La nouvelle de langue française, aux frontières des ... - L'esprit Livre

OLIVIER DEZUTTER ET FRANCINE SOHIER 429
recueil soit d’un (ou de deux) texte(s) isolé(s), extrait(s) d’un recueil paru précédemment
ailleurs. Pour illustrer le premier cas, citons chez Gallimard, au sein de
la collection «␣ Folio junior␣ », parmi les textes anciens, un recueil de Maupassant
intitulé Deux amis et autres contes (n°␣ 514) ou le recueil de Marcel Aymé Les bottes
de sept lieues et autres nouvelles (n°␣ 462) ; et parmi les textes plus récents, Les contes
du médianoche de Michel Tournier (n°␣ 553). Ce recueil de Tournier présente la
particularité d’avoir un «␣ correspondant␣ » bien connu, paru dans la collection de
littérature générale puis en poche, sous le titre Le médianoche amoureux. La comparaison
des deux recueils justifierait à elle seule une autre étude. Signalons simplement
que le recueil diffusé dans la collection de jeunesse est, à nos yeux, dénaturé
par rapport à la publication initiale. L’organisation interne du Médianoche
amoureux, annoncée par le titre, se trouve en quelque sorte «␣ détricotée␣ » dans Les
contes du médianoche qui ne reprennent qu’une partie des textes présents dans le
recueil initial, à côté de quelques nouveaux textes. La belle nouvelle «␣ Les amants
taciturnes␣ », qui ouvre le recueil initial, évoque le médianoche et sert de cadre
général au recueil, n’est pas reprise dans la collection «␣ Folio junior␣ » qui garde
pourtant le terme «␣ médianoche␣ » dans le titre et l’explique de la sorte en quatrième
de couverture :
Qu’est-ce qu’un médianoche ? D’abord c’est un joli mot, sympathique et appétissant,
qui rime avec cinoche et brioche. Ça veut dire : un repas fait au milieu de la
nuit. Une fête nocturne et amicale, en somme, où on se raconte des histoires en
buvant et en mangeant. Des histoires, en voilà quatorze justement, des vertes et des
mûres, des histoires à rire et à pleurer, à boire et à manger. Mais elles vous font toutes
un drôle de remue-ménage dans la tête.
À côté des recueils, on trouve aussi des nouvelles isolées ou éventuellement
regroupées par deux, parues initialement dans des collections de littérature pour
adultes. Il en est ainsi pour le n°␣ 603 de la collection «␣ Folio junior␣ », qui regroupe
Villa Aurore et Orlamonde de Le Clézio. Toujours chez Gallimard, la collection
«␣ Folio cadet rouge␣ », adressée à des faibles lecteurs de 9 à 12 ans, propose la
nouvelle de Marguerite Yourcenar Comment Wang-Fô fut sauvé admirablement
illustrée par Georges Lemoine (n°␣ 178).
À l’opposé de la plupart des collections pour la jeunesse au sein desquelles les
nouvelles sont noyées parmi les romans, il convient de relever deux initiatives
remarquables. Il s’agit, en l’occurrence, de deux nouvelles collections pour la
jeunesse lancées en 1996 et centrées exclusivement sur la nouvelle : les collections
«␣ Courts toujours␣ » chez Hachette jeunesse et «␣ Storia␣ » chez Caligram-Christian
Gallimard. Les textes d’annonce de ces deux collections sont éclairants quant
à l’intention des éditeurs et aux publics qu’ils visent. D’une certaine façon, les
deux collections se complètent puisque la collection «␣ Storia␣ » est présentée comme
étant conçue pour les années de collège et la collection «␣ Courts toujours␣ » pour
les années de lycée et l’après-lycée.