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La nouvelle de langue française, aux frontières des ... - L'esprit Livre

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NOUVELLE, LABORATOIRE EXPÉRIMENTAL␣ ? L’IMPOSSIBLE DÉFINITION<br />

<strong>de</strong>s assignations génériques, mais attachée à saisir l’intervention <strong>de</strong> la <strong>nouvelle</strong><br />

dans le phénomène littéraire (nature et amplitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s effets, public, variété <strong>de</strong>s<br />

mo<strong>de</strong>s utilisables) qui me semble fécon<strong>de</strong>.<br />

*<br />

Je bornerai délibérément ma réflexion à la <strong>nouvelle</strong> telle qu’elle apparaît au<br />

XIX e siècle dans le champ <strong>de</strong> la littérature, laissant volontairement ouverte la<br />

question <strong>de</strong> ses rapports <strong>de</strong> filiation avec les <strong>nouvelle</strong>s (et/ou histoires) antérieures<br />

: ceci afin <strong>de</strong> ne pas obérer l’étu<strong>de</strong> par l’imposition d’une définition générique<br />

contraignante. D’autant que cette démarche entraîne une approche proprement<br />

aveuglante en privilégiant comme décisive la continuité à l’intérieur d’un genre,<br />

alors que la <strong>nouvelle</strong>, telle du moins qu’elle se manifeste au XIX e , est essentiellement<br />

déterminée par <strong>de</strong>s facteurs dont la nouveauté est irréductible. Il sera ensuite<br />

loisible <strong>de</strong> confronter les résultats obtenus à ceux que donne l’étu<strong>de</strong> du<br />

statut et <strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong> la <strong>nouvelle</strong> en d’autres époques et <strong>de</strong> s’interroger alors<br />

sur la permanence <strong>de</strong> critères génériques. C’est donc à l’aventure <strong>de</strong> la <strong>nouvelle</strong><br />

dans le phénomène littéraire au XIX e siècle que je consacrerai les remarques qui<br />

suivent.<br />

Un premier constat s’impose, qui l’excepte précisément <strong>de</strong>s genres : l’incertitu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s intitulés génériques. Les mêmes textes se voient indifféremment qualifiés<br />

<strong>de</strong> conte, récit, <strong>nouvelle</strong>, parfois au gré <strong>de</strong>s publications en recueil (qui souvent<br />

cumulent : Contes et récits), parfois à quelques lignes <strong>de</strong> distance par leur auteur<br />

lui-même dans la préface, parfois changeant d’intitulé d’une édition à l’autre. Il<br />

arrive aussi qu’aucun sous-titre générique n’intervienne et nombre <strong>de</strong> recueils<br />

empruntent leur titre à l’une <strong>de</strong>s <strong>nouvelle</strong>s qu’ils réunissent (comme <strong>La</strong> maison<br />

Tellier). On voit également, selon les remaniements <strong>de</strong>s recueils ou le souci <strong>de</strong>s<br />

éditeurs les déterminants migrer (Le Horla, suivant les regroupements, se trouve<br />

faire partie <strong>de</strong> «␣ contes d’angoisse␣ » ou <strong>de</strong> «␣ récits fantastiques␣ », etc.). Enfin certains<br />

recueils sont ouvertement désignés par <strong>de</strong>s précisions d’ordre énonciatif : Contes<br />

<strong>de</strong> la bécasse ou Contes à Ninon. Cette indifférence, ou cette incertitu<strong>de</strong>, témoignent<br />

du flou générique <strong>de</strong> la <strong>nouvelle</strong>. Et ce flou continue, <strong>de</strong> nos jours. Pour<br />

n’en prendre qu’un exemple, citons cette note <strong>de</strong> Louis Forestier, à propos d’Un<br />

drame vrai 2 :<br />

Avant l’édition Schmidt ce texte n’avait jamais été recueilli en volume. Les raisons en<br />

sont simples : c’est moins un conte qu’une chronique (et c’est sous cette <strong>de</strong>rnière<br />

rubrique que Sullivan et Steegmuller l’avaient recensé). (C’est moi qui souligne.)<br />

Ce qui n’empêche nullement Louis Forestier <strong>de</strong> l’inclure, à bon droit, dans son<br />

édition <strong>de</strong>s Contes et <strong>nouvelle</strong>s !<br />

Aussi a-t-on tenté <strong>de</strong> résoudre «␣ formellement␣ » le problème en parlant <strong>de</strong> «␣ fiction<br />

courte␣ ». Mais il n’en <strong>de</strong>meure pas moins : courte est un terme bien vague

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