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La nouvelle de langue française, aux frontières des ... - L'esprit Livre

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PRATIQUES DU RECUEIL DE NOUVELLES, DES ORIGINES À 1996<br />

3. Le nouveau Décaméron <strong>de</strong>s jolies femmes (1859-1860) <strong>de</strong> M.␣ Constantin (1<br />

cadre – 1 jour – 8 textes) ;<br />

4. Le nouveau Décaméron (1884-1887 – 1 cadre – 10 jours – 100 textes – présidé<br />

par un «␣ roi␣ » ou une «␣ reine␣ » <strong>de</strong>s conteurs et <strong>de</strong>s «␣ écouteurs␣ »).<br />

Les nouvellistes du XIX e siècle, qui sont tous <strong>de</strong>s raconteurs d’histoires, croient<br />

décidément à l’efficacité <strong>de</strong> la mise en scène anecdotique du cadre puisque celuici<br />

est à l’origine, sans indication <strong>de</strong> référence à un modèle, d’une dizaine <strong>de</strong> recueils<br />

: Le caravansérail, ou Recueil <strong>de</strong> contes orient<strong>aux</strong> (1811) d’A. Sarrazin (avec<br />

cette intervention non dénuée d’humour : «␣ 12 contes <strong>de</strong> suite ! et l’auditoire ne<br />

s’est point endormi ! <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ra le lecteur␣ », I, p.␣ 21), Les veillées d’une captive<br />

(1818) <strong>de</strong> M lle ␣ Lhéritier, Les veillées <strong>de</strong> la chaumière (1823) et Les prisonniers contenant<br />

six <strong>nouvelle</strong>s (1824) <strong>de</strong> M me ␣ <strong>de</strong> Genlis, Les soirées <strong>de</strong> Walter Scott à Paris (1829)<br />

et Medianoches (1835) <strong>de</strong> P.␣ L. Jacob, Le foyer breton, contes et <strong>nouvelle</strong>s (1845) <strong>de</strong><br />

E.␣ Souvestre (avec cet ambitieux avant-propos : «␣ […] notre livre [pourrait <strong>de</strong>venir]<br />

Les mille et une nuits <strong>de</strong> la Bretagne␣ », p.␣ IV), Les mille et un fantômes (1849) <strong>de</strong><br />

Dumas, les Contes <strong>de</strong> la bécasse (1883) <strong>de</strong> Maupassant. Par contre, la seule fois où<br />

se décèle une référence à la tradition : Le Do<strong>de</strong>caton ou Le livre <strong>de</strong>s Douze (1837), le<br />

cadre est absent ! Comme <strong>aux</strong> XVII e et XVIII e siècles, les auteurs restent en <strong>de</strong>çà <strong>de</strong>s<br />

titres <strong>de</strong> référence : que l’on pense <strong>aux</strong> chiffres (Le nouveau Décaméron est, en fait,<br />

à partir d’un cadre <strong>de</strong>s plus artificiels, un florilège <strong>de</strong> textes d’auteurs à la mo<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> la fin du siècle parus antérieurement – «␣ D’où ce Décaméron écrit après le<br />

Décaméron parlé␣ », I, p.␣ 2), et l’on ne revient pas toujours en fin <strong>de</strong> volume au<br />

cadre initial. Tout se passe comme si les auteurs se satisfaisaient d’avoir repris<br />

l’idée du modèle 3 !<br />

Autant le XIX e siècle conçoit la <strong>nouvelle</strong> comme une histoire, autant le XX e<br />

siècle se tourne vers <strong>de</strong>s formes neuves, qui se définissent par le refus, plus ou<br />

moins avoué, <strong>de</strong> l’élément anecdotique : <strong>nouvelle</strong>-instant, <strong>nouvelle</strong>-<strong>nouvelle</strong>,<br />

<strong>nouvelle</strong> à la limite du récit, du poème en prose… On ne décèlera plus par conséquent<br />

la moindre référence à un Décaméron, à un Heptaméron, qui incarnent tant<br />

l’image, figée, <strong>de</strong> la démarche du nouvelliste-conteur 4 . Que les auteurs <strong>de</strong> <strong>nouvelle</strong>s<br />

policières ou <strong>de</strong> science-fiction, c’est-à-dire <strong>de</strong>s nouvellistes-conteurs, ne<br />

pensent pas à utiliser l’archétype établit qu’il n’est plus <strong>de</strong> mise (comme on en<br />

vient à rêver à ces titres attractifs qu’auraient pu être pour les uns Le Décaméron<br />

noir, pour les autres Le Décaméron <strong>de</strong> l’espace !). Néanmoins il paraît, perdus au<br />

milieu <strong>de</strong> tant <strong>de</strong> titres, un Octoméron, contes (1962), signé d’un Belge, O.␣ Legros<br />

(8 textes hors cadre), et un Septaméron, sept contes philosophiques (1989) <strong>de</strong> E.␣ Huant<br />

(<strong>de</strong>s textes à la limite <strong>de</strong> l’essai, rangés, hors cadre, d’un lundi : <strong>La</strong> fiancée du vent,<br />

ou Poème du refus <strong>de</strong> la grâce, à un dimanche : Pouvait-il en être autrement ? ou <strong>La</strong><br />

<strong>nouvelle</strong> tentation <strong>de</strong> Saint-Antoine 5 ). Et la tradition du cadre n’a pas complètement<br />

disparu, puisque quatorze recueils, dont certains signés <strong>de</strong> noms connus, reprennent<br />

la formule :<br />

– Les <strong>de</strong>rniers contes <strong>de</strong> Canterbury (1944) <strong>de</strong> J.␣ Ray (9 textes) ;

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