UNESCO. General Conference; 30th; Records ... - unesdoc - Unesco

7.3 Madame la Présidente, honorables délégués, ce dont le monde a besoin aujourd'hui, c'est d'un
développement collectivement recherché et équitablement partagé, car la paix, il faut en convenir, ne saurait se
construire sans que tout soit mis en oeuvre pour soustraire les populations à toutes les formes d'injustice : celles
qui condamnent à la violence, à la misère, à la souffrance, à la discrimination, à la confiscation des droits, aux
méfaits de la dictature, et pour tout dire à la révolte. Or précisément, au lieu qu'elle régresse, la misère étend et
développe sans cesse son empire dans le monde, accentuant les disparités entre nations riches et nations pauvres,
comme entre habitants d'un même pays, ce qui accroît encore les risques d'explosions sociales préjudiciables à la
fois à la stabilité des institutions et à la productivité des hommes.
7.4 S'agissant tout particulièrement du continent africain, l'impression dominante aujourd'hui est celle d'une
Afrique en situation d'insécurité permanente, en proie aux conflits locaux comme à une sorte de fatalité due aux
déséquilibres économiques, sociaux et culturels et ce, en dépit des progrès de la science et de la technologie.
Aussi assistons-nous chaque jour à une diminution de l'aide publique au développement alors même que la part
des dépenses militaires dans les budgets nationaux ne fait que croître.
7.5 Madame la Présidente, il est en effet fort inquiétant de constater qu'à l'heure où la majorité des pays du
monde ploient sous le poids énorme de la dette et se débattent pour survivre, plus de 980 milliards de dollars sont
investis dans l'achat d'armements. C'est pourquoi je demande aux pays riches plus de justice, de partage, de
solidarité et de compréhension à l'égard des pays en développement. Il y va de la survie de l'humanité. Le Niger
demeure convaincu que la seule grande et vraie croisade que l'humanité doit collectivement livrer, c'est
incontestablement de relever les deux plus grand défis qui se présentent simultanément à elle en cette aube
décisive du XXIe siècle : j'ai nommé le maintien de la paix, et la recherche du développement pour tous les
peuples et sur tous les continents.
7.6 En s'apprêtant à célébrer en l'an 2000 l'Année internationale de la culture de la paix, l'UNESCO aborde
avec sérénité, lucidité et clairvoyance l'entrée de notre village planétaire dans le troisième millénaire. Cette
30e session est donc une étape décisive pour l'ensemble des Etats membres, car elle intervient au moment où la
mondialisation exige que nous fassions davantage preuve de solidarité, de partage et que nous promouvions une
éducation ouverte aux valeurs démocratiques et aux attitudes et principes qui fondent les droits de la personne
humaine. Il nous appartient, pour ce faire, de consolider tous les acquis en matière d'éducation, de science, de
culture et de communication et d'ouvrir de nouveaux chantiers, de nouvelles voies, de nouvelles perspectives,
voire de forger de nouvelles valeurs humaines et civiques favorisant la citoyenneté et l'aptitude à vivre ensemble
dans des sociétés de plus en plus multiculturelles.
7.7 Cette mission, l'humanité ne pourra la réussir qu'avec la participation de tous, c'est-à-dire qu'au prix d'un
engagement résolu de tous les Etats au plus haut niveau de responsabilité, mais aussi d'un changement profond
dans notre conception du processus éducatif lui-même. Comptant au nombre des pays ayant le plus faible taux de
scolarisation, mon pays se réjouit de l'attention particulière que l'UNESCO accorde à l'éducation pour tous tout
au long de la vie, ainsi que l'ont confirmé les travaux de la Commission internationale sur l'éducation pour le
vingt et unième siècle, présidée par M. Jacques Delors.
7.8 Madame la Présidente, la situation actuelle du système éducatif nigérien se caractérise par des coûts
élevés et un faible taux de scolarisation. Le taux brut de scolarisation dans l'enseignement primaire est, selon les
estimations, de 32,23 % pour 1998-1999. Ce taux de 32,23 % cache en réalité une grande disparité entre les
milieux urbain et rural, d'une part, et entre les filles et les garçons, d'autre part. Outre le très faible taux de
scolarisation dans le primaire, l'étendue des problèmes d'éducation au Niger se mesure également au taux élevé
d'analphabétisme - environ 83 %. C'est le lieu et l'occasion d'exprimer à l'UNESCO nos vifs remerciements pour
le prix d'alphabétisation Roi Sejong qui a été décerné cette année au Niger et qui est pour nous le plus bel
hommage rendu à nos efforts pour lutter contre l'analphabétisme et l'ignorance.
7.9 Outre le facteur démographique, les contre-performances du système éducatif sont accentuées par ses
coûts particulièrement élevés. Conscient de cet état de fait, et résolu à y remédier, mon pays a lancé un certain
nombre de réflexions fondées sur une large concertation avec tous les acteurs et partenaires de l'école nigérienne
et dont l'aboutissement a été la promulgation en juin 1998 de la Loi portant orientation du système éducatif.
7.10 Cependant, comme partout ailleurs en Afrique, la mise en oeuvre des réformes qu'implique une telle loi
ne peut se faire, au regard des ressources limitées de nos pays, que dans le cadre de la coopération bilatérale et
multilatérale. C'est pourquoi nous demandons avec insistance que la priorité accordée à l'Afrique soit
effectivement prise en compte dans l'allocation des budgets. De même, nous attendons de l'UNESCO qu'elle
renforce son appui à la "Décennie de l'éducation en Afrique".
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