La nouvelle de langue française, aux frontières des ... - L'esprit Livre

RENÉ GODENNE 487
– La jeunesse du monde, roman (1966) de P.␣ Vialar (7) ;
– Les chevaux du temps, roman (1977) de Vercors (7) 6 ;
– Histoires perfides (1976) de P.␣ Boulle (6) ;
– Orient-express, roman (1979) et Orient-express 2, roman (1984) de P.␣ J. Remy
(6 et 6) ;
– Le medianoche amoureux, contes et nouvelles (1983) de M.␣ Tournier ;
– et… ces Nouveaux contes de la bécasse (1995) de J.␣ C. Mouches 7.
Que quatre de ces recueils incontestables soient intitulés contre toute tradition
«␣ roman␣ » sera abordé au point␣ 6.
TRADITION ET ARCHÉTYPE : LES USAGES NUMÉRIQUES
Que les auteurs du premier recueil de nouvelles en date aient choisi de mettre
en avant dans le titre le nombre de textes a l’avantage de proposer l’image d’une
œuvre qui supportera la comparaison avec le roman, puisque l’addition est signe
d’abondance de matières. Chiffre rond, imposant, ce maître-mot canonique de
cent est une sorte de nombre d’or pour les nouvellistes – comme l’est pour les
conteurs le nombre de mille et un. L’idée d’une série de cent (comme Le Décaméron,
L’Heptaméron, Les cent nouvelles nouvelles, ce dernier titre étant repris entre autres
par M me ␣ de Gomez en 1739, sans que le recueil atteigne les 100 textes) est reprise
au XIX e siècle, avec ces deux titres qui prétendent même dépasser le modèle : Les
cent-et-une nouvelles nouvelles des cent-et-un, ornées de cent-et-une vignettes (1833, 20
textes), Les cent-et-un de la province (1835, 9 textes, dont 3 en vers – premier volume
d’une série qui resta sans lendemain) et au XX e siècle dans cette déclaration
d’intention des rédacteurs de la revue Nouvelles nouvelles :
En 1492 [sic] paraissait un recueil intitulé Cent nouvelles nouvelles. Cinq siècles après
nous tentons un pari similaire. Avec ce premier numéro nous voici, déjà, à plus de
dix nouvelles. Alors, pourquoi pas atteindre les cent, voire les mille ? (Hiver 85-86,
p.␣ 3).
À considérer le nombre de textes des autres recueils répertoriés, on constate
que, s’il varie de 2 à 270 8 , des constantes se font jour non seulement selon l’époque
mais aussi selon les auteurs :
1. près de la moitié des textes ne dépasse pas la dizaine – avec des chiffres
privilégiés : 3-5-6-7-10 ;
2. jusqu’au XX e siècle, le nombre n’excède pas la cinquantaine, tournant autour
de la trentaine — avec des chiffres privilégiés : 13-20 ;
3. à partir du XX e siècle, le nombre s’approche volontiers, et de plus en plus,
de la centaine, voire au-delà (un exemple : Dieu, moi et les autres, 1995, de
J.␣ Sternberg : 136) ;
4. plus d’un auteur aurait tendance à se fixer sur un chiffre : 3 (J. de La Varende),
5 (J. Perret), 7 (Vercors, P.␣ Siniac), 10 (M. Aymé, J.-P.␣ Andrevon), 63