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La nouvelle de langue française, aux frontières des ... - L'esprit Livre

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LA PREMIÈRE ANTHOLOGIE EUROPÉENNE FRANCOPHONE DE LA NOUVELLE<br />

LA PREMIÈRE ANTHOLOGIE EUROPÉENNE<br />

FRANCOPHONE DE LA NOUVELLE (1578)<br />

«␣ [...] cette tant excellente & aimable ville <strong>de</strong> Louvain, nourrice <strong>de</strong>s bonnes sciences␣ »<br />

(Antoine Tyron, Recueil <strong>de</strong> plusieurs plaisantes <strong>nouvelle</strong>s…, Anvers, 1578, p.␣ 147).<br />

Faut-il vraiment se moquer <strong>de</strong> tous les pédants <strong>de</strong> collège ? Montaigne expliquait<br />

en partie les quolibets dont ils étaient l’objet par le fait qu’ils se comportaient<br />

en «␣ sçavante<strong>aux</strong>␣ », faisant para<strong>de</strong> <strong>de</strong> leur savoir et incapables d’en faire<br />

bon usage 1 . Si pertinent soit ce jugement, il ne saurait s’appliquer à Antoine Tyron,<br />

qui fut maître <strong>de</strong>s écoles <strong>française</strong>s d’Anvers au cours <strong>de</strong>s années 1560-1580. On<br />

lui doit la traduction, l’adaptation ou l’édition d’un grand nombre d’ouvrages<br />

importants, en particulier <strong>de</strong>s pièces <strong>de</strong> théâtre pour la jeunesse, <strong>de</strong>s romans et<br />

<strong>de</strong>s traités ; il a collaboré en outre pendant <strong>de</strong> longues années avec Christophe<br />

Plantin pour la publication <strong>de</strong> manuels scolaires 2 . Tyron se présente non pas<br />

comme un auteur, mais comme un vulgarisateur dont les préoccupations sont<br />

strictement pédagogiques. Dans ses épîtres dédicatoires, souvent adressées à <strong>de</strong>s<br />

jeunes gens parvenus au terme <strong>de</strong> leurs étu<strong>de</strong>s, il souligne toujours son intention,<br />

qu’il s’agisse d’érudition ou <strong>de</strong> divertissement, <strong>de</strong> travailler pour le «␣ proufit<br />

<strong>de</strong> la jeunesse␣ ».<br />

Dans l’ensemble <strong>de</strong> cette production, entièrement imprimée à Anvers, on voudrait<br />

distinguer ici un recueil <strong>de</strong> textes narratifs brefs que Tyron a traduit du<br />

néerlandais et publié en 1578 sous le titre <strong>de</strong> Recueil <strong>de</strong> plusieurs plaisantes <strong>nouvelle</strong>s,<br />

apophtegmes et récréations diverses. Ce n’est pas une édition inconnue, mais la<br />

rareté <strong>de</strong>s exemplaires est telle qu’on se contente généralement <strong>de</strong> la citer et <strong>de</strong><br />

ranger Tyron parmi les nouvellistes <strong>de</strong> la Renaissance 3 . Or l’examen <strong>de</strong> cette édition<br />

en révèle la double originalité. D’une part, c’est un ouvrage hétérogène,<br />

dont le contenu est lié à la transformation d’éditions antérieures ; il a donc une<br />

histoire, qui couvre toute la secon<strong>de</strong> moitié du XVI e siècle et qui est <strong>de</strong> nature à<br />

éclairer les modalités <strong>de</strong> constitution d’un recueil. D’autre part, c’est un ouvrage<br />

hétéroclite, regroupant <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> textes fort divers, <strong>de</strong> longueur variable, tantôt<br />

lestes et tantôt édifiants ; il invite à une réflexion sur la marginalité <strong>de</strong>s genres<br />

brefs, puisqu’on y voit aussi bien l’apophtegme se constituer en récit que le récit<br />

s’exténuer en un bon mot.<br />

L’histoire <strong>de</strong> ce Recueil trahit les audaces et les contraintes qui caractérisaient la<br />

vie anversoise si contrastée <strong>de</strong> l’époque. <strong>La</strong> première moitié du siècle, sous l’influence<br />

bourguignonne, avait été plutôt heureuse. Anvers formait à elle seule<br />

l’une <strong>de</strong>s dix-sept Provinces unies sous le regard <strong>de</strong> Charles Quint. Premier port

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