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texto y sociedad en las letras francesas y francófonas

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<strong>en</strong> les dépassant ses propres singularités” 7 . L’acte d’écriture épistolaire ne peut pas être<br />

conçu sans la référ<strong>en</strong>ce à autrui et à l’événem<strong>en</strong>tiel et dans cet acte, l’épistolier<br />

<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>d la recherche, consci<strong>en</strong>te ou inconsci<strong>en</strong>te, de sa propre personnalité et de sa<br />

propre id<strong>en</strong>tité qu’il veut remplir de cont<strong>en</strong>u. C’est pourquoi on ne pourra jamais<br />

appréh<strong>en</strong>der l’id<strong>en</strong>tité de l’épistolier <strong>en</strong> dehors de la réalité du mom<strong>en</strong>t historique. Ce<br />

qui plus est, cette id<strong>en</strong>tité sera id<strong>en</strong>tité narrative dans la mesure où elle s’inscrit à<br />

l’intérieur d’un récit – même si elle le dépasse -. Pour Paul Ricoeur, <strong>en</strong> effet, il n’existe<br />

pas de doute : “Le récit construit l’id<strong>en</strong>tité du personnage, qu’on peut appeler son<br />

id<strong>en</strong>tité narrative, <strong>en</strong> construisant celle de l’histoire racontée” (Ricoeur, 1990, p. 175).<br />

Dans cet exercice de création ou de recherche de l’id<strong>en</strong>tité narrative par le biais de<br />

l’écriture épistolaire, l’événem<strong>en</strong>tiel occupe une place de préfér<strong>en</strong>ce, ce n’est pas <strong>en</strong><br />

vain que l’auteur de la lettre dans l’acte d’écriture cherche “l’inv<strong>en</strong>tion d’un s<strong>en</strong>s”<br />

(Gusdorf, 1990, p. 94) qui lui permette <strong>en</strong> même temps d’aller aux sources qui fond<strong>en</strong>t<br />

son moi le plus profond. L’id<strong>en</strong>tité narrative de l’épistolier ne peut pas, au demeurant,<br />

être conçue sans avoir trait à sa vie personnelle et sociale, à son histoire individuelle et à<br />

l’Histoire communautaire.<br />

Dans le choix de lettres étudiées, nous assistons <strong>en</strong> témoins privilégiés, à la<br />

construction de cette id<strong>en</strong>tité au travers du drame de la guerre. Nonobstant, le sujet étant<br />

suffisamm<strong>en</strong>t large, nous avons été contraints d’opérer une sélection des thèmes<br />

exposés.<br />

Étant donné que les lettres sont le royaume de l’intime, les émotions et les<br />

s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts des épistoliers à propos de la guerre affleur<strong>en</strong>t avec insistance, comme dans<br />

le cas de Thomas. Engagé dès le début de la guerre comme combattant, sa participation<br />

<strong>en</strong> première ligne du front fera surgir <strong>en</strong> lui des s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts qui seront à la base de son<br />

id<strong>en</strong>tité, à comm<strong>en</strong>cer par la révélation d’un esprit non belliciste. Quand bi<strong>en</strong> même il<br />

serait contre l’<strong>en</strong>nemi commun : “Je crois qu’Hitler mérite une sorte de haine” et qu’il<br />

serait <strong>en</strong> faveur de l’action, tel qu’il le laisse voir dans ces propos adressés à André<br />

Gide : “on vous conjure de ne pas rester au rang de contemplateur” (Thomas, 2003, p.<br />

128), son tempéram<strong>en</strong>t modéré et pacifique se révolte contre toute forme de viol<strong>en</strong>ce.<br />

Sa perception de la guerre, <strong>en</strong> tant que soldat, est bi<strong>en</strong> différ<strong>en</strong>te de la propagande<br />

diffusée par le gouvernem<strong>en</strong>t. Une attitude de révolte contre la guerre devi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> lui<br />

persistante d’autant plus que les combats sont <strong>en</strong> recrudesc<strong>en</strong>ce. Voici ce qu’il écrit à<br />

7<br />

Dayan, M. (1997). "Préface". Dans J.-F. Chiantaretto (Dir.), Écriture de soi, écriture de l’histoire (pp.<br />

13-16). Paris : In Press.<br />

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