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texto y sociedad en las letras francesas y francófonas

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exist<strong>en</strong>tialiste, cette fois au féminin.<br />

Le dernier roman de Maissa Bey, Bleu, Blanc, Vert (2006) est représ<strong>en</strong>tatif du<br />

regard que celle-ci porte sur la société algéri<strong>en</strong>ne et dans le cadre de ce colloque ce livre<br />

peut éter évocateur. Le roman conjugue la vie au masculin et au féminin avec des<br />

tonalités différ<strong>en</strong>tes, orchestre de chambre intimiste pour Elle, pleine symphonie de la<br />

vie civile pour Lui. Le récit s’articule autour de trois volets, trois périodes importantes<br />

dans l’histoire de l’Algérie. Il comm<strong>en</strong>ce à l’indép<strong>en</strong>dance de 1962 et s’interrompt <strong>en</strong><br />

1992, comme si l’’av<strong>en</strong>ture personnelle ne pouvait se distancer de l’av<strong>en</strong>ture nationale,<br />

comme si les relations masculin/féminin dominai<strong>en</strong>t la scène sociale. Politique nationale<br />

et familiale s’<strong>en</strong>tremêl<strong>en</strong>t et l’histoire nationale se reflète dans l’histoire privée de<br />

chacun racontée à la première personne. L’histoire de Leila va alterner avec celle d’Ali<br />

et masculin et féminin apparaîtront comme des constructions culturelles qui se modèl<strong>en</strong>t<br />

et se manipul<strong>en</strong>t dès l’<strong>en</strong>fance.<br />

L’homme révolté devi<strong>en</strong>t ici femme révoltée face à une condition plus sociale que<br />

métaphysique. Cette révolte, la narratrice, comme l’auteure, l’a apprise de son père,<br />

nationaliste algéri<strong>en</strong> qui s’est très tôt <strong>en</strong>gagé dans le mouvem<strong>en</strong>t de libération de son<br />

pays. La guerre pour l’indép<strong>en</strong>dance, arrière plan collectif mais aussi éminemm<strong>en</strong>t<br />

personnel avec la mort du père, lui a fait pr<strong>en</strong>dre consci<strong>en</strong>ce du caractère insout<strong>en</strong>able<br />

de l’oppression. C’est dans cette révolte qu’elle a appris à exprimer sa volonté. Très tôt,<br />

elle trouve ses propres raisons de dire “je veux” ou “je ne veux pas”. Elle transfère la<br />

cause nationaliste à la cause féministe. “Je veux tracer les chemins de ma vie”, dit-elle.<br />

Cet esprit de révolte est catalysé dans les relations que la narratrice <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>t avec<br />

le masculin. La reconnaissance de droits spoliés au niveau national évoque chez la jeune<br />

fille d’autres droits auxquels elle n’a pas accès. Elle se r<strong>en</strong>d compte très vite que les<br />

garçons de son âge ne sont pas comme les filles “sous tutelle légale et définitive”. Vite,<br />

les colères de la jeune fille se transformeront <strong>en</strong> révoltes de femme, contre un système<br />

social qui a fait germer le goût de la liberté, mais l’occulte quand on passe à la relation<br />

masculin/féminin. La cause des femmes lui paraît aussi naturelle que la cause<br />

nationaliste. Leila, Elle, est la vraie fille de son père, elle s’approprie le masculin par la<br />

parole afin de dénoncer le sil<strong>en</strong>ce des femmes. Le terrain d’exploration de la jeune<br />

femme est l’immeuble dans lequel vit sa famille, un royaume de femmes où s’etal<strong>en</strong>t les<br />

misères, tant de souffrances au féminin.<br />

L’itinéraire de la révolte passe par la reconnaissance de l’aliénation de ces<br />

femmes dont elle connaît les humiliations souv<strong>en</strong>t tues. Au travers d’elles elle<br />

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