03.04.2013 Views

UNESCO. General Conference; 30th; Records ... - unesdoc - Unesco

UNESCO. General Conference; 30th; Records ... - unesdoc - Unesco

UNESCO. General Conference; 30th; Records ... - unesdoc - Unesco

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

(30) Le PRESIDENT (traduit du russe) :<br />

Je vous remercie, Monsieur Akwesi. A votre pays qui a tant souffert on ne peut que souhaiter la paix dans<br />

les plus brefs délais. Le dernier orateur avant la pause est M. Cavalcanti, secrétaire général de l'Union latine.<br />

31.1 M. CAVALCANTI (Union latine) :<br />

Monsieur le Président, Monsieur le Président du Conseil exécutif, Monsieur le représentant du Directeur<br />

général, Messieurs les ministres, Mesdames et Messieurs les délégués, nous nous trouvons, en ce moment, à<br />

moins de deux mois de l'avènement d'un nouveau millénaire, moment fatidique selon nos ancêtres, qui avaient<br />

craint la fin du monde lors du passage du premier au deuxième millénaire. Une telle date nous laisse aujourd'hui<br />

indifférents quant à la survie de notre espèce ou la sauvegarde de nos âmes. Le grand fantôme de cette fin de<br />

millénaire ou de la naissance du prochain est plutôt "Y2k", le bogue de l'an 2000. Ce cryptogramme résume de la<br />

manière la plus synthétique la grande évolution de l'histoire de l'humanité durant ces dix derniers siècles. Ce n'est<br />

pas la main de Dieu qui vient menacer l'humanité de destruction pour ses péchés, mais plutôt les machines créées<br />

par l'homme qui offrent la possibilité d'altérer son destin.<br />

31.2 Telles sont les réflexions qui me viennent à l'esprit quand je songe au rôle d'institutions comme les<br />

nôtres, l'<strong>UNESCO</strong> et l'Union latine, et ce dans les années qui suivront la venue du nouveau siècle. Et c'est<br />

volontairement que je choisis une mesure de temps plus accessible à notre esprit. Qui peut, en effet, résumer un<br />

millénaire, déterminer les grandes lignes des mouvements de l'histoire sur un espace de temps aussi large ? En<br />

revanche, nous pouvons parler du siècle, et nous pourrions même dire, comme d'aucuns l'on déjà fait, que le XXe<br />

siècle fut un siècle court, qui commença en 1914 avec la première guerre mondiale et se termina en 1989 avec la<br />

chute du mur de Berlin. Vaines paroles, cependant, parce que ces dix dernières années furent marquées par des<br />

événements imprévisibles, comme le furent ceux qui précédèrent la fin du communisme soviétique.<br />

31.3 De toute manière, force nous est de prévoir des tendances, de faire des prévisions pour pouvoir prendre<br />

des mesures. Et que peut pressentir notre capacité de perception limitée, en ce moment, de ce que seront les<br />

chemins qui nous attendent ? Anticiper, pour le XXIe siècle, la mondialisation totale de l'économie, et en déduire<br />

la possibilité, sinon la probabilité, d'une mondialisation aussi politique que culturelle ? Pouvons-nous, en fait,<br />

accepter que notre monde futur ne connaisse qu'un seul modèle économique, l'économie de marché, un seul<br />

modèle politique, la démocratie libérale, et un seul modèle culturel, celui qui, par euphémisme, est considéré<br />

comme "le fruit de la libre circulation des idées", mais qui, de fait, signifie une abdication face aux fournisseurs<br />

d'idées et d'images qui possèdent une meilleure maîtrise technologique ?<br />

31.4 Des institutions comme les nôtres n'ont pour objectif ni de réformer l'économie mondiale ni d'implanter<br />

des modèles politiques, même si elles peuvent et doivent contribuer à rendre le progrès matériel des peuples plus<br />

équitable et les régimes politiques plus conformes à la défense des droits de l'homme. Notre champ d'action est,<br />

avant tout, culturel. Je suis persuadé que nous n'avons aucun doute à ce sujet, mais cela ne nous empêche pas de<br />

nous engager dans de grands débats et de défendre parfois des positions inconciliables, sur la manière dont nous<br />

devons agir, et les buts que nous souhaitons atteindre.<br />

31.5 Un de ces débats les plus insidieux qui ait été entamé dans la seconde moitié de ce siècle, et qui<br />

d'ailleurs dure toujours sans conciliation possible en apparence, oppose deux visions de la culture : d'une part,<br />

une vision anthropologique ou ethnologique attribuant à nos institutions un rôle de simple reconnaissance passive<br />

des usages et des coutumes des peuples qu'elles rassemblent ; d'autre part, une vision qui assimile la culture au<br />

perfectionnement et au progrès de ces mêmes usages et coutumes, en vue d'assurer à l'homme une plus grande<br />

capacité de dominer la nature dans l'intérêt de l'individu et de la collectivité, conférant ainsi à nos institutions une<br />

fonction téléologique.<br />

31.6 Derrière ces réflexions apparaît la question des identités culturelles, nationales ou régionales. Elle est<br />

importante pour une institution comme l'Union latine, qui se propose de protéger l'identité culturelle des peuples<br />

d'expression latine et leur intégration à un schéma de valeurs universelles que les populations d'origine latine<br />

elles-mêmes ont contribué à bâtir. Quand nous faisons notre examen de conscience, nous pouvons conclure, à<br />

l'instar de Carlos Fuentes, lauréat du prix de la latinité récemment institué par les Académies des lettres française<br />

et brésilienne que "la vraie identité est à rechercher dans le métissage et la diversité des cultures". Une telle<br />

pensée semble évidente et elle est nouvelle. Nous voyons le monde, que l'on croyait sorti indemne des deux<br />

grandes tragédies mondiales de ce siècle, en proie à des guerres fratricides, en raison d'une mauvaise<br />

compréhension de ce que signifient les identités nationales. Qui sait si nous ne devrions pas orienter nos actions<br />

vers la valorisation du pluralisme et du métissage culturel au lieu de défendre la fausse pureté d'identités<br />

provisoires ? Soyons clairs. Quand Carlos Fuentes parle de métissage culturel, il veut dire que toute culture est<br />

métissage. Et cela est vrai même des cultures qui paraissent le plus identifiables à un peuple ou une époque, parce<br />

que toutes sont le résultat de plusieurs influences exercées sur un groupement humain, tout au long d'une période<br />

de l'histoire.<br />

435<br />

12

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!