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La nouvelle de langue française, aux frontières des ... - L'esprit Livre

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OLIVIER DEZUTTER ET FRANCINE SOHIER 431<br />

d’ici et d’ailleurs, au fonctionnement <strong>de</strong> l’institution littéraire ou encore <strong>aux</strong> différents<br />

phénomènes d’adaptations radiophonique, scénique ou cinématographique.<br />

De multiples signes indiquent aujourd’hui que la <strong>nouvelle</strong> est un genre «␣ officiellement␣<br />

» reconnu par l’institution scolaire. Nos collègues africains ont pu nous<br />

confirmer que la <strong>nouvelle</strong> est inscrite au programme <strong>de</strong>s classes du secondaire au<br />

Cameroun et au Bénin. Il en va <strong>de</strong> même au Québec. En Belgique, les nouve<strong>aux</strong><br />

programmes <strong>de</strong> l’enseignement catholique pour les premier et <strong>de</strong>uxième <strong>de</strong>grés<br />

<strong>de</strong> l’enseignement secondaire incitent à lire et à écrire <strong>de</strong>s textes brefs. En France<br />

aussi, les <strong>nouvelle</strong>s instructions officielles encouragent les enseignants <strong>de</strong>s collèges<br />

à privilégier l’étu<strong>de</strong> d’œuvres intégrales courtes ainsi que le précisent Daniel<br />

Fernan<strong>de</strong>z et Bernard Meyer :<br />

Aussi fera-t-on d’abord lire, pour les élèves les plus jeunes, <strong>de</strong>s œuvres intégrales<br />

courtes : fables, contes, <strong>nouvelle</strong>s, poèmes… […] Les <strong>nouvelle</strong>s constituent un fonds<br />

inépuisable : que l’on songe, pour le domaine étranger, à celles <strong>de</strong> D.␣ Buzzati, à celles<br />

<strong>de</strong> Kafka, <strong>de</strong> Poe ; ou bien, pour la littérature <strong>de</strong> <strong>langue</strong> <strong>française</strong>, à celles <strong>de</strong> Mérimée,<br />

<strong>de</strong> Villiers <strong>de</strong> l’Isle-Adam, <strong>de</strong> Maupassant, <strong>de</strong> Le Clézio, voire <strong>de</strong> Voltaire, ou dans le<br />

registre <strong>de</strong> la science-fiction, à celles <strong>de</strong> F.␣ Brown ou <strong>de</strong> R.␣ Bradbury… Les avantages<br />

<strong>de</strong>s textes intégr<strong>aux</strong> brefs sont pédagogiquement manifestes : on y repère, sur <strong>de</strong>s<br />

œuvres complètes, totalement signifiantes en elles-mêmes (autoréférentielles), <strong>de</strong>s<br />

«␣ structures␣ », <strong>de</strong>s faits <strong>de</strong> <strong>langue</strong>, <strong>de</strong>s convergences manifestes entre procédés d’écriture<br />

et effets produits. Il sera loisible <strong>de</strong> déployer ensuite ce type d’étu<strong>de</strong> sur les<br />

romans, œuvres plus vastes et donc plus difficiles à manier, qui exigent une plus<br />

gran<strong>de</strong> mémorisation pour parvenir à relier <strong>de</strong>s observations effectuées sur plusieurs<br />

chapitres. Méthodologiquement, avec <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong> collège, il nous semble intéressant<br />

<strong>de</strong> considérer ces œuvres courtes comme une propé<strong>de</strong>utique à l’analyse du roman,<br />

comme le lieu d’un certain effet <strong>de</strong> loupe où s’affiche une plus gran<strong>de</strong> visibilité/lisibilité<br />

<strong>de</strong>s stratégies d’écriture 8 .<br />

<strong>La</strong> reconnaissance officielle <strong>de</strong> la <strong>nouvelle</strong> est donc unanime. Ses vertus didactiques<br />

ne souffrent pas <strong>de</strong> discussion et nous n’entendons pas bien entendu les<br />

remettre en question. Il nous paraît toutefois utile <strong>de</strong> pointer pour terminer un<br />

danger possible, celui qui consisterait à restreindre la <strong>nouvelle</strong> à sa seule fonction<br />

<strong>de</strong> propé<strong>de</strong>utique et à la considérer surtout comme étant un genre facile, <strong>de</strong>stiné<br />

uniquement à <strong>de</strong> jeunes ou <strong>de</strong> faibles lecteurs. Si l’on n’y prend gar<strong>de</strong>, on en<br />

viendrait presque à considérer la <strong>nouvelle</strong> <strong>de</strong> la même façon que beaucoup d’enseignants<br />

ou d’adultes ont tendance à considérer à tort la littérature <strong>de</strong> jeunesse<br />

dans son ensemble. Jacques Crinon, dans la revue Les cahiers pédagogiques, écrivait :<br />

Beaucoup d’enseignants <strong>de</strong> français considèrent la littérature <strong>de</strong> jeunesse comme<br />

une sous-littérature et, au mieux, comme un intermédiaire, un pas qui mène <strong>aux</strong><br />

grands textes, à la vraie littérature 9 .

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