13.02.2024 Views

Le choc colonial et l'islam Les politiques religieuses des puissances coloniales en terre de l'islam

" La laïcité est l'arme des nouveaux croisés " proclame aujourd'hui un slogan islamiste. Au-delà de ce jugement abrupt, on doit constater en tout cas que le rapport entre les héritages de la domination coloniale et l'importation de conceptions laïques et/ou sécularisées dans les pays musulmans est aujourd'hui au cœur des problématiques qui fondent les questionnements sur l'islam. Le contexte colonial a en effet manifesté partout les limites d'universalismes européens qui, pour la plupart, puisaient aux sources des Lumières. À l'épreuve de la colonisation, les idéaux émancipateurs sont souvent devenus la légitimation d'entreprises de domination, quand ils n'ont pas été purement et simplement retournés. La non-application de la loi de 1905 aux musulmans de l'Algérie française, le confessionnalisme politique au Liban, le projet sioniste en Palestine, la " question irakienne ", la création du Pakistan sont autant d'exemples qui interrogent ces universalismes. Ce sont ces situations –; et bien d'autres –; que revisitent les auteurs de ce très riche ouvrage collectif. En choisissant de confronter les politiques religieuses des puissances coloniales avec la façon dont elles ont été perçues par les musulmans, ils fournissent les clefs pour comprendre les retours actuels. Une large place est réservée à l'expérience française, mais la problématique est élargie aux autres puissances coloniales européennes : Royaume-Uni et Russie.

" La laïcité est l'arme des nouveaux croisés " proclame aujourd'hui un slogan islamiste. Au-delà de ce jugement abrupt, on doit constater en tout cas que le rapport entre les héritages de la domination coloniale et l'importation de conceptions laïques et/ou sécularisées dans les pays musulmans est aujourd'hui au cœur des problématiques qui fondent les questionnements sur l'islam. Le contexte colonial a en effet manifesté partout les limites d'universalismes européens qui, pour la plupart, puisaient aux sources des Lumières. À l'épreuve de la colonisation, les idéaux émancipateurs sont souvent devenus la légitimation d'entreprises de domination, quand ils n'ont pas été purement et simplement retournés. La non-application de la loi de 1905 aux musulmans de l'Algérie française, le confessionnalisme politique au Liban, le projet sioniste en Palestine, la " question irakienne ", la création du Pakistan sont autant d'exemples qui interrogent ces universalismes. Ce sont ces situations –; et bien d'autres –; que revisitent les auteurs de ce très riche ouvrage collectif. En choisissant de confronter les politiques religieuses des puissances coloniales avec la façon dont elles ont été perçues par les musulmans, ils fournissent les clefs pour comprendre les retours actuels. Une large place est réservée à l'expérience française, mais la problématique est élargie aux autres puissances coloniales européennes : Royaume-Uni et Russie.


SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

5

La revanche des congrégations ?

Politique anticléricale et présence catholique française

en Palestine au début du XX e siècle *

Dominique Trimbur

Il peut sembler illusoire de poser la question de l’impact de la

législation anticléricale sur la présence tricolore en Terre sainte. De fait,

sur le long terme, une alliance indéfectible caractérise les relations

entre les religieux et les représentants français 1 ; et, en apparence, la

présence française en Palestine n’évolue guère : les positions

hexagonales sont plus affectées par les rivalités étrangères, avant la

Première Guerre mondiale, puis par le souci de Londres d’imposer sa

prédominance dans ce qui devient le mandat anglais, après le conflit,

en lien avec l’accroissement de l’élément juif et sioniste. La politique

française change-t-elle au cours des années considérées, et prend-elle

une tournure qui touche directement à la vie des établissements

catholiques de la région moyen-orientale ? Dans les éphémérides des

communautés religieuses, rares sont les mentions d’une fluctuation des

effectifs, tandis que les dépêches diplomatiques font également peu cas

de ce thème. Si l’on y regarde de plus près, on aboutit toutefois à un

constat différent. Pour retracer cette double constatation, cette présentation

se fera en deux temps : d’une part la mise en avant de l’absence

d’effet, voire d’un effet positif de la législation anticléricale sur la

présence française en Palestine ; d’autre part, l’exposé de ce que, au

contraire, cette législation a bel et bien eu un impact négatif. Il sera

alors possible d’estimer l’influence réelle de cette législation.

* Le présent article est la version remaniée d’un texte paru dans les actes du colloque

Le grand exil des congrégations religieuses françaises (1901-1914), sous la direction de

Patrick Cabanel et Jean-Dominique Durand, Cerf, Paris, 2005.

1. Voir par exemple notre article [Trimbur, 2000, p. 39-69].

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!