UNESCO. General Conference; 30th; Records ... - unesdoc - Unesco

16.1 M. PASTORELLI (Monaco) :
Madame la Présidente, Monsieur le Directeur général, Excellences, Mesdames, Messieurs, au moment
où se tient la dernière session de ce siècle de la Conférence générale, nombreux sont les symboles et les
événements qui font désormais partie de l'Histoire. L'UNESCO n'a cessé d'oeuvrer pour le rassemblement autour
d'un idéal commun à tous : "élever dans l'esprit des hommes, les défenses de la paix". Cet idéal est l'objectif
primordial que notre Organisation n'a cessé de promouvoir depuis sa création sur les ruines de la haine.
L'éducation, la science et la culture demeurent encore de bien fragiles défenses face aux événements dramatiques
qui ont frappé les populations tout au long de ces derniers mois en divers points du globe, maintenant dévastés.
C'est pourquoi, jour après jour, des hommes et des femmes volontaires, à l'écoute des espoirs des populations en
souffrance, se font les relais de la mission de l'UNESCO. Le travail de fond qui est opéré sans relâche par la
prévention et l'éducation, dans le respect des cultures et des religions, est remarquable. Il doit être d'autant plus
mis en lumière que le renoncement n'y trouve jamais sa place et qu'il résiste aux intimidations de toute sorte.
16.2 Dans cet esprit, désormais, toute action en faveur d'un avenir de justice et de paix pour tous est la
bienvenue. Dans cette prise de conscience qui est la nôtre, la culture de la paix devient dès lors un mouvement
universel. La définition d'un grand projet transversal, intitulé "Vers une culture de la paix", qui sous-tend
l'ensemble du programme prévu pour le prochain exercice biennal, est hautement significative de la contribution
inestimable de l'UNESCO à la paix, en ce qu'elle fournit à la communauté internationale une véritable vision du
monde qui nous engage vis-à-vis des générations futures.
16.3 Nous devrons engager une transformation profonde de notre société, guidés par les associations, les
organisations, mais aussi les villes et les Etats qui, en coopérant, contribueront au refus de l'image de l'ennemi et
de la destruction, ferment de la culture de guerre, ainsi qu'au respect de la Convention de Genève, signée voici
50 ans par 188 pays. L'an 2000, qui a été proclamé Année internationale de la culture de la paix, n'est que la
première étape de cette évolution. Toutes les valeurs qui soutiennent la paix seront, sans aucun doute, nos
meilleures armes dans les campagnes de sensibilisation que nous mènerons. Ces valeurs sont la démocratie, les
droits de l'homme, la tolérance, le refus de l'exclusion et de la pauvreté.
16.4 Madame la Présidente, Monsieur le Directeur général, la Principauté de Monaco, qui vient de célébrer le
cinquantième anniversaire de son adhésion à l'UNESCO, ne peut que s'associer à cette démarche. La paix fait
depuis longtemps partie de la culture de mon pays. Le prince Albert 1er de Monaco a été, dès le début de ce
siècle, un ardent promoteur de l'idéal de la paix et des droits de l'homme. Il a concrétisé cet engagement dès 1903
en créant "l'Institut international de la paix", où il réunissait des juristes, des économistes, des philosophes, des
hommes de science, auxquels il confia, à l'époque, la mission suivante : "étudier les moyens de résoudre par
arbitrage les différends entre nations, de propager l'attachement à des méthodes d'heureuse entente, d'extirper la
haine du coeur des peuples". Ces derniers mots ne trouvent-ils pas un écho dans l'admirable Préambule de l'Acte
constitutif de l'UNESCO ?
16.5 Chaque année, la Principauté accueille également la réunion de l'Académie de la paix, qui rassemble un
grand nombre de personnalités de haut rang et d'anciens chefs d'Etat, dont M. Boutros Boutros-Ghali est l'un des
chefs de file. Que dire de plus, si ce n'est que Monaco se félicite vivement de la proclamation de l'Année
internationale de la culture de la paix, ainsi que de la Décennie internationale de la promotion d'une culture de la
non-violence et de la paix au profit des enfants du monde.
16.6 Qu'il me soit permis - après avoir réaffirmé le soutien résolu de la Principauté aux objectifs de
l'Organisation - de relever brièvement dans le Programme particulièrement cohérent, structuré et ambitieux, que
le Directeur général présente à la 30e session de la Conférence générale un certain nombre d'autres activités qui
intéressent directement la Principauté et auxquelles celle-ci s'efforce de participer, à sa mesure - celle d'une ville-
Etat de 30.000 habitants.
16.7 La Principauté, sous l'impulsion de S. A. S. le prince Rainier III, a toujours été sensible à la mission
éthique de l'UNESCO, dont les débats que suscite la mondialisation illustrent de manière exemplaire le bienfondé.
Ce phénomène prenant racine dans la révolution technologique est fascinant. L'accélération de la diffusion
de l'information qu'autorise le réseau mondial de l'Internet est un progrès immense, quoique par certains aspects
inquiétant, étant donné notre incapacité d'en contrôler efficacement les abus.
16.8 La révolution technologique fulgurante que nous vivons pourrait se révéler un progrès paradoxal si elle
devait - au lieu de favoriser la diffusion de l'information - accroître en fait les disparités entre les Etats en faisant
ressortir les inégalités d'accès aux nouvelles technologies, risquant par là même d'entraîner "une nouvelle forme
d'analphabétisme". Elle pourrait également se traduire par une uniformisation culturelle et mettre en péril
l'indépendance et le pluralisme des médias.
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