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La nouvelle de langue française, aux frontières des ... - L'esprit Livre

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20<br />

LA NOUVELLE À L’ÉPREUVE DU ROMAN MÉDIÉVAL<br />

alors l’héritage. Un parent <strong>de</strong>s Saluces, le marquis <strong>de</strong> Montferrat, obtint une trêve<br />

et réunit un conseil <strong>de</strong> sages pour déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> la succession. Pour reconnaître le fils<br />

légitime <strong>de</strong> Guillaume, on proposa un test qui consistait à enduire l’os du bras<br />

droit <strong>de</strong> Guillaume du sang <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux enfants, l’un après l’autre : seul le sang du<br />

fils véritable resterait attaché au bras <strong>de</strong> son père. L’épreuve permit <strong>de</strong> reconnaître<br />

le second fils <strong>de</strong> Guillaume comme seul et légitime héritier. Or ce <strong>de</strong>rnier<br />

n’était autre que Gautier, qui, <strong>de</strong>venu marquis, épousa Grisilidis…<br />

Richar<strong>de</strong> <strong>de</strong> Saluces (ch. 350 ; narrateur =␣ Connaissance ; <strong>nouvelle</strong> insérée)<br />

Galéas Visconti, seigneur <strong>de</strong> Milan, meurt en laissant pour fille unique Richar<strong>de</strong>.<br />

Celle-ci épouse le marquis Thomas II <strong>de</strong> Saluces. Lors d’une guerre, ce <strong>de</strong>rnier est<br />

capturé avec <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> ses enfants par ses ennemis. Richar<strong>de</strong> part chercher <strong>de</strong>s<br />

renforts à Milan pour délivrer son époux. Elle prend la tête <strong>de</strong> l’armée avec succès.<br />

Le marquis est libéré et les terres du marquisat <strong>de</strong> Saluces sont reconquises.<br />

NOTES<br />

1 Cette tendance se traduit, entre autres, par la multiplication <strong>de</strong>s interventions du narrateur dans<br />

les textes, interventions qu’on ne peut plus se contenter <strong>de</strong> rattacher à une performance orale du<br />

texte mais qui signent l’instauration d’une communication avec le lecteur et la prise <strong>de</strong> conscience<br />

<strong>de</strong> la lecture en tant que phénomène intersubjectif.<br />

2 Ce dédoublement allégorique a une conséquence narrative curieuse dans le <strong>Livre</strong> du Chevalier errant :<br />

le narrateur omniscient extradiégétique, désignant le Chevalier à la 3e personne, vient fréquemment<br />

s’assimiler à ce <strong>de</strong>rnier, se muant en un narrateur intradiégétique parlant à la 1ère personne. Cf.<br />

Gérard GENETTE, Figures III. Paris : Le Seuil, 1972, p.␣ 238-239.<br />

3 e À partir du XII ␣ s., le français <strong>de</strong>vient, pour diverses raisons, une <strong>langue</strong> culturelle importante hors<br />

<strong>de</strong> France. Le Piémont, région frontalière, est plus fortement perméable à la pénétration <strong>de</strong> cette<br />

mo<strong>de</strong> du français qui s’installe dans la Péninsule entre le milieu du XIII e s.␣ et le début du XV e s.␣ Enfin,<br />

le français fut même <strong>langue</strong> maternelle pour Thomas <strong>de</strong> Saluces, puisque sa mère, Béatrice <strong>de</strong> Genève,<br />

le parlait, et que Thomas compléta son éducation à la cour <strong>de</strong> Paris. Il n’en <strong>de</strong>meure pas moins que<br />

son français est par endroits fautif ou teinté d’italianismes.<br />

4 Cf. le recueil <strong>de</strong> Nouvelles courtoises occitanes et <strong>française</strong>s édité par Suzanne MEJEAN-THIOLIER et Marie-<br />

Françoise NOTZ. Paris : Le <strong>Livre</strong> <strong>de</strong> poche (Lettres gothiques), 1997.<br />

5 Cf. Pierre-Yves BADEL, Introduction à la vie littéraire du Moyen Âge. Paris : Bordas, 1969, p.␣ 200 ; Roger<br />

DUBUIS, «␣ <strong>La</strong> genèse <strong>de</strong> la <strong>nouvelle</strong> en France au Moyen Âge␣ », C.A.I.E.F., n°␣ 18, 1966, p.␣ 9-19 ; Paul<br />

ZUMTHOR, Essai <strong>de</strong> poétique médiévale. Paris : Le Seuil, 1972, p.␣ 392-395.<br />

6 e Mentionnons encore, pour la fin du XIII s.␣ italien, les Conti di Antichi Cavalieri et le Novellino.<br />

7 e Enfin, dans quelle mesure la systématisation <strong>de</strong> l’entrelacement dans les romans du XIII ␣ s., ou l’accumulation<br />

d’aventures (résultant souvent <strong>de</strong> la compilation <strong>de</strong> sources antérieures, comme dans<br />

le Bérinus en prose) dans ceux du XIV e , ont-elles habitué les écrivains comme les lecteurs à repérer<br />

dans ces œuvres <strong>de</strong>s segments narratifs éventuellement isolables sous forme <strong>de</strong> <strong>nouvelle</strong>s ? L’allongement<br />

du récit aurait donc pour corollaire une parcellisation, au moins virtuelle.<br />

8 L’unique édition «␣ disponible␣ » est celle <strong>de</strong> Marvin James WARD : A critical edition of Thomas III,<br />

marquis of Saluzzo’s «␣ Le <strong>Livre</strong> du Chevalier errant␣ » (French Text), Ph. D.␣ 1984, The University of North<br />

Carolina at Chapell Hill, 3 vol.<br />

9 Pour le contenu narratif <strong>de</strong> ces <strong>nouvelle</strong>s, on se reportera <strong>aux</strong> résumés fournis en annexe.<br />

10 <strong>La</strong> distance temporelle séparant l’action relatée <strong>de</strong> l’acte narratif est donc faible, voire nulle dans<br />

le cas <strong>de</strong>s <strong>nouvelle</strong>s inci<strong>de</strong>ntes, plus importante dans celui <strong>de</strong>s <strong>nouvelle</strong>s insérées. Les premières<br />

relèvent plus <strong>de</strong> la narration, les secon<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’histoire. Cf. Gérard GENETTE, Figures III. Paris : Le Seuil,<br />

1972, p.␣ 238. Selon que la <strong>nouvelle</strong> est racontée par le narrateur omniscient ou par tel <strong>de</strong> ses per-

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