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La nouvelle de langue française, aux frontières des ... - L'esprit Livre

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L’ÉVOLUTION DU FANTASTIQUE<br />

DANS LES NOUVELLES DE LOUIS ARAGON<br />

Si nous essayons <strong>de</strong> définir la <strong>nouvelle</strong> à partir <strong>de</strong>s aspects qui la caractérisent<br />

et la ren<strong>de</strong>nt plus adéquate que d’autres genres à l’expression <strong>de</strong> certains sujets,<br />

nous sommes attirée par le choix que les écrivains font <strong>de</strong> la <strong>nouvelle</strong> comme<br />

forme idéale pour représenter le fantastique.<br />

Nous voici obligée <strong>de</strong> citer Bau<strong>de</strong>laire et sa fameuse observation sur l’art d’Edgar<br />

Allan Poe :<br />

Parmi les domaines littéraires où l’imagination peut obtenir les plus curieux résultats,<br />

peut récolter les trésors, non pas les plus riches, les plus précieux (ceux-là appartiennent<br />

à la poésie), mais les plus nombreux et les plus variés, il en est un que Poe<br />

affectionne particulièrement, c’est la Nouvelle. Elle a sur le roman à vastes proportions<br />

cet immense avantage que sa brièveté ajoute à l’intensité <strong>de</strong> l’effet. Cette lecture,<br />

qui peut être accomplie tout d’une haleine, laisse dans l’esprit un souvenir bien<br />

plus puissant qu’une lecture brisée, interrompue souvent par les tracas <strong>de</strong>s affaires et<br />

le soin <strong>de</strong>s intérêts mondains. L’unité d’impression, la totalité d’effet est un avantage<br />

immense qui peut donner à ce genre <strong>de</strong> composition une supériorité tout à fait<br />

particulière, à ce point qu’une <strong>nouvelle</strong> trop courte (c’est sans doute un défaut) vaut<br />

encore mieux qu’une <strong>nouvelle</strong> trop longue. L’artiste, s’il est habile, n’accommo<strong>de</strong>ra<br />

pas ses pensées <strong>aux</strong> inci<strong>de</strong>nts ; mais ayant conçu délibérément, à loisir, un effet à<br />

produire, inventera les inci<strong>de</strong>nts, combinera les événements les plus propres à amener<br />

l’effet voulu 1 .<br />

Le rapport est rendu <strong>de</strong> façon bien explicite ; pourtant il soulève à son tour<br />

d’autres problèmes d’interprétation, liés à la notion même <strong>de</strong> fantastique, puisque<br />

cette dénomination prend selon les époques et selon les auteurs (et le public)<br />

<strong>de</strong>s sens différents voire contradictoires.<br />

Quelle serait la nature du fantastique ? Peut-on le définir selon un simple choix<br />

thématique ? Obéit-il à <strong>de</strong>s critères esthétiques ? S’agit-il d’une vision du mon<strong>de</strong><br />

ou d’une tendance <strong>de</strong> notre imagination ? Pouvons-nous considérer un fantastique<br />

plus traditionnel, issu <strong>de</strong> la sensibilité romantique, face à un fantastique plus<br />

mo<strong>de</strong>rne ? Les théoriciens parlent <strong>de</strong> sous-genre (à la façon du récit policier, historique…),<br />

d’esthétique, considèrent même <strong>de</strong>s grilles pour bien analyser les composantes<br />

et l’agencement du récit fantastique, tandis que les écrivains souvent<br />

préfèrent parler <strong>de</strong>s conséquences extrêmes <strong>de</strong> l’imagination nées <strong>de</strong> la crainte <strong>de</strong><br />

l’homme face à l’inconnu, à l’absurdité, ou simplement <strong>de</strong> son besoin <strong>de</strong> rêver.

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