La nouvelle de langue française, aux frontières des ... - L'esprit Livre

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ODETTE, SIMONE, JEANINE, THÉRÈSE ET LES AUTRES : UN RÊVE DE FILM
au cinéma serait particulièrement complexe dans le cas des Grosses rêveuses, comme
il le fut pour l’adaptation des nouvelles de Raymond Carver. Mais il en vaut la
peine. Il est grand temps qu’on donne à «␣ cet excès de vie et cette joie suicidaire␣ »
dont parle l’écrivain stéphanois en quatrième de couverture, la chance d’éclater à
l’écran. Dans un autre ouvrage de Paul Fournel, Un homme regarde une femme 22 , le
narrateur observe une actrice qui attend désespérément un rôle. En ce qui concerne
Les grosses rêveuses, ce sont les rôles qui attendent les actrices.
Laurent MARIE
National University of Ireland
NOTES
1 Raymond CARVER, Neuf histoires et un poème, traduit de l’américain par J.-P.␣ Carasco, S.␣ Hilling, G.␣ Rolin,
F.␣ Lasquin. Paris : Éditions de l’Olivier, 1994.
2 Marc JOYEUX, «␣ Altman, Carver et les Américains␣ », Le quotidien de Paris, 5␣ janvier 1994. Dans une
autre entrevue, Altman déclare : «␣ Si, les ayant lues en bloc, toutes les nouvelles de Carver dans ma
tête n’en font qu’une, il en va de même pour ma carrière. Mes films ne sont que des éléments à
l’intérieur d’un seul film…␣ », Le monde, 16␣ août 1993.
3 Jean ROY, «␣ L’Amérique jusqu’à la nausée␣ », L’humanité, 5␣ janvier 1994.
4 Marie-Noëlle TRANCHANT, «␣ Robert Altman : “Je soulève les toits des maisons”␣ », Le Figaro, 5␣ janvier
1994.
5
H.B., «␣ La symphonie des frustrations␣ », Le monde, 16␣ août 1993.
6
Voici comment Calvino présente son édifice : «␣ Un jeu de tarots pour raconter son histoire à coups
d’images. Le tableau est désormais entièrement couvert par les tarots et les récits. Même mon histoire
y est comprise, bien que je ne sache plus dire laquelle c’est, tellement leur entrelacement
simultané est épais␣ ». OULIPO, Atlas de littérature potentielle. Paris : Gallimard (Idées ; 439), 1981,
p.␣ 382.
7
Ibid., p.␣ 384.
8
Paul FOURNEL, «␣ Un modèle d’écrivain␣ », Le magazine littéraire, mars␣ 1986, n°␣ 228, p.␣ 24-25. Tess
Gallagher, qui fut la dernière compagne de Raymond Carver, soulève cette question de la rigueur
dans sa préface au scénario : «␣ Ces instants explosifs et pourtant maîtrisés que j’ai tenté de décrire,
ceux au cours desquels la caméra filme, n’auraient été qu’un chaos indescriptible sans le solide
échafaudage de l’excellent script construit par Frank Barhydt␣ ». Robert ALTMAN et Frank BARHYDT,
Short Cuts, d’après l’œuvre de Raymond Carver, traduit de l’américain par Jean-Pierre Carasso et
François Lasquin. Paris : Éditions de l’Olivier, 1994, p.␣ 10.
9
«␣ Altman, le pâtissier de Carver␣ », Libération, 6␣ janvier 1994. Même problématique dans les propos
de Tess Gallagher : «␣ La voix intérieure des narrateurs de Carver nous fait entendre la façon dont
ils se débattent contre le sort, mais dans un film, tout cela doit donner lieu à de l’action, et non
à de l’introspection. L’effet de ce déplacement nécessaire est, par moments, de durcir et d’accélérer
ce qui était tendre et détourné chez Carver␣ », Robert ALTMAN et Frank BARHYDT, Short Cuts, p.␣ 18.
10
Daniel GROJNOWSKI, «␣ L’adaptation impossible␣ », Le genre de la nouvelle dans le monde francophone au
tournant du XXI e siècle. Actes du colloque de l’Année nouvelle à Louvain-la-Neuve, 26-28 avril 1994. Frasne :
Canevas ; Québec : L’instant même ; Echternach : Phi, 1995, p.␣ 242.
11
Qu’on pense par exemple au rôle prépondérant du téléphone dans le film.
12
«␣ Altman, le pâtisser de Carver␣ », Libération, 6␣ janvier 1994.
13
D’après Jean-Pierre COURSODON, cette fidélité est toute relative. «␣ Short Cuts – Carver in Altmanland␣ »,
Positif, janvier␣ 1994, p.␣ 22-27.
14 Paul FOURNEL, Les grosses rêveuses. Paris : Seuil, 1982, 192␣ p.