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texto y sociedad en las letras francesas y francófonas

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ni marié et heureux de l’être ... indécis et que personne n’a <strong>en</strong>vie de plaindre”<br />

(Beigbeder, 2003 : 221), et son alter-ego texan, prisonnier avec ses <strong>en</strong>fants de la tour <strong>en</strong><br />

flammes. Le mal de vivre qu’ils expérim<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t tous les deux, le dés<strong>en</strong>chantem<strong>en</strong>t d’une<br />

génération à laquelle on avait épargné les grands conflits, mais qui se s<strong>en</strong>t “handicapée”<br />

(Beigbeder, 2003 : 221), sont exprimés avec une sorte d’humour noir qui se teint d’une<br />

énorme t<strong>en</strong>dresse quand, dans un clin d’œil à un film célèbre 11 , le père américain décide<br />

de faire croire à ses fils que l’évacuation de la tour est une nouvelle attraction de<br />

l’industrie Disney, avant de sauter dans le vide, avec eux, pour échapper aux flammes.<br />

Le docu-roman de J.-J. Greif est écrit avec une grande justesse. Fidèle au public<br />

auquel il s’adresse, il est beaucoup moins concerné par les explications politiques et la<br />

résurrection des mythes que par la construction des tours et la procédure des services de<br />

secours. Le texte est construit selon la technique cinématographique du plan alterné : il<br />

y a des chapitres qui se déroul<strong>en</strong>t à l’extérieur, dans de différ<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>droits de Manhattan<br />

où nous suivons les personnages, et des chapitres dont l’action se situe à l’intérieur des<br />

tours, mis <strong>en</strong> relief par une typographie différ<strong>en</strong>te. Ces derniers sont très détaillés et<br />

comport<strong>en</strong>t des dessins qui expliqu<strong>en</strong>t la trajectoire des avions lors de l’impact. Un<br />

chapitre donne même la parole aux matériaux (poutres, boulons...) qui comport<strong>en</strong>t<br />

l’armature des tours pour expliquer leur effondrem<strong>en</strong>t. L’auteur s’est beaucoup informé<br />

auprès d’ingénieurs et d’architectes. Il jette un regard critique sur la capacité des<br />

autorités à mesurer le danger et à réagir, ainsi que sur l’efficacité des services de<br />

secours. On appr<strong>en</strong>d que ni les pompiers ni la police ne comptai<strong>en</strong>t sur les instrum<strong>en</strong>ts<br />

nécessaires pour faire face à une tragédie de cette <strong>en</strong>vergure.<br />

Didier Goupil fait un “récit de fin du monde”, où il ne parle pas ouvertem<strong>en</strong>t du<br />

11 septembre, tout <strong>en</strong> réunissant les élém<strong>en</strong>ts d’un “scénario-catastrophe”. La grande<br />

tour GOLD, telle nouvelle Babel, abrite “ des g<strong>en</strong>s de toutes les couleurs et de tous les<br />

contin<strong>en</strong>ts, des g<strong>en</strong>s de toutes les langues” (Goupil, 2003 : 25) et se situe dans la ville<br />

“où le temps est réellem<strong>en</strong>t de l’arg<strong>en</strong>t” (Goupil, 2003 : 19), capitale de l’empire dont le<br />

présid<strong>en</strong>t “apparti<strong>en</strong>t aux multinationales pétrolières” (Goupil, 2003 : 104) et qui se<br />

ceint d’un mythique ceinturon “dont la boucle est ornée d’un faucon aux ailes<br />

déployées” (Goupil, 2003 : 57). Elle est frappée par un inconnu qui apparaît sur une<br />

bande vidéo au milieu “de paysages sans fin et sans relief, de longues steppes d’herbe<br />

rase, d’interminables déserts” (Goupil, 2003 : 63). Le protagoniste, ayant survécu à<br />

11 Il s’agit de la “La vie est belle” de Roberto B<strong>en</strong>igni, Oscar du meilleur film étranger 1999.<br />

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