UNESCO. General Conference; 30th; Records ... - unesdoc - Unesco

(14.3) Car on ne saurait parler de paix quand trois enfants sur dix qui naissent meurent avant d'avoir atteint l'âge
d'aller à l'école ; quand d'autres arrivent à l'école avec des handicaps physiques insurmontables engendrés par des
parasitoses, une anémie chronique et d'autres problèmes physiques qui les empêchent de suivre un enseignement
normal. On ne saurait parler de paix quand six enfants d'âge scolaire sur dix font l'objet de violences et de
maltraitance de la part de leurs parents ou de leurs maîtres, et quand quatre fillettes sur dix souffrent de
discrimination à l'école du fait de leur sexe. On ne saurait parler de paix quand sept femmes sur dix subissent des
violences verbales ou corporelles de la part de leur compagnon ou de leur époux. Et l'on ne saurait parler de paix
alors que 20 % de privilégiés continuent de détenir 70 % des biens et des ressources, tandis que les 80 % restants
n'en détiennent que 30 %. En matière de paix, les vaines déclarations doivent désormais céder la place à des actions
concrètes.
(14.4) Dans un monde où le sectarisme et l'intolérance ont créé des barrières infranchissables entre les peuples,
que faire pour parvenir à une unité fondée sur la diversité ? Comment respecter les différences et promouvoir des
sociétés pluriethniques et multiculturelles ? Mon pays, qui se donne pour principe directeur l'unité dans la
diversité, s'est efforcé de répondre à ces questions : l'interculturalité, le multilinguisme et la coexistence
pluriethnique sont des caractéristiques essentielles de la Bolivie.
(14.5) Dans un autre ordre d'idées, les orientations définies dans le cadre de certaines réunions convoquées
récemment par l'UNESCO dans ses principaux domaines de compétence, à savoir la culture (Stockholm, mars
1998), l'enseignement supérieur (Paris, octobre 1998) et la science (Budapest, juin 1999), me semblent
importantes. Les déclarations auxquelles ont abouti chacune de ces réunions doivent donner lieu à des actions
concrètes. La volonté politique doit aller de pair avec l'affectation des ressources nécessaires pour mettre en oeuvre
les plans d'action élaborés.
(14.6) Il est, par exemple, d'une importance capitale de renforcer l'Institut international pour l'enseignement
supérieur en Amérique latine et dans les Caraïbes, afin qu'il puisse disposer de ressources lui permettant
d'approfondir son appui aux processus de réforme et de transformation que sont en train de mettre en œuvre les
établissements d'enseignement supérieur de la région, dont ceux de la Bolivie.
(14.7) Nos pays ont également attribué un rang prioritaire à l'évaluation d'un autre événement d'importance
décisive dans le domaine de l'éducation de base qui s'est tenu précisément au début de l'actuelle décennie, la
Conférence mondiale sur l'éducation pour tous qui s'est réunie à Jomtien en 1990, et dont la Bolivie a intégré les
conclusions dans la réforme de l'enseignement qu'elle a entreprise voilà quatre ans.
(14.8) La Bolivie se prépare à organiser en l'an 2000 la réunion du Comité régional intergouvernemental du
Projet majeur dans le domaine de l'éducation en Amérique latine et dans les Caraïbes (PROMEDLAC VII). Ce
rendez-vous permettra de dresser un bilan des actions menées dans ce domaine. C'est là également que seront
définies les orientations des prochaines années, en tenant compte de l'évaluation actuellement réalisée par le
Bureau régional d'éducation pour l'Amérique latine et les Caraïbes de l'UNESCO (OREALC).
(14.9) La Bolivie, qui est le berceau de grandes cultures, est également un sanctuaire de la nature où l'on
préserve la biodiversité des montagnes andines ainsi que des vallées et des plaines tropicales. Les villes boliviennes
de Potosí et Sucre, les missions jésuites de Chiquitos et le Fort de Samaipata ont déjà été déclarés sites du
patrimoine culturel de l'humanité et des démarches sont en cours en vue de l'inscription de Tiwanaku et des parcs
naturels sur la Liste du patrimoine mondial.
(14.10) Conscients de l'importance qu'il y a à préserver les diverses formes du patrimoine immatériel et
convaincus que nous devons rechercher des points de convergence afin qu'une convention puisse protéger ce
patrimoine qui représente la création artistique des peuples, nous nous réjouissons que le Conseil exécutif ait
approuvé le règlement relatif à la proclamation par l'UNESCO des "chefs-d'oeuvre du patrimoine oral et immatériel
de l'humanité". Une artiste bolivienne est membre du jury international constitué à cet effet et mon pays a proposé
de créer un prix biennal destiné à couronner les formes d'expression populaire ou traditionnelle et les espaces
culturels proclamés "chefs-d'œuvre".
(14.11) Dans ce contexte, il est également important de citer le projet relatif aux "Trésors humains vivants", qui a
pour objet de sauvegarder et de protéger les cultures traditionnelles et populaires conformément à l'un des objectifs
de l'UNESCO, et qui permet donc de protéger et de perpétuer des formes d'expression culturelle en voie de
disparition. Le ministère dont j'ai la charge, conscient de la nécessité de renforcer notre identité nationale, prépare
actuellement un projet relatif à la création d'un prix visant à permettre à ceux qu'il récompenserait dans les divers
domaines de l'art de transmettre leurs connaissances et leur enseignement à un groupe de jeunes artistes
sélectionnés.
(14.12) Enfin, à l'aube d'un nouveau millénaire et alors que l'Organisation va être placée sous une nouvelle
direction, il est capital de promouvoir une culture des valeurs éthiques et morales, entre autres, en élargissant et en
approfondissant l'action menée contre la violence dont sont victimes les enfants, cette violence qui leur est imposée
dans leurs foyers, à l'école et dans la rue. Une culture des valeurs qui mette un frein à la corruption qui sape les
fondements de notre société, une culture des valeurs qui encourage la mise en oeuvre d'initiatives et qui mette
l'accent sur la formation complète des ressources humaines.
97
4