UNESCO. General Conference; 30th; Records ... - unesdoc - Unesco

14.37 Bienvenue au plan local, nécessaire pour mettre en relation acteurs de terrain et responsables politiques,
l'UNESCO reste et restera toujours indispensable comme cette enceinte internationale où se mènent un travail
intellectuel rigoureux et une réflexion éthique à la fois libre et globale. Quelle impulsion pourrions-nous donner
aux réseaux que nous animons, si nous n'avions d'abord la capacité de proposer des points de repère ? Quelle
valeur ajoutée présenterait notre action de terrain, si elle ne témoignait pas en faveur d'une conception différente
du développement et du progrès humain ?
14.38 Ces missions étroitement solidaires entre elles - de leadership intellectuel et éthique, d'animation de
réseaux d'information et de partage, de présence mobilisatrice sur le terrain - appellent bien sûr des formes
d'action très diverses, qu'il faut mener de front. Longtemps, l'UNESCO a procédé par le biais de réunions
d'experts et d'ateliers de formation ou par l'envoi de missions internationales. Plus récemment, elle s'est orientée
vers l'animation de réseaux divers, le partenariat avec les ONG, les parlements, les villes, la construction de
relations suivies entre universités, chaires UNESCO, ou équipes de recherche. Toutes ces formes d'action ont leur
vertu, et toutes doivent être mises à profit. Mais il faudra aussi explorer les ressources nouvelles de la technologie
qui permettent d'établir des relations d'un type nouveau, affranchies de la distance et du temps, et qui réorientent
l'emploi du temps humain vers l'action de proximité.
14.39 Il est aujourd'hui facile d'échanger à l'échelle internationale, au sein de ce groupe plus ou moins
homogène qui, dans tous les pays, fournit les effectifs de la classe dirigeante. Il reste toujours aussi difficile
d'articuler les idées partagées dans cette sphère internationale avec les réalités nationales et locales, et de les
mettre en relation dynamique avec les représentations de ceux dont la vie a encore un horizon limité au village ou
au quartier - c'est-à-dire l'immense majorité de nos contemporains. Et quand je dis, Mesdames et Messieurs,
l'immense majorité de nos contemporains, je ne pense pas seulement aux pays en développement.
Malheureusement, la connaissance du monde dans sa globalité est aujourd'hui très mince. Voilà un autre
changement à apporter aux contenus. Les enfants doivent apprendre dès leur plus jeune âge que la terre est ronde,
que le monde est grand, car il faut qu'ils puissent comparer et connaître l'histoire de la terre entière. Il n'y a en
effet pas d'éthique ni de valeurs sans mémoire et sans possibilité de comparaison.
14.40 Nous avons pour nous aider dans cette tâche les commissions nationales, établies, comme vous savez,
conformément à l'Acte constitutif de l'UNESCO. Je peux dès aujourd'hui vous annoncer la parution d'une
deuxième version des profils par pays qui est sensiblement meilleure que la première. J'espère que la troisième
sera meilleure encore. Je souhaite vivement que les commissions nationales nous aident de façon permanente à
perfectionner ces profils pour qu'ils reflètent la réalité de la situation dans chaque pays et révèlent quelles sont les
activités de l'Organisation et qui sont ceux qui collaborent le plus à l'accomplissement de sa tâche.
14.41 Il est temps à présent, comme je disais tout à l'heure, d'agir plus près des hommes et des femmes si
divers qui composent la réalité des sociétés ; il est temps de dépasser le cercle des élites, et de resserrer le lien
entre les initiatives développées localement et la visée globale que l'UNESCO poursuit à l'échelle internationale.
L'Organisation s'y efforce, depuis de nombreuses années, grâce notamment à son réseau d'unités décentralisées,
qui lui permet de fonctionner comme un ensemble de centres nerveux disséminés dans le monde entier, mettant
en pratique ce principe d'interactivité qui est au coeur même de sa mission. C'est à mon avis une question très
importante. Je vous demande de lire très attentivement le document que je présente sur la décentralisation parce
que j'estime qu'il s'agit là d'une vision de l'action de l'UNESCO qui relève d'une décision de caractère
essentiellement politique même si elle comporte des aspects administratifs. Je vous demande donc de vous
pencher sur cette question en toute sérénité en donnant la parole à tous ceux qui disposent aujourd'hui d'une unité
hors Siège ou d'un institut, ces organismes qui sont le prolongement du Secrétariat dans les Etats membres et
doivent être un représentant intégral de l'UNESCO, plutôt qu'à ceux qui en sont dépourvus ou à ceux qui, déjà
dotés d'une telle entité depuis très longtemps, pensent que les autres peuvent s'en passer. Vous pourrez ainsi
déterminer quels sont les vrais enjeux des démarches à mon avis aujourd'hui absolument indispensables à l'action
de l'Organisation.
14.42 Qu'est-ce que c'est qu'être un représentant intégral - question maintes et maintes fois posée ? Selon moi,
c'est d'abord et partout incarner et défendre le message éthique de notre Organisation, celui de la solidarité
intellectuelle et morale de l'humanité ; celui aussi de la primauté de l'être humain, détenteur originel des droits de
l'homme, que la société et l'histoire n'ont reconnus que tardivement et incomplètement et mis en oeuvre parfois
trop tard, parfois trop mal.
14.43 C'est incarner et défendre l'extraterritorialité de la culture, et cela, je vous le dis aussi, en ma qualité de
Catalan, d'Espagnol et de citoyen du monde. Il faut défendre l'extraterritorialité de la culture, parce que c'est un
patrimoine commun de toute l'humanité, et dont chaque être humain est un composant irréductible et
irremplaçable.
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