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texto y sociedad en las letras francesas y francófonas

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constante de résonances personnelles, à travers une première personne narrative qui se<br />

transforme <strong>en</strong> alter ego romanesque de l’écrivain. Les frontières <strong>en</strong>tre écriture<br />

fictionnelle et autobiographie sont transgressées. Le langage fictionnel sert d’espace<br />

d’aveux où aux substrats d’expéri<strong>en</strong>ce vitale vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t se déposer des couches de récits<br />

imaginaires ; l’effet flou <strong>en</strong>tre ce qui a été vécu et ce qui est feint est réussi grâce aux<br />

affleurem<strong>en</strong>ts du substrat autobiographique primitif. Philippe Lejeune parle alors de<br />

fiction romanesque constituée <strong>en</strong> espace autobiographique. (Lejeune, 1996 : 43).<br />

Rev<strong>en</strong>ons au dernier roman de Kundera. Écrit directem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> français <strong>en</strong> 2000,<br />

L’Ignorance ne sera publié <strong>en</strong> France qu’<strong>en</strong> 2003, malgré son succès mondial. Faisant<br />

partie de ce que les critiques comme François Ricard nomme « cycle français » - choix<br />

du français pour la rédaction du roman et une structure plus courte qui compte <strong>en</strong>viron<br />

cinquante petits chapitres – L’Ignorance repr<strong>en</strong>d la thématique de l’exil que le lecteur<br />

avait déjà retrouvé dans des romans antérieurs comme La Plaisanterie (1967 ), Risibles<br />

amours (1968 ), La vie est ailleurs (1973 ) ou L’immortalité ( 1990).<br />

Le roman démarre avec une longue digression étymologique sur l’origine du mot<br />

prés<strong>en</strong>t dans le titre du roman, « ignorance » - « En espagnol, añoranza vi<strong>en</strong>t du catalan<br />

<strong>en</strong>yorar, dérivé, lui, du mot latin ignorare (ignorer). [...] , la nostalgie apparaît comme la<br />

souffrance de l’ignorance » (Kundera, 2005 : 10-11)-; s’<strong>en</strong>suit un récit structuré <strong>en</strong> deux<br />

volets actantiels qui avanc<strong>en</strong>t parallèlem<strong>en</strong>t et qui ont l’expéri<strong>en</strong>ce de l’exil, les<br />

s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts qui originèr<strong>en</strong>t le départ, ainsi que les paradoxes d’un retour redouté comme<br />

tréfonds thématique; deux vies sont évoquées <strong>en</strong> à peine quelques jours, à l’occasion du<br />

Grand Retour <strong>en</strong>trepris par les deux personnages principaux ; d’une part, Ir<strong>en</strong>a qui fuit<br />

son pays <strong>en</strong> 1969 avec son mari et ses filles, après l’invasion par les chars soviétiques,<br />

et qui vit désormais à Paris où elle a refait sa vie auprès d’un Suédois ; et d’autre part,<br />

Joseph qui ayant quitté sa Tchécoslovaquie il y a de cela vingt ans, il a refait lui aussi sa<br />

vie à l’étranger, celui-ci au Danemark. Sa femme morte, il décide, non sans peine de<br />

r<strong>en</strong>trer et c’est alors que les deux récits se r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t.<br />

C’est donc après vingt ans <strong>en</strong> terre étrange que le grand retour à Ithaque a lieu,<br />

croisant leur vie pour quelques jours ; leur r<strong>en</strong>contre inatt<strong>en</strong>due à l’aéroport de Paris,<br />

lieu de passage et dernier ancrage <strong>en</strong> terre étrange avant de retourner chez soi, r<strong>en</strong>d<br />

évid<strong>en</strong>t l’oubli et l’ignorance que le temps a provoqués. Joseph ne reconnaît plus Ir<strong>en</strong>a,<br />

après tant d’années. Tout a changé ; le pays, qui s’ouvre sans relâche au capitalisme, la<br />

ville de Prague « touristifiée » ; les retrouvailles avec la famille et les amis qui met <strong>en</strong><br />

relief la distance qui les a séparés et les séparera à jamais ; et finalem<strong>en</strong>t un désir de<br />

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