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texto y sociedad en las letras francesas y francófonas

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sur terre est son cinquième roman. Il y imagine une catastrophe qu’il ne nomme pas,<br />

mais qui pourrait bi<strong>en</strong> être celle du 11 septembre. Un homme se trouve projeté dans les<br />

airs et hors du monde. Errant, hagard, incapable de rejoindre sa vie quotidi<strong>en</strong>ne, il<br />

tourne sans fin autour de la zone détruite, cherchant sa rédemption.<br />

Pourquoi et comm<strong>en</strong>t écrire ? Le choix du g<strong>en</strong>re, la spatialité et la<br />

temporalité narratives, le portrait des victimes<br />

Le choix d’un roman (Goupil), d’un docu-roman destiné aux jeunes (Greif), d’une<br />

autofiction (Biegbeder), d’un récit autobiographique (Dellinger), d’un journal (Haïm),<br />

d’une bande dessinée (Revel), d’un récit de voyage (Lang), d’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s philosophiques<br />

(Derrida) veut montrer la diversité des moy<strong>en</strong>s littéraires déployés pour appréh<strong>en</strong>der le<br />

cauchemar. Les livres du 11 septembre décriv<strong>en</strong>t la tragédie, essai<strong>en</strong>t de savoir ce qui<br />

s’est passé, profit<strong>en</strong>t de l’occasion pour donner libre cours à des phobies et des philies<br />

politiques, réfléchiss<strong>en</strong>t à la nature du Mal.<br />

Laur<strong>en</strong>ce Haïm écrit <strong>en</strong> plein dedans, tout le temps, depuis le 11 septembre 2001<br />

jusqu’au 10 août 2002. Son discours à la première personne est parsemé de méls<br />

<strong>en</strong>voyés par des amis, français, américains et autres. Elle nous décrit avec une poignante<br />

exactitude les lieux de la catastrophe : “14 septembre. Arrivée à 0h 45 aux ruines. La<br />

mort <strong>en</strong> face. Le choc absolu. Pire que tout ce que j’ai vu, fait. L’<strong>en</strong>fant au Soudan<br />

t<strong>en</strong>dant sa main pour manger, les <strong>en</strong>terrem<strong>en</strong>ts, la mort <strong>en</strong> Haïti, le 24-heures <strong>en</strong><br />

Somalie. L’hôpital d’Osijek… C’est noir, ça tremble, c’est gigantesque comme jamais”.<br />

Un peu plus loin, “Le Burger King est transformé <strong>en</strong> morgue” (Haïm, 2002 : 29). Après<br />

des mom<strong>en</strong>ts où tout paraît irréel (“Je n’arrive pas à croire que le skyline n’existe plus.<br />

Je cherche les tours. Où sont-elles?” - Haïm, 2002 : 28), on ress<strong>en</strong>t l’horreur, la fatigue,<br />

la mort, le besoin urg<strong>en</strong>t de l’autre. Mêmes s<strong>en</strong>sations éprouvées par Bruno Dellinger,<br />

qui d’ailleurs a été aidé par Isabelle Baechler, correspondante de France 2 à New York<br />

pour écrire son témoignage. Avec lui, c’est une vraie transmission <strong>en</strong> direct : “... à peine<br />

ai-je le temps de regarder par les f<strong>en</strong>êtres qu’un impact d’une viol<strong>en</strong>ce inouïe ébranle le<br />

bâtim<strong>en</strong>t” (Dellinger, 2002 : 15). À partir de là il fait gris, noir, l’air devi<strong>en</strong>t irrespirable,<br />

les c<strong>en</strong>dres couvr<strong>en</strong>t ses vêtem<strong>en</strong>ts et son corps, <strong>en</strong>terr<strong>en</strong>t sa consci<strong>en</strong>ce : “Je ne me<br />

souvi<strong>en</strong>s plus très bi<strong>en</strong> de ma remontée vers le nord, le long de Broadway. Cela fait<br />

partie de ces instants pour lesquels je souffre d’amnésie” (Dellinger, 2002 : 43).<br />

Besoin de raconter pour essayer de se rappeler, laisser un témoignage vrai,<br />

compr<strong>en</strong>dre, c’est aussi ce qui mue Sandrine Revel à aborder dans une bande dessinée<br />

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