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texto y sociedad en las letras francesas y francófonas

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eaucoup de morts et on leur fait de mauvais traitem<strong>en</strong>ts, de vols et violations,<br />

profitant de leurs personnes et de leurs bi<strong>en</strong>s sans aucun ordre, ni poids, ni<br />

mesure 16<br />

Il y a quelque chose de tragique et de fabuleux dans ce premier regard de l´homme<br />

occid<strong>en</strong>tal sur cette capitale interdite, dit Le Clézio, <strong>en</strong> parlant de Mexico-T<strong>en</strong>ochtitlan.<br />

D´un côté, on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d la voix angoissée et magique du roi mexicain et de l´autre la<br />

parole rusée et m<strong>en</strong>açante de l´espagnol. Tandis que l´une habite le monde des mythes,<br />

l´autre exprime la p<strong>en</strong>sée pragmatique et dominatrice de l´Europe de la R<strong>en</strong>aissance. Si<br />

ces deux mondes parfois peuv<strong>en</strong>t se r<strong>en</strong>contrer, c´est grâce à une interlocutrice, la jeune<br />

indi<strong>en</strong>ne compagne de Cortés.<br />

Il y a aussi quelque chose de vertigineux dans cette r<strong>en</strong>contre par ce qu´elle<br />

représ<strong>en</strong>te dans l´av<strong>en</strong>ir du monde occid<strong>en</strong>tal. Car <strong>en</strong> admettant ces étrangers parmi eux,<br />

le roi mexicain scelle la défaite de son monde : l´espagnol réduit le peuple indi<strong>en</strong> à<br />

l´esclavage et sur son exemple, d´autres conquerront le reste du contin<strong>en</strong>t américain du<br />

Canada à la Terre-de-Feu.<br />

Le Clézio se demande pourquoi cette docilité de la part d´un chef spirituel du<br />

peuple le plus civilisé de l´Amérique c<strong>en</strong>trale, une idole vivante qui se laisse tromper si<br />

facilem<strong>en</strong>t. La réponse de l´écrivain est magique car le roi Moctezuma, « le seigneur<br />

aux sourcils foncés » se sachant condamné d´avance par les dieux, est persuadé qu´il ne<br />

pourra ri<strong>en</strong> changer aux pronostiques des mages, aux lég<strong>en</strong>des, aux signes du ciel qui<br />

annonc<strong>en</strong>t l´arrivée des espagnols comme un châtim<strong>en</strong>t divin. Les mexicains multipli<strong>en</strong>t<br />

les offrandes, les sacrifices, dans l´espoir d´apaiser la colère des dieux. Les espagnols,<br />

frappés par l´aspect effroyable des idoles moitié humain, moitié animal, vont justifier la<br />

destruction des idoles comme des objets démoniaques.<br />

Le successeur du roi Moctezuma devi<strong>en</strong>t héros et symbole de l´indép<strong>en</strong>dance du<br />

Mexique parce qu´il dit à Cortés qu´il préfère mourir que se voir à la merci de ceux qui<br />

feront d´eux des esclaves et les tortureront pour de l´or. Cuanhtamoc compr<strong>en</strong>d comme<br />

son antécesseur que l´issue est fatale. À sa mort honteuse suit le sil<strong>en</strong>ce.<br />

Le Clézio interprète ce sil<strong>en</strong>ce comme la mort d´une des plus grandes civilisations<br />

du monde, emportant sa parole, sa vérité, ses dieux, ses lég<strong>en</strong>des. Après ce sil<strong>en</strong>ce<br />

comm<strong>en</strong>ce la modernité. Au monde fantastique, magique et cruel des aztèques, des<br />

mayas ou des Purpechas, va succéder ce que l´on appelle la civilisation. C´est-à-dire<br />

16<br />

JMG Le Clézio, Le rêve mexicain, p. 33 cite à José Miranda (1952), Le tribut indigène dans la nouvelle<br />

Espagne, p.51.<br />

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