06.04.2013 Views

texto y sociedad en las letras francesas y francófonas

texto y sociedad en las letras francesas y francófonas

texto y sociedad en las letras francesas y francófonas

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Pour quoi, pour qui Emma hurlait-elle?<br />

Au sujet du Livre d’Emma, de Marie-Célie Agnan<br />

Lídia ANOLL<br />

Universitat de Barcelona<br />

Le livre d’Emma fait partie de cette littérature dite migrante qui a contribué à ce<br />

que la littérature du Québec devi<strong>en</strong>ne un grand miroir aux facettes multiples où les<br />

couleurs se mari<strong>en</strong>t aux imaginaires les plus variés. Et ce n’est pas que Marie-Célie<br />

Agnant veuille nous parler de ses ancêtres, d’un pays et des g<strong>en</strong>s qu’il a quittés depuis<br />

l’âge de dix-sept ans. On dirait, plutôt, qu’elle ti<strong>en</strong>t à nous rappeler certaines choses que<br />

l’on feint d’avoir oubliées… C’est bi<strong>en</strong> une négresse qui parle ici, mais sa détresse, n’a<br />

pas de couleur. Son cri, le « hurlem<strong>en</strong>t » qui traverse tout le roman, est celui de la<br />

femme, de l’être v<strong>en</strong>u au monde pour accepter la servitude de tous les hommes, quelle<br />

que soit leur couleur. Marie-Célie Agnant se sert de la folie d’Emma pour faire un<br />

plaidoyer féministe et rappeler à la femme, ce faisant, qu’il est temps qu’elle appr<strong>en</strong>ne à<br />

vivre <strong>en</strong> tant que femme, que le temps est v<strong>en</strong>u de retrouver son ess<strong>en</strong>ce, de ne plus<br />

p<strong>en</strong>ser "que l’amour, comme tout ce qui est bon sur cette terre, n’est pas fait pour [elle]"<br />

(p. 166). 1<br />

Bi<strong>en</strong> que ce plaidoyer constitue toute une invite à parler de la condition féminine,<br />

je n’<strong>en</strong> ferai pas le sujet c<strong>en</strong>tral de mon travail : des travaux de ce g<strong>en</strong>re, faits par des<br />

sociologues ou de vrais analystes, foisonn<strong>en</strong>t depuis pas mal d’années. Mon intérêt ira,<br />

plutôt, vers les différ<strong>en</strong>ts aspects de la société dénoncés au long du texte, surtout ceux<br />

qui ne porterai<strong>en</strong>t pas sur la femme <strong>en</strong> particulier, même si le roman les montre par le<br />

biais d’une femme. Tout à fait actuels ou un peu dépassés –cela dép<strong>en</strong>dra de notre point<br />

de vue– ils mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> valeur la prépondérance des uns sur les autres, ces autres qui ont<br />

été, ou qui sont, les victimes d’un système établi qu’il convi<strong>en</strong>t de sauvegarder et de<br />

montrer sur son visage le plus aimable. Ils dénonc<strong>en</strong>t ce qu’il y a de fallacieux dans un<br />

système qui crée des monstres dans l’indiffér<strong>en</strong>ce quitte à <strong>en</strong> faire des « cas » qui iront<br />

nourrir nos hôpitaux ou nos prisons. Objets d’étude ou de blâme, ils sont là pour nous<br />

1<br />

Le numéro de page se rapportera, à chaque occasion, à Marie-Célie Agnant, Le livre d’Emma, Montréal,<br />

Les Éditions du remue-ménage, Éditions Mémoire, 2001.<br />

794

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!