La nouvelle de langue française, aux frontières des ... - L'esprit Livre

CÉDRICK FAIRON 437
porain 18 , étude portant sur ce recueil, qu’il faut entendre, par économie des moyens,
une économie «␣ des moyens stylistiques, pas de la brièveté quantitative␣ ».
Or, le Bon usage ne manque pas d’associer la coordination à une certaine forme
d’économie : «␣ On pourrait soutenir que toutes les coordinations sont en réalité
des coordinations de phrases, mais que, par économie, on fait l’ellipse de tout ce
qui est commun aux deux phrases 19 ␣ ». Un paragraphe entier est d’ailleurs consacré
à ce problème : «␣ Coordination et économie 20 ␣».
Par ailleurs, l’adverbe anaphorique, établissant d’une manière analogue un lien
«␣ avec ce qui précède dans le discours␣ », semble offrir la même économie, c’est-àdire
«␣ l’ellipse de tout ce qui est commun aux deux phrases␣ » qu’il réunit. Il est
donc bien tentant de faire un rapprochement entre la notion d’économie dans la
nouvelle et les deux catégories grammaticales telles qu’elles viennent d’être définies.
Mais ce qui est valable pour un mot n’est pas systématiquement valable
pour toute la classe à laquelle il appartient. Nos enquêtes consacrées à l’étude des
mots de liaison (conjonction de coordination, de subordination et préposition)
ont établi que les écarts entre romans et nouvelles ne sont pas significatifs pour
les classes grammaticales. Ce qui ne remet cependant pas en cause notre hypothèse.
En effet, s’il existe vraiment des classes grammaticales «␣ de l’économie␣ », il
est tout à fait possible qu’un auteur fasse appel à certains éléments de cette classe
tout en négligeant les autres. Les calculs appliqués à l’ensemble de la classe ne se
révéleraient donc pas concluants.
Pour ce qui est des adverbes anaphoriques, il a été vérifié si d’autres formes
avaient une fréquence plus élevée dans les nouvelles 21 que dans les romans. Cette
recherche a porté sur une dizaine d’adverbes dits anaphoriques 22 . La fréquence
globale de ceux-ci dans les nouvelles est légèrement supérieure à ce qu’une répartition
aléatoire, c’est-à-dire indépendante de tout fait stylistique ou thématique,
aurait dû afficher. Mais la différence n’est pas suffisamment importante pour
pouvoir considérer cet écart comme significatif. Signalons tout de même que
alors et pourtant se distinguent en affichant une fréquence beaucoup plus importante
dans les nouvelles.
Il semble donc que les éléments mis en évidence dans l’approche de la spécificité
des textes du corpus sont de nature à justifier une enquête à plus large échelle
sur la question des anaphores et des coordinations dans les nouvelles. Il semble
également que cette notion doive être étudiée en parallèle avec la notion d’économie
dans les nouvelles.
LES FRÉQUENCES DES CLASSES DE MOTS GRAMMATICAUX
L’examen statistique de la répartition des mots grammaticaux n’a pas débouché
sur la mise en évidence de classes particulièrement «␣ représentatives␣ » du
genre de la nouvelle. Les phénomènes distinctifs susceptibles de départager romans
et nouvelles, repérés pour certaines formes, perdent généralement leur si-