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texto y sociedad en las letras francesas y francófonas

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dialogue <strong>en</strong>tre Waïs, qui se trouve au plus fort du vortex, et le Destin qui dresse ce<br />

réquisitoire somme toute inquiétant :<br />

La Corne : une douleur commune dans un espace déshérité…La Corne : des bases<br />

militaires <strong>en</strong> croissance….La Corne : des merc<strong>en</strong>aires <strong>en</strong> faction… La Corne :<br />

l’humanité défaite et disloquée, l’humanité dans une fosse commune, la chair<br />

béante, des bouches sans d<strong>en</strong>ts, des yeux sans nerfs » et au destin de demander à<br />

Waïs : « à quand la fin de la faim ? (p. 45-46).<br />

L’œuvre pourrait se lire, <strong>en</strong> définitive, comme une invite à une meilleure<br />

définition du politique <strong>en</strong> Afrique.<br />

Conclusion<br />

Waberi, tout comme d’ailleurs les écrivains africains <strong>en</strong> général écrit-il pour<br />

obt<strong>en</strong>ir une reconnaissance institutionnelle ? C’est certain. Mieux, il <strong>en</strong>tre dans le jeu,<br />

voire dans la logique institutionnelle (héritée de la théorie de champ de Bourdieu) de<br />

l’offre et de la demande de bi<strong>en</strong>s symboliques. L’émerg<strong>en</strong>ce et la constitution d’un<br />

champ littéraire français prét<strong>en</strong>dant à l’autonomie qu’a analysée Pierre Bourdieu dans<br />

ses Règles de l’Art, n’a-t-elle pas un li<strong>en</strong> avec la représ<strong>en</strong>tation que les écrivains du<br />

18 ème et du 19 ème siècle avai<strong>en</strong>t de leur art et de sa fonction ? Leur constitution <strong>en</strong> <strong>en</strong>tité<br />

autonome <strong>en</strong> marge des influ<strong>en</strong>ces occultes du champ politique n’était-elle pas une<br />

manière pour eux de préserver leur id<strong>en</strong>tité, ou plutôt leurs id<strong>en</strong>tités dans la mesure où il<br />

existait une pluralité de pratiques littéraires, d’où les querelles d’écoles ? Les écrivains<br />

doiv<strong>en</strong>t-ils être réduits à une telle logique institutionnelle ? Ou écriv<strong>en</strong>t-ils pour<br />

exprimer des id<strong>en</strong>tités ? En somme, la pratique de la littérature n’est-elle pas redevable<br />

d’une théorie des représ<strong>en</strong>tations ? C’est la problématique qui a motivé la prés<strong>en</strong>te<br />

étude.<br />

Certes, le roman de Waberi exprime à la fois son id<strong>en</strong>tité d’écrivain djibouti<strong>en</strong>,<br />

d’écrivain francophone vivant <strong>en</strong> France (donc d’écrivain hybride) mais aussi, cela est<br />

important, d’écrivain tout court. Il esthétise une vieille confrontation <strong>en</strong>tre savoir et<br />

pouvoir. En effet, au niveau structural, son roman est le lieu où s’exprim<strong>en</strong>t des<br />

représ<strong>en</strong>tations particulières, disons des id<strong>en</strong>tités, des mémoires et des histoires. Le<br />

moteur de son roman et de cette écriture épique marquée par une avalanche, un flot<br />

ininterrompu de mots et d’échos s’explique par un conflit lat<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre des id<strong>en</strong>tités et<br />

des mémoires. Il y a certes la prés<strong>en</strong>te « rassurante » d’une Histoire commune à laquelle<br />

tous se réfèr<strong>en</strong>t ; mais surtout les autorités politiques produis<strong>en</strong>t un savoir et un discours<br />

dont le but ultime est de conforter leur hégémonie : c’est une id<strong>en</strong>tité et une mémoire<br />

castratrices qui émascul<strong>en</strong>t le peuple. D’où l’usage de la subversion comme moy<strong>en</strong> de<br />

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