UNESCO. General Conference; 30th; Records ... - unesdoc - Unesco

17.4 Il m'apparaît dès lors essentiel de garantir dans le cadre des prochaines négociations commerciales
internationales - et nous en avons parlé longuement hier lors de la table ronde sur la culture - la possibilité pour
tous les Etats de préserver et développer leurs capacités de définir et mettre en oeuvre librement leurs politiques
culturelles et audiovisuelles pour la préservation de leurs diversités culturelles.
17.5 D'une manière générale, la recherche de nouveaux modes de régulation des relations entre les peuples
doit se décliner dans les divers domaines d'action de notre Organisation, tels qu'ils sont définis dans notre
programme d'action pour le prochain exercice biennal. S'agissant en particulier de la recherche d'un
développement humain et économique durable, je suis particulièrement satisfaite que mon pays, le Luxembourg,
soit en voie de répondre aux objectifs de l'ONU en consacrant, à partir de l'an 2000, 0,7 % de son PNB à l'aide
publique au développement. Le nouveau gouvernement luxembourgeois issu des élections législatives de juin de
cette année a décidé de porter cette aide à 1 % du PNB dans les cinq années à venir.
17.6 Outre la santé, c'est l'éducation qui est le secteur prioritaire de notre coopération. En effet, comme nous
l'avons constaté à l'occasion de la Conférence mondiale sur l'enseignement supérieur voici un an en ces mêmes
lieux, l'éducation demeure plus que jamais la clé du développement. C'est par elle que nos enfants, nos jeunes,
mais nos adultes aussi, peuvent acquérir les connaissances et les outils intellectuels indispensables pour s'intégrer
de manière plus efficace aux processus sociaux et économiques qui leur permettent d'assurer leur promotion
sociale. C'est par l'éducation que nos concitoyens peuvent apprendre à gérer de manière harmonieuse ces
identités plurielles - y compris dans le domaine des langues - qui sont de plus en plus la marque de la modernité.
C'est à travers elle, enfin, que nous pourrons acquérir la maîtrise des nouvelles technologies qui sont en train de
bouleverser tous les aspects de notre vie quotidienne. Mon pays entend s'insérer activement dans ce processus par
une offre pédagogique et scientifique accrue dans le domaine de l'enseignement supérieur, y compris dans le
domaine postuniversitaire. Dans cette perspective, le gouvernement luxembourgeois poursuivra la mise en oeuvre
de la loi du 11 août 1996 portant réforme de l'enseignement supérieur en replaçant ses réformes dans le contexte
régional, européen et international dans lesquels elles peuvent s'épanouir pleinement. Ainsi mon pays se dote
progressivement des instruments nécessaires pour participer, selon ses modes propres, à la construction de
l'espace éducatif mondial du prochain millénaire.
17.7 Dans le domaine de la recherche aussi, le Luxembourg se veut partie prenante active et des efforts
supplémentaires seront consentis en vue de développer les capacités scientifiques et technologiques nationales, et
promouvoir ainsi le passage de notre économie à une économie fondée sur le savoir. Par une programmation
pluriannuelle de la recherche publique, par le fonctionnement du Fonds national de la recherche récemment créé,
par aussi la mise à disposition de moyens financiers accrus, le Luxembourg entend intensifier sa participation à
l'échange scientifique et technologique européen et international sans pour autant perdre de vue les questions
éthiques, sociales et environnementales centrales qui doivent trouver des réponses acceptables dans le cadre d'un
large débat démocratique.
17.8 En particulier, le développement des nouvelles technologies de la communication et l'annonce d'une
convergence accrue entre l'audiovisuel, les télécommunications et l'informatique, rendue possible par la
révolution numérique en cours, ouvrent des perspectives enthousiasmantes et offrent aussi des possibilités moins
positives, comme les discussions engagées également à l'UNESCO sur les contenus illicites sur l'Internet, en
particulier en matière de pédophilie et de propagande raciste ou xénophobe, l'a clairement mis en lumière.
L'éternel débat sur la liberté et les abus qui peuvent en être faits ne peut déboucher sur des réponses simples et
définitives, et il doit être poursuivi à l'échelle mondiale, car c'est à cette échelle que les problèmes se posent et
doivent être résolus. Il me paraît essentiel que tous les pays du monde disposent - outre des infrastructures de
base dans les domaines de l'eau potable, de l'énergie, des transports et des communications entendues au sens
large - des capacités humaines et technologiques nécessaires pour pouvoir tirer pleinement profit de la profonde
mutation technologique qui remodèle actuellement la face du monde. L'équité et la justice l'exigent absolument.
Voilà aussi pourquoi mon pays s'honore de pouvoir apporter une contribution significative aux programmes de
l'UNESCO en matière d'information et de communication, qui constituent une dimension stratégique essentielle
de l'action de notre Organisation.
17.9 Penser la culture à l'ère de la mondialisation est un défi intellectuel, mais aussi politique, de tout premier
ordre. Les dialectiques complexes de l'universel et du singulier, de la communication à l'échelle mondiale et de la
préservation de la diversité linguistique, des valeurs universelles et des traditions particulières, des spiritualités et
du rationalisme scientifique constituent un champ d'exploration immense que nous devons parcourir d'urgence,
tant il est impératif de trouver des réponses – fussent-elles partielles et provisoires - aux questions qui se posent
inéluctablement à nous. Entre une uniformisation finalement stérile et une fragmentation identitaire défensive,
voire agressive, des voies d'évolution positives doivent être tracées afin de permettre à tous les peuples d'exister
et de coexister sur notre petite planète bleue.
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