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texto y sociedad en las letras francesas y francófonas

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lecture du monde indi<strong>en</strong> à travers l´analyse du livre intitulé Haï 19 de JMG Le Clézio.<br />

Dans cet essai, l´auteur repr<strong>en</strong>d les trois étapes de la guérison magique des indi<strong>en</strong>s :<br />

Tahu sa, l´initiation, puis Beka, le chant et finalem<strong>en</strong>t Kaakwahaï, l´exorcisme.<br />

Dans son article, Ana Gonzalez Salvador 20 signale que sous une appar<strong>en</strong>ce<br />

trinitaire, Haï est binaire. Elle interprète que l´auteur oppose le monde occid<strong>en</strong>tal et le<br />

monde des indi<strong>en</strong>s. Le Clézio fait le portrait, dit-elle, de nos villes occid<strong>en</strong>tales, villes<br />

de béton, de nos sociétés mécaniques, électriques, de notre esprit de conquête de la<br />

R<strong>en</strong>aissance à nos jours, de notre ambition de pouvoir, de notre capacité de destruction,<br />

de ruse, de m<strong>en</strong>songe. « Haï et Le rêve mexicain accus<strong>en</strong>t notre notion de progrès »<br />

Elle continue son analyse avec ce que nous propose Le Clézio de la part des<br />

indi<strong>en</strong>s : le sil<strong>en</strong>ce. Car, et elle repr<strong>en</strong>d les mots de l´auteur « Les mots cherch<strong>en</strong>t à nous<br />

vaincre, à nous détruire » Avec le nom, l´être perd son ess<strong>en</strong>ce. Les paroles ont<br />

interrompu la communication. Chacun parle de soi, les signes ne sont plus ceux de la<br />

communauté. L´homme a fait que le langage r<strong>en</strong>voie à lui-même, le vouant à<br />

l´imman<strong>en</strong>ce alors que le langage est transc<strong>en</strong>dance. Et l´art est une misérable<br />

interrogation de l´individu devant le monde, le goût de l´autosatisfaction de l´homme<br />

occid<strong>en</strong>tal.<br />

Puis elle oppose, la p<strong>en</strong>sée de « L´indi<strong>en</strong> » qui, lui, « ne dit pas son nom », qui ne<br />

signe aucune œuvre d´art, qui refuse la création individuelle, qui préfère se manifester<br />

collectivem<strong>en</strong>t par « les cris, les chants, la danse, une psalmodie », qui par sa répétition<br />

continuelle devi<strong>en</strong>t le complém<strong>en</strong>t du sil<strong>en</strong>ce éternel. L´indi<strong>en</strong> est étranger à l´idée de<br />

progrès, d´évolution, d´accomplissem<strong>en</strong>t.<br />

Le Clézio, dit-elle, oppose deux forces, l´une magique, la force du collectif, de la<br />

transc<strong>en</strong>dance, représ<strong>en</strong>tée par l´innoc<strong>en</strong>ce des indi<strong>en</strong>s face à l´autre, la force du<br />

matérialisme, de l´individualisme, du pouvoir et de la domination.<br />

Je ne suis pas d´accord avec cette lecture manichéiste que fait Ana Gonzalez de<br />

Haï, de ce qu´elle interprète comme « cette fable idéalisée de l´anci<strong>en</strong>ne simplicité<br />

perdue », ni avec sa version de la quête des origines <strong>en</strong>treprise par Le Clézio comme<br />

une fuite, un refuge, une mauvaise consci<strong>en</strong>ce de l´homme occid<strong>en</strong>tal face aux<br />

génocides et aux désastres écologiques.<br />

Le Clézio n´est pas un nostalgique, sa peinture de la société amérindi<strong>en</strong>ne n´est<br />

19<br />

Le Clézio, JMG, (1971) Hai, Ed. Albert Skira, G<strong>en</strong>ève.<br />

20<br />

Gonzalez Salvador, Ana, (1992) Haï, qu´est-ce que Haï? JMG Le Clézio, Actes du Colloque<br />

International, Val<strong>en</strong>cia, p.79-85.<br />

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