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La Chine<br />

et la <strong>format</strong>ion de l’esprit philosophique en France<br />

Religion » 1 .<br />

1 Anciennes Relations..., p. XXVIII-XXIX. La conclusion de Ren<strong>au</strong>dot précise<br />

encore non seulement l’influence exercée dans la seconde moitié <strong>du</strong> XVII e<br />

siècle par la connaissance de l’antiquité de la Chine, mais <strong>au</strong>ssi la part<br />

importante de la découverte de cette antiquité dans la <strong>format</strong>ion des idées de<br />

La Peyrère, et l’action que sa théorie des Préadamites exerça à son tour sur<br />

les Libertins : « <strong>Le</strong>s écrivains <strong>du</strong> dernier siècle s’en sont un peu éloignés [des<br />

bornes de la vérité], en préférant quelques légères étincelles de raison et de<br />

certaines veritez enveloppées d’énigmes à celles qui ont été découvertes par<br />

les <strong>au</strong>tres Nations, et excusant les déf<strong>au</strong>ts essentiels de leur Philosophie. Ces<br />

louanges excessives pourroient estre indifférentes si les conséquences n’en<br />

estoient pas trop périlleuses. La plus grande consiste dans les difficultés<br />

qu’elles font naistre sur l’<strong>au</strong>torité des Livres sacrez laquelle indépendamment<br />

de la Religion ne peut estre mise en parallèle avec lez histoires chinoises. Il<br />

est vray que ceux qui les font le plus valoir les abandonnent sur cet article,<br />

mais reconnoissant et establissant mieux, <strong>au</strong>tant qu’il leur est possible, la<br />

vérité de ces histoires, les réponses qu’ils font <strong>au</strong>x difficultez sont be<strong>au</strong>coup<br />

plus faibles que les objections, et donnent des armes <strong>au</strong>x impies et <strong>au</strong>x<br />

libertins. On en a veu un exemple de nos jours dans l’Auteur <strong>du</strong> système des<br />

Préadamites. Cet homme que ceux qui l’ont connu sçavoient être très<br />

ignorant, puisqu’il entendoit à peine le Latin, ayant d’abord formé son<br />

système sur des passages de l’Ecriture interpretez à sa manière, grand<br />

questionneur s’il en fut jamais, ayant appris de quelques hommes plus<br />

sçavants que luy, ce qu’on disoit de la grande antiquité des Chinois et estant<br />

confirmé par l’histoire <strong>du</strong> P. Martini qui parut presque en mesme tems s’en<br />

servit comme d’une preuve considérable, non seulement de ce qu’il avoit<br />

imaginé mais <strong>au</strong>ssi de ce nombre infini d’années des Assyriens, des<br />

Babyloniens et des Egyptiens que les Payens même avoient rejetté comme<br />

fabuleux. Il trouva des gens qui luy fournirent des mémoires employez dans<br />

sa seconde Dissertation où cette matière est traitée plus amplement, et il<br />

n’est que trop vray que plusieurs s’y sont laissez surprendre, non pas pour<br />

devenir Préadamites, mais pour se former d’<strong>au</strong>tres idées <strong>au</strong>ssi dangereuses et<br />

qui tendent <strong>au</strong> renversement de toute religion. Car ces préten<strong>du</strong>es antiquitez<br />

chinoises diminuent insensiblement le mépris que non seulement les<br />

Chrétiens mais les Philosophes avoient eu des traditions des Egyptiens et des<br />

Babyloniens. On apprend d’ailleurs que les Persans ont de pareilles histoires<br />

qui remontent be<strong>au</strong>coup plus h<strong>au</strong>t que celles des Livres sacrez ; des esprits<br />

légers et d’une érudition médiocre, ou d’<strong>au</strong>tres qui croyent tout sçavoir, parce<br />

qu’ils ont be<strong>au</strong>coup leu [ceci n’est-il pas à l’adresse de Bayle ?] ne reçoivent<br />

pas absolument toutes ces fables mais ils supposent qu’elles sont fondées sur<br />

quelque vérité. (Ibid., p. 372-3).<br />

Un de ces libertins préadamites <strong>au</strong>xquels Ren<strong>au</strong>dot fait peut-être allusion est<br />

Collins dont Bentlay disait (La friponnerie laîque des préten<strong>du</strong>s Esprits forts<br />

d’Angleterre, p. 21) : « Cet écrivain... panche fort a croire qu’il y avoit des<br />

hommes avant Adam ». En effet, dans son Discours sur la Liberté de penser<br />

[qui ne fut tra<strong>du</strong>it en français qu’en 1727], Collins citant Joseph, rapporte que<br />

Caïn, après avoir traversé divers pays « établit sa demeure en un lieu nommé<br />

Nais, où il eut plusieurs enfants. Mais tant s’en f<strong>au</strong>t que son châtiment le<br />

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