UNESCO. General Conference; 30th; Records ... - unesdoc - Unesco

22.1 M. HAMEYE DICKO (Mali) :
Monsieur le Président, Monsieur le Président du Conseil exécutif, Monsieur le Directeur général,
Mesdames et Messieurs, je voudrais tout d'abord adresser à Mme Moserová les chaleureuses félicitations de mon
pays pour sa brillante élection à la présidence de cette auguste assemblée. Je félicite également le Président du
Conseil exécutif pour son action fructueuse à la tête de cet organe essentiel de l'UNESCO. Enfin, Monsieur le
Directeur général, mon pays rend hommage au travail extraordinaire que vous avez accompli à la tête de notre
Organisation. Le Mali salue votre engagement personnel pour la culture de la paix, la démocratie, la lutte contre
la pauvreté et l'exclusion, ainsi que votre volonté de développer et resserrer encore davantage les liens de
coopération entre l'UNESCO et ses Etats membres, notamment d'Afrique. A cet égard, nous pensons, Monsieur
le Président, que l'UNESCO devrait créer un comité de réflexion sur le concept de "culture de la paix" et sa
signification pour la démocratie et le développement.
22.2 Les actions envisagées mettront l'accent au cours du prochain exercice biennal sur les fonctions
intellectuelles, politiques et éthiques de l'Organisation. Le Mali y est favorable. Toutefois, il est d'avis que
l'UNESCO, organisation de solidarité par excellence, devra s'efforcer de mobiliser des moyens supplémentaires
afin que les orientations définies puissent être consolidées par des actions concrètes sur le terrain. Comment,
sinon, faire avancer la culture de la paix quand les conflits germent, se multiplient et éclatent partout dans le
monde ? Comment lutter contre la pauvreté et l'exclusion alors que les ressources disponibles demeurent
limitées ?
22.3 Monsieur le Président, l'Afrique subsaharienne doit faire face à une démographie galopante. La tranche
des moins de 15 ans qui représente au Mali plus de 65 % de la population s'est accrue de 89 % de 1970 à 1990 et
cet accroissement pourrait atteindre 105 % en 2025. Parallèlement, les dépenses d'éducation par élève ont
diminué de 25 % dans les pays pauvres depuis 1980. Les bibliothèques sont quasiment vides et certains de ces
pays n'ont même plus de publications scientifiques. A cela s'ajoutent des grèves scolaires qui se prolongent des
années entières, et nos écoles et nos universités sont confrontées à des troubles d'un type nouveau par leur
violence et leur complexité tant les possibilités matérielles des Etats sont en deçà des aspirations des jeunes. La
charge que représentent l'alimentation, la santé et l'éducation de ces jeunes devient considérable, voire impossible
à assumer. Cette charge empêche tout véritable investissement dans le système éducatif et rend nos Etats
incapables de se hisser au niveau international dans le domaine de la science et de la technologie.
22.4 Malgré tout, mon pays, avec courage et détermination, met en oeuvre son Projet décennal de
développement de l'éducation (PRODEC) qui vise la scolarisation en 2008 de 75 % des enfants maliens, une
attention toute particulière étant accordée à la scolarisation des filles et à l'accès à l'enseignement technique et
professionnel de 56 % des jeunes admis dans l'enseignement secondaire. L'éducation pour tous est en effet une
condition de l'égalité des chances et le fondement de l'Etat de droit. De même, l'enseignement public obligatoire
et gratuit offre une assise solide à la démocratie et constitue un choix politique, voire un choix de société. Mais,
Monsieur le Président, l'Etat de droit, la démocratie, l'éducation pour tous exigent des moyens financiers très
supérieurs à ceux dont dispose mon pays. Aussi, je voudrais attirer l'attention de notre Organisation sur nos
difficultés et demander son aide dans un certain nombre de domaines.
22.5 Aux fins du développement de l'éducation de base, le Mali souhaite la tenue en Afrique d'une conférence
sur l'enseignement technique et professionnel dans les pays africains de façon à aider ces derniers à mieux définir
leurs besoins et les moyens d'y faire face. A cet effet, la reconversion de la dette des pays en développement
pourrait faciliter le financement et la promotion de l'enseignement technique et professionnel. Le Mali compte de
même que l'UNESCO apportera son soutien à l'organisation l'an prochain à Bamako d'un congrès panafricain
d'historiens ; qu'elle accordera une aide d'urgence aux sites du patrimoine mondial en péril de Tombouctou, où le
gouvernement vient de créer un Institut des hautes études et de recherches islamiques pour perpétuer la flamme
de la science et de la paix ; et qu'elle appuiera l'introduction dans les programmes scolaires de l'enseignement de
la culture de la paix et la création d'une chaire UNESCO à l'Université du Mali.
22.6 En 2001, nous célébrerons le centenaire de la naissance de Amadou Hampaté Bâ et le dixième
anniversaire de sa mort. Le Mali souhaite que l'UNESCO proclame 2001 "Année internationale Amadou
Hampaté Bâ" afin de rendre un ultime hommage à cet humaniste africain et au message de tolérance qu'il a
délivré au monde. Enfin, nous souhaiterions que soit créée, encouragée et soutenue une organisation qui pourrait
s'appeler "Professeurs sans frontières" et qui viendrait prêter main-forte aux universités et laboratoires de
recherche des pays en développement et mettre sur pied dans ces pays un enseignement technique et
professionnel adapté à leurs besoins.
22.7 Avant de terminer, je voudrais rappeler les efforts méritoires consentis par l'Afrique en faveur de la
démocratie et de la paix. Il revient dès lors à la communauté internationale de se mobiliser aux côtés de l'Afrique
pour que ces efforts ne soient pas vains et qu'il n'y ait plus jamais d'enfants soldats sur notre continent.
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