UNESCO. General Conference; 30th; Records ... - unesdoc - Unesco

27.29 Il s'agit d'une évolution fondamentale, qui transforme le rôle et l'organisation du Secrétariat. Si, naguère,
ce dernier a pu être considéré comme le principal protagoniste de l'Organisation, il est désormais évident que ce
sont les Etats membres et d'innombrables partenaires au sein des sociétés qui sont les premiers acteurs et les
meilleurs garants du succès de l'UNESCO. La mission du Secrétariat est dès lors, outre son rôle de préparation et
de suivi des décisions des organes directeurs, d'animer, de coordonner, d'évaluer les actions qui donnent corps
aux politiques décidées par la Conférence générale. Cette fonction se situe manifestement en amont de la plupart
des activités à entreprendre, mais suppose aussi une présence rapprochée auprès des acteurs engagés dans les
actions concrètes. Je me félicite à cet égard du soutien apporté par de nombreux Etats membres aux activités de
l'Organisation dans le domaine de l'anticipation et de la prospective, et notamment aux Entretiens et Dialogues du
XXIe siècle, ainsi qu'au rapport prospectif, propres à hâter l'avènement d'"un monde nouveau". Bon nombre
d'Etats membres ont demandé que soit résolument poursuivi et même intensifié l'effort de l'Organisation dans ce
sens. Comme vous le savez, j'ai annoncé tout dernièrement ma décision de créer un Conseil du futur afin que
l'Organisation puisse jouer pleinement son rôle de tour de vigie, ne se bornant pas à décrire les évolutions, mais
tentant, à tout le moins, d'écrire notre avenir commun.
27.30 Certes, l'UNESCO n'est pas une institution de financement, ni une organisation d'ingénierie fournissant
des experts, encore moins un organisme ayant pour finalité son propre déploiement. L'UNESCO est une
organisation de coopération intellectuelle et morale entre les peuples, par le truchement de l'éducation, de la
culture, de la science et de la communication. Le délégué des Pays-Bas nous a invités à définir l'UNESCO du
futur comme le forum de la connaissance.
27.31 Forum de connaissance, oui, mais pour quoi faire ? Nous avons réfléchi ici de manière approfondie aux
objectifs que devait se proposer l'UNESCO, et je viens d'essayer de les résumer. Ces objectifs n'ont rien
d'abstrait, ils répondent à des besoins, qui ne relèvent pas tous de l'urgence. Les plus fondamentaux gisent
probablement dans le long terme, et nous devons garder une vision haute pour passer de la compassion face aux
malheurs du temps à l'action pour fonder un bonheur durable. Mais qu'il s'agisse d'action à effet immédiat ou
d'investissement patient dans la durée, il importe, Madame la Présidente, que nous gardions à l'esprit votre
invitation vigoureuse à agir, agir, et agir encore, c'est-à-dire à consacrer toute notre énergie, toutes nos
ressources, à transformer le monde, sans nous satisfaire de le refléter.
27.32 Cet objectif d'action pose en plein le problème des niveaux d'intervention de l'UNESCO. Vous êtes
nombreux à avoir insisté sur son rôle en amont, sa mission de veille, sa fonction normative. Mais aucun Etat
membre ici n'accepterait que l'UNESCO ne soit pas active sur son territoire, dans les champs de préoccupation
qui sont les siens. Il convient donc que l'UNESCO soit aussi motrice de projets. Cette double entrée, par le haut
et sur le terrain, pose tout le problème de la programmation, que vous voulez à la fois concentrée, pour produire
des résultats, et largement déployée, pour ne rien laisser en dehors de notre champ d'intervention. Les débats de
cette session ont clairement indiqué un objectif de recentrage, rendu au surplus inévitable par l'esquisse que la
majorité des interventions ont donné au cadre budgétaire du prochain exercice biennal. Il vous faudra, dans le
travail en commissions, trouver la sagesse d'identifier les priorités autour desquelles est susceptible de se
produire le plus vaste effet de généralisation, dont l'ancien président de la Conférence générale, M. Portella,
disait justement dans son allocution d'ouverture, qu'il est le meilleur critère de l'efficacité pour notre Organisation
et qui suppose que celle-ci soit présente sur le terrain, dans tous les Etats membres.
27.33 C'est pourquoi je ne pense pas que les améliorations pratiques que vous avez souhaitées, fondées sur un
renouveau des systèmes de programmation et de gestion, dans le souci d'une transparence et d'une rigueur
gestionnaire toujours plus grandes, épuisent la question de l'efficacité de l'UNESCO qui, je viens de le dire, exige
qu'elle soit aux côtés et à l'écoute des Etats membres pour pouvoir réagir immédiatement. S'il est certain que le
renouvellement du Secrétariat, qui commencera par son chef dans quelques jours, est aujourd'hui un objectif
important, j'attache pour ma part le plus grand prix à une réelle convergence des efforts entre le Directeur général
et les organes directeurs, gage de cohésion dans l'impulsion et dans le suivi des politiques qui se définissent ici.
Comme l'a encore fort bien dit un des intervenants, "il n'est de gestion que par rapport aux nécessités des Etats
membres", et c'est cette compréhension politique, au sens le plus noble de la gestion, qu'il nous appartient de
partager.
27.34 Madame la Présidente de la Conférence générale, Mesdames et Messieurs les ministres, Mesdames et
Messieurs, en examinant ainsi les perspectives que vos débats viennent de tracer à l'UNESCO, je me sens porté à
une certaine retenue. J'ai la satisfaction de voir que vos orientations prolongent et développent celles que j'ai eu
le privilège de mettre en œuvre depuis 12 ans, et que l'avenir ainsi tracé consacre en somme un passé qui est très
présent à mon coeur et à mon esprit. Mais cet avenir appartient à mon successeur, pour qui je forme des voeux, et
à qui je suis heureux de passer l'honneur des responsabilités que je vais bientôt déposer.
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