [Flore] sa dernière lutte et se jouer du<br />

destin" (p. 166). Nicko<strong>las</strong> à côté d’elle, Flore ress<strong>en</strong>t une <strong>en</strong>vie irrésistible d’embrasser<br />

Emma, de s<strong>en</strong>tir son corps contre le si<strong>en</strong>. Mais les yeux d’Emma, rivés sur elle, lui<br />

disai<strong>en</strong>t ces mots qui serv<strong>en</strong>t à clore le roman :<br />

Hume avec plaisir son odeur, appr<strong>en</strong>ds à te nicher au creux de son bras, à<br />

imprégner ton corps du souv<strong>en</strong>ir de cette houle, tout simplem<strong>en</strong>t appr<strong>en</strong>ds ton nom<br />

de femme, avant celui de négresse (p. 167).<br />

Ce roman a été divisé <strong>en</strong> neuf chapitres dont cinq ont comme titre des noms de<br />

femme (Emma, Fifie, Grazie et les autres, Mattie et Rosa, et Kilima), deux qui se<br />

rapport<strong>en</strong>t à Nicko<strong>las</strong>, l’amant d’Emma, et <strong>en</strong>core deux, le second et le dernier, qui ont<br />

rapport l’un à Grand-Lagon, "le lieu maudit de la détresse" (p. 73), et l’autre à la route<br />

des grands bateaux, celle qu’Emma empruntera à la fin. Même si c’est la traductrice qui<br />

joue le rôle de narrateur, c’est la voix d’Emma que l’on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d la plupart du temps, soit<br />

5 C’est significatif qu’elle parle de "peau placée à l’<strong>en</strong>vers" pour désigner la femme blanche. Par ses<br />

mots, on compr<strong>en</strong>d bi<strong>en</strong> qu’elle parle de la destinée de la femme <strong>en</strong> général : "Tu crois que tu n’as aucune<br />

raison de crier. […] Pauvre de toi| […] Lorsqu’on vi<strong>en</strong>t au monde comme cela, avec ces yeux-là et cette<br />

peau placée à l’<strong>en</strong>vers, et tout cet attirail mal assemblé, on se dit bêtem<strong>en</strong>t que leur haine va nous<br />

épargner, les coups de griffe, croit-on, c’est pour les autres. Et puis, un jour, bang ! on découvre qu’il n’y<br />

a pas dix mille façons d’être une négresse" (p. 24).<br />

6 La nature de cet homme est ainsi définie par Flore : "Cet homme m’inquiète et m’attire tout à la fois.<br />

Lorsque je crois le compr<strong>en</strong>dre il m’échappe, tel du sable qui fuit <strong>en</strong>tre les doigts. Il a l’air si vivant et si<br />

irréel, un peu comme une ombre" (p. 96).<br />

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