La nouvelle de langue française, aux frontières des ... - L'esprit Livre

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LE RECUEIL DE NOUVELLES QUÉBECOIS COMME PROTO-GENRE
connaissance comme genre). Le recueil n’apparaît plus comme le regroupement
de fictions narratives brèves en un livre, il constitue une forme autonome, une
nouvelle expression de la narrativité littéraire québécoise.
Jean de La Fontaine avait prédit un destin bien sombre à la grenouille trop
envieuse. Cette dernière emprunte ici une voie différente pour rivaliser avec le
bœuf, dont la reconnaissance institutionnelle est l’apanage. L’étang de grenouilles,
l’union sans perte d’identité, mais avec le gain de l’ensemble – ce qu’est un recueil
de nouvelles –, vaut bien un bœuf, un roman, peut-être oserais-je dire : vaut
plus qu’un «␣ simple␣ » roman. La fable de La Fontaine cautionnerait sans doute
cette mutation, cette adaptation de sa fable, qui assure le renouvellement du fait
narratif. D’ailleurs, à la tempête (générique ?) survécut non le chêne massif qui
touche aux cieux, mais bien le faible roseau qui plie à la moindre brise…
René AUDET
CRELIQ, Université Laval (Québec)
NOTES
1 Joseph-André SENÉCAL, «␣ La nouvelle québécoise avant 1940 : une définition à partir de témoignages
contemporains␣ », La nouvelle : écriture(s) et lecture(s), sous la direction d’Agnès WHITFIELD et Jacques
COTNAM. Toronto : Groupe de recherche en études francophones ; Montréal : XYZ, 1993, p.␣ 105-106.
2 e
Aurélien BOIVIN, Le conte littéraire québécois au XIX siècle. Essai de bibliographie critique et analytique.
Préface de Maurice LEMIRE. Montréal : Fides, 1975, p.␣ XVII-XX. Dans son ouvrage, Boivin n’établit pas
la différence entre contes, légendes, récits et nouvelles, préférant centrer sa recherche sur la recension
des contes publiés dans les journaux et périodiques avant 1900, «␣ conte␣ » désignant une courte
histoire marquée par le folklore et l’oralité.
3
Christian BOUCHARD, «␣ Le conte et la nouvelle dans le Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec␣»,
XYZ. La revue de la nouvelle, n°␣ 15, 1988, p.␣ 71-72.
4
Bruno MONFORT, «␣ La nouvelle et son mode de publication. Le cas américain␣ », Poétique, n°␣90, avril␣ 1992, p.␣ 155-158.
5
Joseph-André SENÉCAL, «␣ La nouvelle québécoise avant 1940…␣ », p.␣ 107.
6
Des statistiques personnelles, basées sur le second tome du DOLQ, révèlent que 93 recueils ont été
publiés entre␣ 1900 et␣ 1940, dont 71 entre␣ 1920 et␣ 1940.
7
Joseph-André SENÉCAL, «␣ La nouvelle québécoise avant 1940…␣ », p.␣ 107.
8
Des statistiques personnelles, basées sur le sixième tome du DOLQ, révèlent que 53 recueils ont été
publiés entre␣ 1976 et␣ 1980. D’autres statistiques, sans lien avec le DOLQ, basées sur une recension
personnelle qui ne prétend pas à l’exhaustivité, montrent la publication de plus d’une centaine de
recueils de 1991 à 1996.
9
Sur les 93 recueils publiés entre␣ 1900 et␣ 1940, 49 œuvres portent une indication générique dans le
titre ou le sous-titre, dont un tiers de celles-ci (17) ont une double, triple ou quadruple mention
générique.
10
Joseph-André SENÉCAL, «␣ La nouvelle québécoise avant 1940…␣ », p.␣ 110.
11
Commentaire de Camille ROY à propos du recueil de Madeleine, cité par Joseph-André SENÉCAL, «␣ La
nouvelle québécoise avant 1940…␣ », p.␣ 110.
12
Harry BERNARD, «␣ Avertissement␣ », La dame blanche. Montréal : Bibliothèque de l’Action française,
1927, p.␣ [7].
13
Le mot est de Pierre L’HÉRAULT, «␣ La dame blanche, nouvelles de Harry Bernard␣ », Dictionnaire des
œuvres littéraires du Québec, tome␣ II, p.␣ 323.
14
Harry BERNARD, Montcalm se fâche. Montréal : Éditions Albert Lévesque, 1935.