UNESCO. General Conference; 30th; Records ... - unesdoc - Unesco

d'insécurité s'installe. Des fléaux tels que les guerres, les génocides, les exclusions, les violences, les famines, les
épidémies, les drogues, les contaminations multiformes, les corruptions, le chômage endémique vont-ils
disparaître ? La stabilité, la justice et la prospérité seront-elles au rendez-vous du siècle à venir ?
6.10 Devant ce bilan contrasté, et face aux incertitudes, les pays du Nord s'organisent avec méthode et
détermination en ensembles politiques, économiques ou sécuritaires viables capables de relever les défis de
demain. Certaines puissances se prennent même à rêver d'un projet politique mondial pour gouverner et gérer la
planète. Dans le même temps, les pays du Sud restent en proie à leurs problèmes existentiels. Ainsi, l'Afrique doit
toujours faire face aux crises les plus dures de son histoire : mal ou non-développement, fardeau d'une dette de
plus en plus insupportable, mévente des matières premières, problèmes de santé publique avec, notamment, la
pandémie du sida, calamités naturelles, instabilité politique, recrudescence des conflits armés intra- ou
interétatiques.
6.11 Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs, le Gabon et le Président Bongo ne sont pas de ceux qui
pensent que l'instabilité en Afrique est une fatalité, que l'Afrique est "en panne de projet". Ils ne sont pas de ceux
qui décrètent que l'Afrique est un continent irrémédiablement sinistré. L'Afrique peut et doit vaincre l'adversité.
Mais pour vaincre il faut savoir pour quel enjeu on se bat. L'Afrique doit d'abord se battre pour la paix, la paix à
l'intérieur comme à l'extérieur des frontières des différents pays. Nous sommes tous convaincus en effet que seule
la paix peut permettre, en Afrique comme ailleurs, un développement viable et durable.
6.12 De même, nous sommes tous d'avis que l'instauration de la paix doit obéir à des considérations
politiques, économiques et sociales. Nous sommes tous d'avis que la paix postule l'exercice des droits les plus
élémentaires de l'homme, le respect des libertés publiques, la démocratie, la bonne gouvernance, l'éducation,
l'emploi. On ne peut vivre en paix dans la pauvreté, avec la maladie ou la famine.
6.13 L'Afrique doit mettre un terme à l'aveuglement, à l'intolérance, à la violence, à l'extrémisme. Elle doit
transcender ses problèmes de voisinage, dépasser les difficultés résultant de frontières aux tracés souvent
arbitraires, de sous-peuplement ou de surpeuplement souvent hétérogènes, de vieilles rivalités ethniques ou
religieuses, d'intérêts personnels exacerbés de certains de ses dirigeants, d'influences croisées de certaines
puissances étrangères. Incapables en effet de garantir la sécurité et de promouvoir la prospérité, insensibles aux
convulsions et aux aspirations de toutes les composantes de leurs nations en fondation, peu soucieux de l'intérêt
général et du bien-être collectif, certains dirigeants ou leaders politiques doivent cesser d'exploiter les différences
en semant la haine.
6.14 La paix en Afrique passe aussi par l'émergence d'un Etat de droit véritable, qui garantisse le bon
exercice de la justice et des pouvoirs publics, et qui privilégie un espace politique de dialogue, de confrontation
d'idées. L'Afrique doit résoudre ses difficultés d'environnement institutionnel. Les Africains portent une lourde
responsabilité. Pour relever ce défi, l'Afrique doit d'abord compter sur elle-même, sur le génie propre et la
solidarité foncière de ses peuples, sur l'extraordinaire potentiel de ses ressources naturelles, sur les mutations
irréversibles en matière de primauté du droit, d'éclosion des intelligences et de formation des cadres.
6.15 Mais dans un monde où les frontières des espaces, des hommes et des choses deviennent de plus en plus
conventionnelles voire artificielles, dans un monde qui devient de plus en plus une mosaïque mouvante où se
dessinent tensions vitales et menaces mortelles, dans un monde en proie aux conflits, aux inégalités et aux
égoïsmes, l'Afrique doit aussi compter sur le soutien de la communauté internationale, à laquelle j'ai l'insigne
honneur de m'adresser aujourd'hui dans ce temple du savoir, du dialogue et de la fraternité qu'est l'UNESCO.
6.16 Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs, au-delà de ses missions traditionnelles de promotion de
l'éducation, de la science et de la culture, l'UNESCO doit aussi promouvoir la paix dans le monde. Est-il besoin
de rappeler, comme le stipule le Préambule de l'Acte constitutif de notre Organisation, que "les guerres prennent
naissance dans l'esprit des hommes" et que l'UNESCO a été créée pour contribuer également au maintien de la
paix et de la sécurité.
6.17 C'est le lieu de saluer ici l'initiative prise par l'Assemblée générale des Nations Unies en 1997 et en 1998
respectivement de proclamer l'an 2000 "Année internationale de la culture de la paix" et la décennie 2001-2010
"Décennie internationale de la promotion d'une culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du
monde".
6.18 Je me réjouis de ce que l'UNESCO, convaincue que "c'est dans les esprits des hommes que doivent être
élevées les défenses de la paix", ait fait de ces initiatives un axe essentiel de sa politique. En effet, les Assises de
l'Afrique tenues dans cette enceinte en 1995, la Conférence sur "la culture de la paix et la bonne gouvernance",
organisée dans le cadre du projet DEMOS-Afrique à Maputo en 1997, la Conférence panafricaine des femmes
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