13.02.2024 Views

Le choc colonial et l'islam Les politiques religieuses des puissances coloniales en terre de l'islam

" La laïcité est l'arme des nouveaux croisés " proclame aujourd'hui un slogan islamiste. Au-delà de ce jugement abrupt, on doit constater en tout cas que le rapport entre les héritages de la domination coloniale et l'importation de conceptions laïques et/ou sécularisées dans les pays musulmans est aujourd'hui au cœur des problématiques qui fondent les questionnements sur l'islam. Le contexte colonial a en effet manifesté partout les limites d'universalismes européens qui, pour la plupart, puisaient aux sources des Lumières. À l'épreuve de la colonisation, les idéaux émancipateurs sont souvent devenus la légitimation d'entreprises de domination, quand ils n'ont pas été purement et simplement retournés. La non-application de la loi de 1905 aux musulmans de l'Algérie française, le confessionnalisme politique au Liban, le projet sioniste en Palestine, la " question irakienne ", la création du Pakistan sont autant d'exemples qui interrogent ces universalismes. Ce sont ces situations –; et bien d'autres –; que revisitent les auteurs de ce très riche ouvrage collectif. En choisissant de confronter les politiques religieuses des puissances coloniales avec la façon dont elles ont été perçues par les musulmans, ils fournissent les clefs pour comprendre les retours actuels. Une large place est réservée à l'expérience française, mais la problématique est élargie aux autres puissances coloniales européennes : Royaume-Uni et Russie.

" La laïcité est l'arme des nouveaux croisés " proclame aujourd'hui un slogan islamiste. Au-delà de ce jugement abrupt, on doit constater en tout cas que le rapport entre les héritages de la domination coloniale et l'importation de conceptions laïques et/ou sécularisées dans les pays musulmans est aujourd'hui au cœur des problématiques qui fondent les questionnements sur l'islam. Le contexte colonial a en effet manifesté partout les limites d'universalismes européens qui, pour la plupart, puisaient aux sources des Lumières. À l'épreuve de la colonisation, les idéaux émancipateurs sont souvent devenus la légitimation d'entreprises de domination, quand ils n'ont pas été purement et simplement retournés. La non-application de la loi de 1905 aux musulmans de l'Algérie française, le confessionnalisme politique au Liban, le projet sioniste en Palestine, la " question irakienne ", la création du Pakistan sont autant d'exemples qui interrogent ces universalismes. Ce sont ces situations –; et bien d'autres –; que revisitent les auteurs de ce très riche ouvrage collectif. En choisissant de confronter les politiques religieuses des puissances coloniales avec la façon dont elles ont été perçues par les musulmans, ils fournissent les clefs pour comprendre les retours actuels. Une large place est réservée à l'expérience française, mais la problématique est élargie aux autres puissances coloniales européennes : Royaume-Uni et Russie.


SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

LE MANDAT BRITANNIQUE ET LA NOUVELLE CITOYENNETÉ IRAKIENNE 407

cachait mal la haine confessionnelle : il était devenu l’arme privilégiée

des élites arabes sunnites contre les chiites, alors représentés par leurs

dirigeants religieux. Le recours au communautarisme par la puissance

mandataire britannique, pour mieux asseoir sa domination sur l’Irak,

aura conduit à quatre-vingts années de domination confessionnelle, des

sunnites sur les chiites, et ethnique, des Arabes sur les Kurdes. Il a

généré une guerre presque permanente des gouvernements irakiens

successifs contre leur société, la quasi-disparition de communautés

entières (Assyriens, juifs, Persans, Faylis), ainsi que trois guerres

meurtrières depuis 1980 3 .

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

ALAWI al- H. (1989, 1 ère édition), Al-Shî‘a wa al-dawla al-qawmiyya fî al-‘Irâq,

1914-1990 (Les chiites et l’État-nation en Irak, 1914-1990), CEDI, Paris.

BABAKHAN A. (1994a), L’Irak : 1970-1990. La déportation des chiites, Paris.

— (1994 b), Les Kurdes d’Irak, Paris.

HADDAWÎ al- H. (1982, 4 e édition), Al-jinsiyya wa markaz al-ajânib wa ahkamiyyâtuhu

fî al-qânûn al-‘irâqî (La nationalité et le statut des étrangers :

dispositions dans la loi irakienne), thèse de doctorat, faculté de droit de l’université

de Bagdad, Bagdad.

HASANÎ al- ‘A.-R. (1983), Târîkh al-‘Irâq al-siyâsî al-hadîth (Histoire politique

de l’Irak moderne), 3 tomes, Éditions Kutub, Beyrouth.

HUSRÎ al- S. (1967), Mudhakkirâtî fî al-‘Irâq (Mes souvenirs d’Irak), tome 1 :

1921-1927, Beyrouth.

JAWÂHIRÎ al- M. M. (1980-1991), Dhikrayâtî (Mes mémoires), 2 volumes,

Éditions Al-Râfidayn, Damas.

LUIZARD P.-J. (1991, réédité en 2002), La Formation de l’Irak contemporain, le

rôle politique des ulémas chiites à la fin de la domination ottomane et au

moment de la création de l’État irakien, CNRS-Éditions, Paris.

— (2004), La Question irakienne, Fayard, Paris.

— (2005) traduction et annotation de, La Vie de l’ayatollah Mahdî al-Khâlisî par

son fils, La Martinière, Paris.

3. À propos de la genèse de la question irakienne et de la façon dont le caractère

confessionnel et ethnique de la discrimination instituée dans les années 1920 s’est

perpétuée et a survécu aux coups d’État et aux révolutions pour aboutir au régime de

Saddam Hussein [Luizard, 2004].

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!