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La nouvelle de langue française, aux frontières des ... - L'esprit Livre

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RENÉ AUDET 389<br />

cours <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong>, une reconnaissance <strong>de</strong> la fiction narrative brève en recueils<br />

est effectivement possible (puisque, Senécal le mentionne, «␣ la critique n’a<br />

commenté que les œuvres publiées en volumes 7 ␣ ») ; cependant, cette reconnaissance<br />

apparaît négative : généralement, la critique ne manque pas <strong>de</strong> souligner le<br />

caractère composite <strong>de</strong>s recueils. Après 1965, ceux-ci accè<strong>de</strong>nt aussi à une reconnaissance<br />

(positive, cette fois). Le DOLQ, dans ses trois <strong>de</strong>rniers tomes, nous permet<br />

<strong>de</strong> constater la présence importante <strong>de</strong>s recueils <strong>de</strong> <strong>nouvelle</strong>s dans le panorama<br />

littéraire 8 . Plusieurs événements confirment leur essor : entre autres, mentionnons<br />

la fondation <strong>de</strong> L’instant même (maison d’édition qui n’a publié pendant<br />

dix ans que <strong>de</strong>s recueils) et la création du prix Adrienne-Choquette <strong>de</strong> la<br />

<strong>nouvelle</strong> (1980). Le recueil <strong>de</strong> <strong>nouvelle</strong>s, quasi inexistant ou mal reconnu avant<br />

1940, acquiert un statut relativement important dans la littérature québécoise<br />

contemporaine. Au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pério<strong>de</strong>s étudiées, il apparaît un compromis<br />

«␣ efficace␣ » pour diffuser et valoriser la fiction narrative brève, qui est désavantagée<br />

par son inadéquation avec son unité <strong>de</strong> publication ; cependant, la reconnaissance<br />

du recueil semble négative au début du siècle et positive <strong>de</strong>puis quelques<br />

dizaines d’années. Comment expliquer alors cette différence ? Une hypothèse<br />

est ici retenue : il apparaît impossible <strong>de</strong> soutenir l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> la forme<br />

«␣ recueil␣ » <strong>de</strong> 1920 et celle <strong>de</strong> 1980.<br />

LE RECUEIL : L’INDÉFINISSABLE<br />

Dans le contexte québécois, il <strong>de</strong>meure très ardu <strong>de</strong> proposer une définition<br />

générale, atemporelle du recueil <strong>de</strong> <strong>nouvelle</strong>s, sinon celle <strong>de</strong> la simple réunion <strong>de</strong><br />

textes narratifs dans un livre. Le recueil étant «␣ né␣ » au Québec vers 1880, cette<br />

pratique littéraire <strong>de</strong>meure relativement <strong>nouvelle</strong> pour les auteurs du début du<br />

siècle, alors que les écrivains contemporains ont expérimenté diverses possibilités<br />

<strong>de</strong> cette forme et la manipulent volontiers. Les conceptions liées au recueil et<br />

leur définition diffèrent nécessairement entre les <strong>de</strong>ux pério<strong>de</strong>s étudiées.<br />

Avant 1940, le recueil <strong>de</strong> fictions narratives brèves est avant tout un assemblage<br />

<strong>de</strong> textes pour la plupart déjà publiés dans <strong>de</strong>s journ<strong>aux</strong>, réunis par un<br />

souci minimal <strong>de</strong> cohésion que permettent le titre, un thème commun (<strong>de</strong>s coutumes<br />

anciennes, le régionalisme…) ou un événement précis (la Noël chez Louis<br />

Fréchette). Souvent simples regroupements, les recueils n’ont alors d’intérêt que<br />

par chacun <strong>de</strong>s textes et rassemblent indifféremment contes, récits, <strong>nouvelle</strong>s,<br />

histoires, anecdotes et légen<strong>de</strong>s. Les titres d’œuvres illustrent bien la possible<br />

diversité <strong>de</strong>s fictions rassemblées 9 : Premier péché. Recueil <strong>de</strong> <strong>nouvelle</strong>s et chroniques<br />

et d’une pièce <strong>de</strong> théâtre en 1 acte (Ma<strong>de</strong>leine, 1902), Sur la grand’route. Nouvelles,<br />

contes et croquis (Damase Potvin, 1927) et Cœurs et homme <strong>de</strong> cœur. Conférences,<br />

silhouettes, <strong>nouvelle</strong>s, poésies (Antonio Pelletier, 1903). Joseph-André Senécal signale<br />

bien l’intérêt <strong>de</strong>s auteurs non pour le recueil, mais pour le livre :

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