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texto y sociedad en las letras francesas y francófonas

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les institutions et sur les représ<strong>en</strong>tations. Aujourd’hui, la c<strong>las</strong>se dominante mainti<strong>en</strong>t son<br />

hégémonie par tous les moy<strong>en</strong>s y compris le savoir » 16 . Ce constat est partagé<br />

égalem<strong>en</strong>t par les t<strong>en</strong>ants de la théorie postcoloniale. Il n’est que de consulter les<br />

travaux d’Homi Bhabha 17 .<br />

Nous remarquons que chacun des auteurs étudiés utilise une terminologie<br />

spécifique pour saisir un phénomène commun : les représ<strong>en</strong>tations. La théorie des<br />

représ<strong>en</strong>tations sociales peut donc être considérée comme une rupture, un seuil dans la<br />

théorie littéraire. Ainsi, l’usage de scénographies particulières peut-il être redevable de<br />

cette théorie. L’institution de la littérature <strong>en</strong> milieu francophone africain pourrait<br />

illustrer nos propos. Dans une étude, nous faisions il y a peu ce constat :<br />

En fait, l’institution des arts <strong>en</strong> Côte d’Ivoire nous révèle comm<strong>en</strong>t les diverses<br />

composantes d’une nation manifest<strong>en</strong>t leur volonté commune à ori<strong>en</strong>ter la pratique<br />

des arts et des littératures dans une perspective précise et <strong>en</strong> fonction d’objectifs ou<br />

finalités spécifiques 18 .<br />

Avec un peu de recul, nous pouvons donc préciser davantage notre p<strong>en</strong>sée.<br />

L’institution de la littérature est un des lieux où s’exprim<strong>en</strong>t un savoir et un pouvoir.<br />

Les écrivains, les critiques, les intellectuels d’une institution littéraire donnée produis<strong>en</strong>t<br />

un savoir (<strong>en</strong> fait un <strong>en</strong>semble de représ<strong>en</strong>tations ayant une certaine régularité pour<br />

emprunter à Foucault) qui t<strong>en</strong>d à s’opposer à un pouvoir, <strong>en</strong> l’occurr<strong>en</strong>ce, un pouvoir<br />

européoc<strong>en</strong>triste (forces c<strong>en</strong>tripètes) ou un pouvoir local, par exemple, le pouvoir<br />

africain post-colonial. Dans notre perspective, ces savoir et pouvoir agirai<strong>en</strong>t sur les<br />

id<strong>en</strong>tités, les mémoires et les histoires. C’est le cas notamm<strong>en</strong>t dans la littérature<br />

féminine africaine qui n’est ri<strong>en</strong> d’autre qu’une rupture à propos d’un certain savoir<br />

proféré sur la femme et qui, a contrario va constituer le point de départ d’un refus des<br />

femmes de l’hégémonie masculine (pouvoir).<br />

16 H<strong>en</strong>ri Lefebvre (2000), La production de l’espace, 4 ème Edition, Paris, Anthropos,, p. 17. Par ailleurs,<br />

dans son étude, Lefebvre pr<strong>en</strong>d soin d’opposer le « savoir » au service du pouvoir et ce qu’il nomme le<br />

« connaître » qui, selon lui, ne reconnaît pas le pouvoir, du moins ne s’y soumet pas. La théorie des<br />

représ<strong>en</strong>tations est donc une théorie des sociétés, une approche critique des sociétés humaines, l’activité<br />

littéraire ne pouvant y échapper. Voir aussi, H<strong>en</strong>ri Lefebvre (1980), La prés<strong>en</strong>ce et l’abs<strong>en</strong>ce :<br />

contribution à une théorie des représ<strong>en</strong>tations, Paris, Castermann.<br />

17 Contrairem<strong>en</strong>t aux auteurs cités, la théorie postcoloniale ne reti<strong>en</strong>t que les produits des représ<strong>en</strong>tations.<br />

Ainsi, la race, la différ<strong>en</strong>ce, les stéréotypes sont-ils les produits des représ<strong>en</strong>tations. La représ<strong>en</strong>tation que<br />

l’on se fait de l’Autre va <strong>en</strong>traîner un <strong>en</strong>semble d’attitudes allant de son rejet à sa négation pure et<br />

simple. Ecoutons Homi Bhabha : « What is theoretically innovative, and politically crucial, is the need to<br />

think beyond narratives of originary and initial subjectivies and to focus on those mom<strong>en</strong>ts or processes<br />

that are produced in the articulation of cultural differ<strong>en</strong>ces ». Pour Bhabha, l’innovation théorique dans sa<br />

théorie des représ<strong>en</strong>tations est d’aller au-delà des id<strong>en</strong>tités ataviques et subjectives et de se focaliser sur<br />

les mom<strong>en</strong>ts où sont produits des discours articulés autour de la différ<strong>en</strong>ce. Homi K. Bhabha, (1994) The<br />

location of culture, London-New York, Routledge, p. 1 ou Nation and narration, etc.<br />

18 Jean-François Kola (2005), Id<strong>en</strong>tité et institution de la littérature <strong>en</strong> Côte d’Ivoire, thèse de Doctorat,<br />

sous la direction de Michel B<strong>en</strong>iamino et Lezou Dago Gérard, Université de Limoges, Limoges.<br />

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