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La nouvelle de langue française, aux frontières des ... - L'esprit Livre

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LUC BONENFANT 277<br />

prose avec le récit, attestée par l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s relations paradigmatiques et syntagmatiques<br />

entre poèmes en prose et poèmes en vers, serait confirmée par l’infléchissement<br />

fréquent du genre vers le conte ou la <strong>nouvelle</strong>, dont il se distingue alors difficilement<br />

25 .<br />

Pour Dominique Combe, la seule différence qui existerait entre le poème en<br />

prose et la <strong>nouvelle</strong> serait la longueur du texte, le poème en prose étant plus<br />

court. Dans la mesure où elle ne l’est pas lorsqu’il s’agit <strong>de</strong> différencier entre<br />

<strong>nouvelle</strong> et roman, la longueur ne semble pas plus un argument vali<strong>de</strong> lorsqu’il<br />

s’agit <strong>de</strong> la <strong>nouvelle</strong> et du poème en prose. Il n’y a qu’à rappeler ici l’exemple<br />

donné par Michel Lord d’une <strong>nouvelle</strong> <strong>de</strong> six lignes écrite par Au<strong>de</strong>, «␣ Jeux d’osselets<br />

26 ␣ », pour révoquer l’argument <strong>de</strong> Combe sur la longueur respective du poème<br />

en prose et <strong>de</strong> la <strong>nouvelle</strong>. Nous restons cependant convaincu qu’il existe <strong>de</strong>s<br />

différences entre le poème en prose et la <strong>nouvelle</strong>, qu’on ne peut intervertir le<br />

nom <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux genres sans problème. Du moins, c’est ce que tend à montrer<br />

l’exemple <strong>de</strong> «␣ L’ange <strong>de</strong> Dominique␣ ».<br />

«␣ L’ANGE DE DOMINIQUE␣»: ENJEUX NARRATIFS<br />

Si la diégèse <strong>de</strong> la <strong>nouvelle</strong> en constitue la partie poétique et pousse le critique<br />

à voir <strong>de</strong>s liens entre poésie et <strong>nouvelle</strong>, force est <strong>de</strong> constater cependant que la<br />

diégèse secon<strong>de</strong> du texte est le lieu d’investissement du récit, <strong>de</strong>s caractéristiques<br />

propres <strong>aux</strong> genres en prose 27 . Il serait inutile <strong>de</strong> faire un relevé systématique <strong>de</strong>s<br />

procédés narratifs qui ramènent ce texte parmi les genres en prose à proprement<br />

parler, mais nous nous arrêterons à trois en particulier : les dialogues, les <strong>de</strong>scriptions<br />

et les noms propres.<br />

En tant que tel, le dialogue n’est pas un procédé propre au genre narratif, il<br />

participe d’abord du genre dramatique et, <strong>de</strong> toute façon, le genre poétique l’emploie<br />

<strong>de</strong>puis longtemps. Ce n’est donc pas tant ici la forme du dialogue qui est<br />

intéressante que ce qui y est dit. Les dialogues comme les <strong>de</strong>scriptions <strong>de</strong> cette<br />

<strong>nouvelle</strong> – qui se trouvent par ailleurs tous au sein <strong>de</strong> la diégèse secon<strong>de</strong> – permettent<br />

au lecteur d’en apprendre plus, <strong>de</strong> lever le voile sur le mystère du texte et<br />

la condition <strong>de</strong> Dominique. C’est aussi la diégèse secon<strong>de</strong> qui nous apprend un<br />

détail technique que la diégèse ne révélait pas : Dominique est infirme et elle se<br />

meut en chaise roulante. Et les dialogues <strong>de</strong> cette diégèse secon<strong>de</strong> nous fourniront<br />

<strong>de</strong>s explications rationnelles quant au comportement mystérieux <strong>de</strong> Dominique<br />

:<br />

— Ta fille doit avoir un amoureux… Elle a l’air tellement dans la lune… […]<br />

— Dominique est mala<strong>de</strong> parce qu’elle lit trop. C’est pas bon pour la tête <strong>de</strong> trop<br />

lire… et elle lit trop parce qu’elle est infirme et ne peut bouger comme les autres…<br />

(AD, p.␣ 65 et␣ 74).

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