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UNESCO. General Conference; 30th; Records ... - unesdoc - Unesco

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16.1 M. DJENNO-OKOUMBA (Gabon) :<br />

Madame la Présidente de la Conférence générale, Monsieur le Président du Conseil exécutif, Monsieur<br />

le Directeur général, honorables délégués, Mesdames et Messieurs, nous autres, Africains, lorsque nous sommes<br />

conviés à l'installation de quelqu'un que nous connaissons, parce que dans une vie antérieure il a travaillé en<br />

Afrique, de surcroît, quelqu'un que nous avons librement choisi pour diriger notre maison commune, comme c'est<br />

aujourd'hui le cas avec notre ami Koïchiro Matsuura pour l'<strong>UNESCO</strong>, nous sommes généralement tentés de ne<br />

pas faire de discours. D'abord parce qu'à un ami on ne fait pas de discours. Ensuite, parce que le risque existe<br />

qu'on le couvre trop prématurément d'éloges, alors qu'il n'a même pas encore commencé ce pour quoi nous<br />

l'avons élu. Nous attendrons que M. Matsuura s'installe, qu'il prenne les choses bien en main, et qu'il nous<br />

invite - nous espérons le plus souvent possible - à venir lui dire ce que nous avons sur le coeur. Nous attendons<br />

donc, même si c'est avec une grande impatience, d'avoir l'occasion de lui faire notre première visite amicale de<br />

travail.<br />

16.2 Honorables délégués, Mesdames et Messieurs, ayant contribué à votre élection, Monsieur le Directeur<br />

général, nous vous considérons comme un interlocuteur privilégié et un partenaire indispensable pour la conduite<br />

de cette vaste entreprise au service des idéaux de notre Organisation, un ami, à qui nous venons tout de même de<br />

confier une charge écrasante - et le mot n'est pas trop fort pour qui connaît l'extraordinaire complexité de cette<br />

maison -, même si, Monsieur le Directeur général, cette charge vous nous l'avez vous-même demandée !<br />

16.3 Je disais donc que nous autres Africains, lorsque nous prenons part à des manifestations telles que celle<br />

qui nous réunit agréablement aujourd'hui, autour du nouveau Directeur général, nous préférons nous en tenir à<br />

des choses simples, comme de dire bravo. Bravo au digne fils du Japon, pays du soleil levant. Bravo à<br />

Mme Matsuura, son épouse qui, comme chacun peut le deviner, a joué un rôle non négligeable dans la réussite<br />

que nous saluons aujourd'hui. Bravo au Japon, riche d'une histoire et d'une culture originales. Et bien entendu,<br />

tous nos compliments aux plus hautes autorités de ce pays pour l'engagement qu'elles prennent en mettant à la<br />

disposition de l'<strong>UNESCO</strong> l'un de leurs meilleurs représentants.<br />

16.4 Toutefois, Monsieur le Directeur général, nous ne serions pas des amis sincères si nous ne vous invitions<br />

pas à partager notre souci de vigilance, vigilance concernant les priorités de l'Organisation, dont l'Afrique,<br />

vigilance concernant le programme et le budget, vigilance concernant la décentralisation et vigilance concernant<br />

la visibilité et l'image de notre Organisation, tant au sein du système des Nations Unies que dans l'opinion des<br />

Etats membres. Sur ces différents sujets, nous connaissons l'étendue de nos responsabilités. Nos propositions<br />

existent, notre engagement, aussi. Ils sont à votre disposition. Dans tous les cas soyez assuré que le Groupe<br />

africain vous accordera son soutien indéfectible et ne ménagera aucun effort pour apporter sa contribution à<br />

l'oeuvre immense qui vous attend.<br />

16.5 Monsieur le Directeur général, la quête d'une culture de la paix, notamment à la lumière des nombreux<br />

conflits actuels, révèle que les enjeux du prochain millénaire sont la diversité, le pluralisme culturel, le dialogue<br />

entre les cultures et les religions, ainsi que les civilisations, le devoir de mémoire, les droits de l'homme et le<br />

développement. L'Afrique, traversée en profondeur par tous ces enjeux, cherche avec conviction et détermination<br />

ses propres réponses. Ses réponses lui sont inspirées par son pluralisme culturel vibrant, sa longue mémoire<br />

historique et les valeurs fondamentales du partage et de la solidarité.<br />

16.6 Monsieur le Directeur général, l'histoire n'a pas épargné l'Afrique, mais comme le disait le philosophe<br />

Jean-Paul Sartre : "L'important n'est pas ce que l'histoire fait de nous, mais ce que nous faisons de ce que<br />

l'histoire fait de nous". C'est précisément ce que l'Afrique a voulu dire lorsque fut lancée la grande initiative de<br />

La Route de l'esclave, par laquelle nous demandions à l'<strong>UNESCO</strong> et à la communauté internationale d'établir un<br />

lien entre la vérité historique sur la tragédie occultée de la traite négrière, et les interactions et conséquences de<br />

cette traite dans les Amériques et les Antilles sur le plan humain, culturel et spirituel. Il convient ici de rappeler<br />

des vérités premières : le sous-développement du continent africain, qui ne peut être expliqué en profondeur sans<br />

tenir compte de la saignée humaine dont l'Afrique a été victime pendant quatre siècles du fait de l'esclavage et de<br />

la traite négrière ; le racisme, fondement de l'idéologie par laquelle était justifiée la vente d'êtres humains<br />

considérés comme des marchandises ; la nécessité de faire respecter les droits de l'homme, enfin, parce que le<br />

combat en faveur de ces droits est un combat pour le devoir de mémoire s'agissant des tragédies occultées comme<br />

la traite négrière. C'est dire, Monsieur le Directeur général, que l'Afrique, comme vous le savez, les Amériques,<br />

les Caraïbes et également l'Europe attachent la plus grande importance au renforcement du projet relatif à La<br />

Route de l'esclave, et il convient ici de rendre une fois encore hommage à M. Federico Mayor qui l'a mis en train.<br />

En dernière analyse, il s'agit de faire de la première mondialisation de l'histoire, la traite négrière et l'esclavage,<br />

un lien historique et éthique de nature à reconstruire en profondeur les relations entre l'Afrique, les Amériques et<br />

les Antilles et non pas seulement un fait de l'histoire ou du passé. Mon pays, le Gabon, va accueillir en 2000 un<br />

séminaire international en vue de mettre en lumière la présence forte et durable des cultures bantoues dans les<br />

Amériques et les Antilles.<br />

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