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UNESCO. General Conference; 30th; Records ... - unesdoc - Unesco

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accomplir un ouvrier sans aucune qualification. Le plein emploi était directement et uniquement tributaire du<br />

développement de la consommation de masse. En 1999, la course effrénée à la productivité se poursuit mais, à<br />

l'inverse de ce qui se produisait au début du siècle, de nos jours, toutes les tâches simples et répétitives sont - ou<br />

sont en voie d'être - réalisées par des ordinateurs et des robots organisés en réseaux complexes de processus<br />

simultanés ou interactifs qui fonctionnent suivant leur horloge interne et dans un espace où n'existent pas de<br />

frontières géographiques.<br />

(8.4) Le XXe siècle a débuté en faisant de l'homme une pièce de machine et en le massifiant ; le XXIe siècle le<br />

libérera ou le marginalisera irrémédiablement, en fonction de la capacité d'adaptation au changement de chacun. De<br />

la même manière, les avancées de la science et de la technologie libéreront les pays pauvres ou les placeront<br />

définitivement en marge de l'économie mondiale. La solution à ce dilemme est l'éducation. Outre qu'il s'agit d'une<br />

aspiration et d'un droit de la personne humaine, l'éducation est aujourd'hui plus que jamais, le facteur essentiel dont<br />

dépendent la croissance économique, le maintien de niveaux d'emploi satisfaisants et même l'intégration de<br />

l'individu dans société. Dans ce contexte, le manque de personnel qualifié ou la faiblesse du pouvoir d'achat de la<br />

population sont deux facteurs qui peuvent freiner la croissance économique et engendrer une crise économique et<br />

sociale. De manière plus grave encore, la polarisation croissante entre riches et pauvres dont nous sommes<br />

aujourd'hui témoins - et qui touche même les pays développés - engendre une situation sociale explosive et laisse<br />

présager des conflits qui déchaîneront une grande violence entre les Etats et à l'intérieur de chacun d'eux.<br />

(8.5) Ma première conclusion est donc qu'il est capital et même absolument crucial pour l'avenir de notre<br />

société que nous adoptions une approche nouvelle de l'éducation qui envisage celle-ci comme l'élément central de<br />

la stratégie visant à lutter contre la pauvreté et à réduire les inégalités à l'intérieur des nations et entre elles. C'est<br />

une nécessité à laquelle il est impératif de répondre, au nom non seulement d'un principe éthique de solidarité mais<br />

aussi de l'intérêt bien compris de l'ensemble de l'humanité.<br />

(8.6) Il va de soi que l'<strong>UNESCO</strong> constitue le forum privilégié à partir duquel faire prendre conscience de<br />

l'urgence qu'il y a à empêcher l'élargissement du fossé technologique entre les nations et où formuler un nouveau<br />

paradigme éducatif qui tienne compte de l'évolution mondiale et des réalités sociales particulières de chaque<br />

nation. L'action de l'Organisation devrait permettre aux pays les plus pauvres, par-delà les programmes<br />

traditionnels d'éducation de base, d'accéder concrètement et dans les meilleurs délais possibles aux nouvelles<br />

technologies.<br />

(8.7) Dans le domaine des idéologies, le XXe siècle a été marqué par deux conflits armés aux dimensions sans<br />

précédent et par une guerre froide de plus de 40 ans fondée sur l'existence d'une force de dissuasion nucléaire dont<br />

l'esprit humain ne peut tout bonnement pas imaginer la capacité de destruction. Ces conflits ont surtout eu pour<br />

point de départ des oppositions idéologiques, mais, au cours de la dernière décennie de ce siècle, ces oppositions<br />

semblent avoir définitivement disparu. Malheureusement, en même temps que les luttes idéologiques, l'humanité a<br />

abandonné, dans une large mesure, les systèmes d'idées qui nous servaient de cadres de référence pour établir une<br />

relation constructive avec notre prochain et avec la nature. La concurrence économique ne peut se substituer à ces<br />

systèmes de valeurs et la productivité, qui est certes indispensable à la bonne marche de l'économie, ne suffit pas en<br />

soi à assurer l'existence d'une société stable et pacifique, ni à satisfaire les aspirations les plus élevées de la<br />

personne humaine. Cette absence de système de valeurs se reflète, d'une part, dans l'apathie dont fait preuve une<br />

grande partie de la population en ce qui concerne ses devoirs et ses droits civiques et, d'autre part, dans les<br />

fanatismes politiques et religieux qui sont à l'origine de conflits en divers lieux de la planète.<br />

(8.8) Les progrès de la science n'ont pas nécessairement de relation avec la maturité civique de l'humanité.<br />

Ainsi, les transformations de l'environnement engendrées par la combustion massive d'hydrocarbures, la production<br />

de déchets industriels, miniers et agricoles et les émissions de l'industrie chimique, et les risques liés à l'énergie<br />

nucléaire et à la biotechnologie ont atteint des ampleurs telles qu'ils peuvent entraîner la destruction totale et<br />

irréversible d'éléments vitaux de la planète sur laquelle nous vivons, voire annihiler l'essence même de la nature<br />

humaine. Tous ces facteurs sont certes liés au progrès, mais ils constituent également une grave menace pour<br />

l'humanité.<br />

(8.9) C'est pourquoi il est indispensable et urgent d'approfondir la réflexion entreprise à l'<strong>UNESCO</strong> et de<br />

formuler des principes éthiques et téléologiques qui soient indissolublement associés à l'évolution scientifique et<br />

technologique. L'autosatisfaction technologique, les ambitions personnelles, les calculs géopolitiques, les<br />

motivations commerciales ou les visées électoralistes devraient être absents de cette réflexion. Nous voulons dire<br />

par là qu'il faudrait qu'y participent non seulement des scientifiques, des chefs d'entreprises ou des responsables<br />

politiques mais également des personnes de tous les pays, des personnes qui représentent le citoyen moyen, doté<br />

surtout du bon sens et du respect pour la vie, la sienne et celle des autres.<br />

(8.10) Cette réflexion sur les principes éthiques qui devraient régir le développement scientifique et<br />

technologique, mais aussi la vie sociale dans tous ses aspects, relève, à l'évidence, de la compétence spécifique de<br />

l'<strong>UNESCO</strong> et constitue le principal défi qu'elle devra relever au XXIe siècle. Cela étant, nous n'attendons pas du<br />

tout nouveau Directeur général qu'il ait réponse à tout ni qu'il s'entoure d'amis omniscients, et nous n'attendons pas<br />

non plus de l'<strong>UNESCO</strong> qu'elle produise, depuis ses bureaux confortables, de multiples résolutions et déclarations<br />

nouvelles, témoignant certes de sa bonne volonté mais à l'efficacité douteuse. Ce que nous attendons de cette<br />

Organisation, c'est qu'elle encourage un débat universel, impartial et démocratique sur ces questions afin que l'on<br />

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