03.07.2013 Views

La nouvelle de langue française, aux frontières des ... - L'esprit Livre

La nouvelle de langue française, aux frontières des ... - L'esprit Livre

La nouvelle de langue française, aux frontières des ... - L'esprit Livre

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

130<br />

L’ENCHÂSSEMENT DES RÉCITS AU XVII e␣ SIÈCLE<br />

Si la <strong>nouvelle</strong> permet au roman <strong>de</strong> se métamorphoser, le cadre est le lieu <strong>de</strong> la<br />

métamorphose <strong>de</strong> la <strong>nouvelle</strong>. Celle-ci tend ainsi doublement non pas vers l’histoire<br />

mais vers la poésie, pleinement atteinte au moment où le cadre s’efface<br />

pour ne plus laisser place qu’à la voix narrative, proférée sans lieu d’origine : telle<br />

est la proposition originale <strong>de</strong>s Amours <strong>de</strong> Psyché <strong>de</strong> <strong>La</strong> Fontaine, où bien vite la<br />

voix du narrateur intradiégétique, Poliphile, semble être tout aussi bien celle <strong>de</strong><br />

l’écrivain ; où le cadre initial <strong>de</strong> contage n’est là que pour mieux rendre indiscernable<br />

l’i<strong>de</strong>ntification du statut fictionnel <strong>de</strong> l’ensemble du texte 37 — récit, roman,<br />

<strong>nouvelle</strong>, allégorie — mais dont le mélange garantit la véracité poétique, et<br />

la possibilité <strong>de</strong> discuter performativement du statut <strong>de</strong> la fiction et <strong>de</strong> l’écriture<br />

poétique.<br />

Grâce au cadre, la <strong>nouvelle</strong> figure la fable du roman, dans ce laboratoire d’une<br />

fiction qui, comme le déroule l’évolution <strong>de</strong> cette forme, se dégage du cadre pour<br />

être bien plus tard, longue, baptisée du nom <strong>de</strong> roman et courte, du nom <strong>de</strong><br />

<strong>nouvelle</strong> 38 . Le cadre apparaît donc comme l’élément nécessaire à la création <strong>de</strong> la<br />

<strong>nouvelle</strong>, pour la faire ensuite apparaître dans son intégrité ; le cadre, c’est un<br />

peu comme la cire perdue d’un moulage sans lequel l’original ne saurait être<br />

parfaitement achevé.<br />

Anne-Élisabeth SPICA<br />

Université <strong>de</strong> Metz<br />

NOTES<br />

1<br />

SCARRON, Les <strong>nouvelle</strong>s tragi-comiques traduites d’espagnol en français. Paris, 1661. Voir l’éd. STFM par<br />

R.␣ GUICHEMERRE. Paris : Nizet, 1986.<br />

2<br />

Ce texte voudrait ainsi s’incrire en prolongement <strong>de</strong> la réflexion commencée lors du premier colloque<br />

(Metz, juin␣ 1996) sur la poétique <strong>de</strong> la <strong>nouvelle</strong> <strong>française</strong> au XVII e ␣ siècle.<br />

3<br />

Voir la communication <strong>de</strong> Delphine DENIS, dans ce volume.<br />

4<br />

Jean REGNAULT DE SEGRAIS, Les <strong>nouvelle</strong>s françoises ou Les divertissemens <strong>de</strong> la Princesse Aurélie. Paris :<br />

Antoine <strong>de</strong> Sommaville, 1657 ; Genève : Slatkine reprints, 1981, avec une introduction <strong>de</strong> René<br />

GODENNE, 2 vol. <strong>de</strong> XXIX-[19]-493+224 et 256+290+154+[4]␣ p., front. gr. ; cf. T.␣ I, p.␣ 27-28.<br />

5<br />

Charles SOREL, Le berger extravagant, «␣ Remarques sur le livre␣ XIII␣ ». Paris, Toussaint du Bray, 1627 ;<br />

précédé d’une introduction par Hervé D.␣ BÉCHADE. Genève : Slatkine reprints, 1972, p.␣ 727.<br />

6<br />

Charles SOREL, Les <strong>nouvelle</strong>s choisies, ou se trouvent divers inci<strong>de</strong>ns d’Amour et <strong>de</strong> Fortune. Paris : Pierre<br />

David, 1645, «␣ Avis Aux Lecteurs␣ » (n.p.).<br />

7<br />

LA CALPRENÈDE, Les <strong>nouvelle</strong>s ou Les divertissements <strong>de</strong> la princesse Alcidiane. Paris : Charles <strong>de</strong> Sercy,<br />

1671.<br />

8<br />

Ibid., p.␣ 4-6.<br />

9<br />

J. SEGRAIS, Les <strong>nouvelle</strong>s <strong>française</strong>s, ou Les divertissements <strong>de</strong> la princesse Aurélie.<br />

10<br />

Ibid., p.␣ 24-25.<br />

11<br />

M. DE SCUDÉRY, <strong>La</strong> promena<strong>de</strong> <strong>de</strong> Versailles. Paris : Barbin, 1669.<br />

12<br />

Ibid., p.␣ 4-20 puis 21-102.<br />

13<br />

Paris : Barbin, 1669 ; éd. suivie : éd. critique <strong>de</strong> Michel JEANNERET, en collaboration avec Stefan<br />

SCHOETTKE. Paris : Le livre <strong>de</strong> poche classique, 1991.<br />

14<br />

Ibid., p.␣ 59-68 ; 117-133 ; 220-221<br />

15<br />

M. DE SCUDÉRY, <strong>La</strong> promena<strong>de</strong> <strong>de</strong> Versailles, p.␣ 121 (paginée 111).

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!