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La nouvelle de langue française, aux frontières des ... - L'esprit Livre

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L’ENCHÂSSEMENT DES RÉCITS<br />

AU XVII e SIÈCLE :<br />

LE «␣ ROMAN D’APPRENTISSAGE␣»<br />

DE LA NOUVELLE ?<br />

Si, dans la production <strong>de</strong> <strong>nouvelle</strong>s en France au XVII e siècle, l’on trouve <strong>de</strong>s<br />

recueils où les récits <strong>de</strong> fiction se présentent les uns à la suite <strong>de</strong>s autres, sans<br />

encadrement conversationnel englobant – songeons <strong>aux</strong> Nouvelles tragi-comiques<br />

<strong>de</strong> Scarron 1 –, il s’agit presque toujours <strong>de</strong> traductions <strong>de</strong> novelas espagnoles ou,<br />

plus rarement qu’au XVI e siècle, <strong>de</strong> novelle italiennes. De la sorte, la présence du<br />

cadre, fût-il <strong>de</strong> quelques lignes, détermine très fortement la réception <strong>de</strong> la narration<br />

en tant que <strong>nouvelle</strong>.<br />

Notre propos sera donc d’examiner les relations entretenues entre récit-cadre<br />

et récit enchâssé. L’existence du cadre apparaît comme un élément narratologique<br />

<strong>de</strong> première importance : il n’est pas seulement la réitération indiciaire du schéma<br />

structural conditionnant la prise en compte <strong>de</strong> l’histoire enchâssée comme une<br />

<strong>nouvelle</strong> dont on constate, en hors-d’œuvre architectural, la présence formelle,<br />

voire rassurante avant <strong>de</strong> commencer avec la pièce majeure – la fiction secon<strong>de</strong> –<br />

l’analyse <strong>de</strong> la <strong>nouvelle</strong> à proprement parler. Il convient au contraire <strong>de</strong> prendre<br />

en compte sa valeur non pas formelle, mais fictionnelle : elle permet <strong>de</strong> mettre<br />

au jour les implicites d’une poétique en acte <strong>de</strong> la <strong>nouvelle</strong> 2 .<br />

L’ENCHÂSSEMENT : TYPOLOGIE ET IMPLICATIONS<br />

Deux types d’encadrement <strong>aux</strong> récits enchâssés peuvent se présenter à l’analyse.<br />

Un point commun les unit : le cadre est une fiction inventée par l’auteur.<br />

D’une part, on trouve <strong>de</strong>s cadres mis en place à l’incipit du texte, comme par<br />

exemple dans les Nouvelles <strong>française</strong>s <strong>de</strong> Segrais où <strong>de</strong>s <strong>de</strong>visants, sur le modèle <strong>de</strong><br />

l’Heptaméron <strong>de</strong> Marguerite <strong>de</strong> Navarre, se réunissent afin d’échanger <strong>de</strong>s récits<br />

qui portent le nom <strong>de</strong> <strong>nouvelle</strong>s ; d’autre part, <strong>de</strong>s histoires enchâssées dans <strong>de</strong>s<br />

textes intitulés romans, second niveau d’une narration bien constituée au premier<br />

niveau <strong>de</strong> feuilletage du texte 3 .<br />

Ce <strong>de</strong>rnier type est <strong>de</strong> longue date familier <strong>aux</strong> lecteurs, et les prédispose à la<br />

lecture <strong>de</strong> recueils d’histoires qui seraient comme détachées d’un plus long roman.<br />

L’enchâssement constitue en effet une nécessité romanesque, qui motive<br />

l’inventio narrative. Dans ces romans qui représentent tant le genre pour leurs<br />

lecteurs, l’Astrée d’Honoré d’Urfé, la Clélie <strong>de</strong> Ma<strong>de</strong>leine <strong>de</strong> Scudéry, le Roman<br />

comique <strong>de</strong> Scarron, l’ensemble <strong>de</strong> la fiction est rythmé, selon une ample respira-

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