03.07.2013 Views

La nouvelle de langue française, aux frontières des ... - L'esprit Livre

La nouvelle de langue française, aux frontières des ... - L'esprit Livre

La nouvelle de langue française, aux frontières des ... - L'esprit Livre

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

242<br />

L’ENSEMBLE-DE-NOUVELLES CHEZ MARCEL ARLAND<br />

mais en contrepoint. Est-ce aussi par «␣ goût et besoin <strong>de</strong> la vérité␣ » ? Le désir <strong>de</strong> se<br />

mettre toujours plus à nu, en tout cas, a conduit Arland à privilégier la voix nue<br />

<strong>de</strong> l’auteur <strong>aux</strong> voix fictionnelles. Le héros <strong>de</strong> L’ordre, mort à la fin du roman, et<br />

en quelque sorte ressuscité grâce <strong>aux</strong> Carnets <strong>de</strong> Gilbert, disparaît définitivement<br />

dans la <strong>de</strong>rnière partie <strong>de</strong>s Carnets : «␣ […] dans J’écoute, […] je suis seul à parler, à<br />

écouter, à vivre encore – et me voici loin d’un roman 46 ␣ ». On ne peut reprocher à<br />

Arland ce parti pris éthico-esthétique, mais constater que c’est au détriment <strong>de</strong><br />

l’entremêlement <strong>de</strong>s voix qui caractérisait les ensembles-<strong>de</strong>-<strong>nouvelle</strong>s et les rendait<br />

profondément mo<strong>de</strong>rnes.<br />

Michel GUISSARD<br />

Université catholique <strong>de</strong> Louvain (Louvain-la-Neuve)<br />

NOTES<br />

1 Citons entre autres, <strong>de</strong> R.␣ GODENNE, Étu<strong>de</strong>s sur la <strong>nouvelle</strong> <strong>française</strong>, Genève ; Paris : Slatkine, 1985<br />

(chapitre␣ XXIV : «␣ <strong>La</strong> <strong>nouvelle</strong> selon Marcel Arland␣ », 3e § : « Le recueil-ensemble <strong>de</strong> <strong>nouvelle</strong>s␣ »,<br />

p.␣ 273-279) ; <strong>La</strong> <strong>nouvelle</strong>, Paris : Honoré Champion, 1995 (4e partie, 6e § : « Des trois types <strong>de</strong> recueils<br />

<strong>de</strong> <strong>nouvelle</strong>s␣ », p.␣ 122-127).<br />

2 É. BASTIAENEN, J.-J.␣ DIDIER, G.␣ BERGÉ, Nathalie Sarraute, Marcel Arland, Jacques <strong>de</strong> Bourbon-Busset, Bruxelles<br />

: Hatier («␣ Auteurs contemporains␣ »), 1986. Dans le tableau qu’il brosse <strong>de</strong> la vie et <strong>de</strong> l’œuvre<br />

d’Arland, J.-J.␣ Didier distingue six pério<strong>de</strong>s d’environ quinze ans, dont la pénultième (1956-1970)<br />

est consacrée à l’ensemble <strong>de</strong> <strong>nouvelle</strong>s (p.␣ 46-49).<br />

3<br />

Nous relions ce syntagme par <strong>de</strong>s traits d’union pour bien le distinguer du sens qu’il pourrait avoir<br />

dans le langage ordinaire : un groupe <strong>de</strong> <strong>nouvelle</strong>s (sans connotation d’unité).<br />

4<br />

L’eau et le feu, <strong>nouvelle</strong>s, Paris : Gallimard, 1956, p.␣ 5. Dans Le grand pardon (Paris : Gallimard, 1965 ;<br />

rabat <strong>de</strong> couverture), on trouve, avec <strong>de</strong>s nuances, <strong>de</strong>s propos semblables : «␣ Ce livre s’est composé<br />

en moi comme une figure ; chaque <strong>nouvelle</strong> ou récit (ou quelquefois le silence) en <strong>de</strong>venait l’un<br />

<strong>de</strong>s traits. Il ne s’agit point là d’une technique préconçue ; il ne s’agissait que d’épouser l’esprit d’une<br />

œuvre – et <strong>de</strong> cet esprit découlait toute forme␣ ».<br />

5<br />

Il faut <strong>de</strong> tout pour faire un mon<strong>de</strong>, Paris : Gallimard, 1947 (c’est l’auteur qui souligne).<br />

Seuls les premier et quatrième recueils d’Arland – Les âmes en peine (1927 ; édition revue et augmentée<br />

en 1947) et <strong>La</strong> grâce (1941) – ne relèvent pas <strong>de</strong> l’ensemble-<strong>de</strong>-<strong>nouvelle</strong>s. Pour Les vivants (1934),<br />

nous avons montré ailleurs en quoi ils préfiguraient les ensembles-<strong>de</strong>-<strong>nouvelle</strong>s («␣ Les vivants <strong>de</strong><br />

Marcel Arland : prolégomènes à un genre nouveau ?␣ », in Roman 20/50, n°␣ 23, juin␣ 1997, p.␣ 176-<br />

185).<br />

6<br />

M. ARLAND, Les vivants, Paris : Gallimard, 1934 (nous soulignons). Cette mention «␣ récit␣ » apparaît<br />

comme sous-titre dans certaines rééditions <strong>de</strong> 1944. Néanmoins, Arland signalait, dans une lettre<br />

à René Go<strong>de</strong>nne, que la plupart du temps les sous-titres <strong>de</strong> ses ouvrages (sans spécifier lesquels)<br />

étaient dus à l’éditeur (Lettre reproduite dans J.-J.␣ DIDIER (dir.), Marcel Arland nouvelliste. Actes du<br />

colloque <strong>de</strong> Bruxelles (5␣ mars 1989), suivi <strong>de</strong> Lettres inédites <strong>de</strong> Marcel Arland à Jean Paulhan et à René<br />

Go<strong>de</strong>nne, préface <strong>de</strong> GUILLEVIC, Glons : Le Marronnier, 1990, p.␣ 112).<br />

7<br />

Dans la table <strong>de</strong>s matières <strong>de</strong> L’eau et le feu, l’alternance <strong>de</strong>s titres en italiques et <strong>de</strong>s titres en romains<br />

souligne ce rythme binaire.<br />

8<br />

À perdre haleine, <strong>nouvelle</strong>s, Paris : Gallimard, 1960.<br />

9<br />

Dans l’incipit <strong>de</strong> la première <strong>nouvelle</strong>, on apprend, <strong>de</strong> manière significative, que les <strong>de</strong>ux protagonistes<br />

avaient décidé <strong>de</strong> quitter Paris la veille («␣ Première matinée <strong>de</strong>s amants␣ », p.␣ 9).<br />

10<br />

«␣ Fêtes␣ », p.␣ 85 sq.<br />

11 «␣ Le chemin <strong>de</strong> Claire␣ », p.␣ 186.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!