UNESCO. General Conference; 30th; Records ... - unesdoc - Unesco

savons aussi que ce plafond ne sera pas ensuite dépassé de sitôt. Nous connaissons donc l'ampleur du problème
que nous avons à résoudre : désormais cerné, il peut faire l'objet d'un plan d'ensemble. Ce plan d'ensemble, nous
avons les moyens - scientifiques, intellectuels, matériels - d'en assurer la mise en oeuvre, mais celle-ci souffre
encore de l'absence de volonté politique et de constance dans l'effort. C'est par une politique de stabilité, par une
politique de sécurité et de paix à l'échelle mondiale, donc par une politique de partage, par une politique qui
prenne appui sur les développements endogènes, que nous parviendrons à faire face, à remonter à la source de ce
grand problème que représentent ces innombrables exclus, parmi lesquels une grande majorité de femmes, qui
vivent dans des conditions absolument intolérables. Le Président de la Commission du programme et des
relations extérieures du Conseil exécutif, M. Wandiga, du Kenya, a récemment dénoncé ce qu'il a appelé
"Economy without regard to humanity" - L'économie indifférente à l'humanité - et l'exploitation sans scrupule
des ressources naturelles reçues en héritage. Si nous voulons vraiment que chaque pays tire profit de ses
ressources naturelles, aujourd'hui exploitées par des entreprises étrangères, seule une telle politique nous
permettra de réduire, d'abord, puis d'éradiquer, la pauvreté. Mesdames et Messieurs, je le sais, j'en suis témoin, la
pauvreté pousse à la radicalisation, elle nourrit un sentiment de rancune, d'amertume, qui un jour s'exprime par la
violence, qui un jour se traduit par l'émigration massive. C'est pour éviter cela que nous devons - et que nous
pouvons - agir aujourd'hui, à l'échelle de la planète.
14.25 Le deuxième enjeu, c'est la mondialisation qui se poursuivra au siècle prochain, pour le meilleur ou pour
le pire, et qui pourrait bien jeter les bases d'une civilisation nouvelle. La mondialisation obéit aujourd'hui à des
logiques technologiques, financières, économiques, dont la puissance même appelle de manière urgente le
contrepoint vigoureux d'une action affirmative en faveur de l'être humain, qui risque d'être le grand oublié de ce
mouvement en train de se dessiner aujourd'hui. Le développement de la société de l'information, je le disais hier,
j'y reviens très brièvement, représente comme toute crise à la fois un danger et une chance unique de promouvoir
les valeurs défendues par l'Organisation, de promouvoir la démocratie, la paix, la justice, la liberté d'expression.
Il y a là une occasion rêvée de mettre en oeuvre efficacement les idéaux proclamés dans l'Acte constitutif de
l'UNESCO : la libre circulation des idées, une chance égale d'éducation pour tous - je cite le texte lumineux de
son article premier -, l'avancement et la diffusion du savoir, l'accès de tous les peuples à ce que chacun publie et
le renforcement des capacités des Etats membres, notamment de leur infrastructure.
14.26 La société de l'information est désormais un phénomène mondial. Par voie de conséquence, toutes les
organisations internationales ont dans leurs domaines de compétence vocation à traiter des questions qui s'y
rapportent et se doivent de coordonner et d'intégrer encore davantage leurs stratégies respectives. Nous devons
penser avant tout à ceux qui, aujourd'hui encore, sont dans l'impossibilité de se connecter aux réseaux
informatiques et donc de participer aux interactions qu'autorisent ces réseaux, parce qu'ils n'ont pas même
l'électricité. Le Programme solaire mondial revêt à cet égard une extrême importance et j'espère que l'on investira
davantage dans les énergies renouvelables, pour qu'un jour ces exclus aient eux aussi accès à la communication, à
l'information à l'échelle mondiale. C'est pourquoi l'organisation conjointe, par toutes les institutions compétentes
des Nations Unies, d'un sommet mondial sur la société de l'information pourrait être l'occasion de définir une
telle politique intégrée visant à défendre, comme je le disais hier, cette "res publica", ce bien commun mondial.
Mais il nous faut agir de concert. On ne saurait dissocier les contenus et l'infrastructure. Le sommet d'ores et déjà
annoncé par l'Union internationale des télécommunications ne portera que sur la technologie, mais il faut
s'intéresser aussi aux contenus.
14.27 Madame la Présidente, je n'oublierai jamais les mots par lesquels le professeur Sir John Daniel,
président de l'Open University, a commencé une conférence à laquelle j'assistais : "Mesdames et Messieurs, la
réponse c'est la technologie. Quelle était la question ?".Laréponseconsisteàmettrelatechnologieauservice
des grands objectifs spirituels et intellectuels, pour assurer une meilleure distribution des connaissances. Les
contenus encore et toujours, tel est le défi majeur que nous avons à relever en matière d'éducation.
14.28 Le troisième enjeu, c'est l'ensemble des questions éthiques que soulèvent les transformations des sociétés
et les avancées des connaissances elles-mêmes. Ici encore, nous sommes en présence d'évolutions globalement
bénéfiques, mais dont l'ampleur, la portée, la rapidité imposent une très grande vigilance quant à leurs
conséquences sur ce qui fait l'essence même de l'humain. N'oublions jamais que notre Organisation a été créée en
sentinelle contre la négation de la dignité humaine, qui avait été au principe du totalitarisme responsable de la
deuxième guerre mondiale ; il lui incombe encore, aujourd'hui et demain, de veiller sur le patrimoine majeur de
l'humanité - qui, ne l'oublions jamais, est l'humanité elle-même. Chaque fois que l'on me dit que la visibilité de
l'UNESCO passe par la sauvegarde des monuments, je réponds que l'important pour l'UNESCO, c'est la
sauvegarde de chaque vie humaine, de chaque enfant, de chaque être humain.
14.29 Mesdames et Messieurs, face à ces formidables enjeux, que seront les missions de l'Organisation dans
les années à venir ? Vous allez débattre, dans les différentes commissions de programme, de ce que sera
l'UNESCO du XXIe siècle, mais il me semble que quatre grandes missions se dégagent en tout état de cause.
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